1 - Départ vers une nouvelle vie

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Ça fait maintenant 5 ans que je travaille en tant qu'hôtesse d'accueil dans une entreprise, qui clairement commence à me peser mentalement. Je pense à changer de vie, de partir loin de ma ville et reprendre mes études.
C'est ce que je compte faire. J'économise déjà depuis quelques mois, car oui, partir à l'étranger coûte cher entre le billet d'avion qui vaut une blinde, faire le passeport, faire sa demande de visa.... Bref ça me demande beaucoup de temps. Je suis épuisée... Mais je dois le faire, je dois réaliser mon rêve.
Depuis que je suis gamine je veux vivre loin de toute cette misère, je n'ai pas eu une enfance facile... Entre un père violent et une mère absente, je vous laisse imaginer.

Je me rappelle une fois, mon père dormait sur le canapé devant "Walker, Texas Ranger", la série passait sur TF1 le dimanche après-midi. C'était un rendez-vous familial pour les familles heureuse. J'avais 11 ans à l'époque et ça ne l'a pas empêché de me faire du mal, de me détruire, de gâcher toute mon enfance.

Nous venons de finir le repas du midi. Evidemment , c'est moi qui débarrasse la table. Comme d'habitude je suis la boniche de service.

Mon père s'allonge dans le canapé devant sa série et parvient à s'endormir quelques minutes plus tard. Il est tout le temps fatigué alors qu'il ne travaille même pas. Il ne fait de rien de ces journées à part regarder la télé et boire des bières... C'est peut-être dû à l'alcool. Mais bon, j'ai que 11 ans, je suis censée vivre ma petite vie de jeune fille...

Je débarrassais la table, d'abord le plat, les sauces, les boissons puis les couverts et les assiettes. Dans ma malchance, son assiette glissa de mes mains et tomba par terre. Brisé, en mille morceaux (comme mon âme).

- Putain Galina ! râla mon père

- Je suis désolée papa, je n'ai pas fait exprès elle m'a glissé des mains...

- Tu te fous de ma gueule ! Tu l'as fait exprès pour me réveiller et me faire chier ! Tu vas voir ce qu'il t'attends, dit-il avec colère. Je voyais ses yeux rouges de haine

Oui je sais ce qu'il m'attend... J'ai peur... Je commence à récupérer le balai et le ramasse poussière mais il commence à défaire sa ceinture de son pantalon et je reçois des coups dans le dos, dans les bras et même la figure.

- Voilà tu as tout ce que tu mérites, tu n'es qu'une merde, tu réussiras à rien dans la vie. Tu finiras comme ta mère !

J'ai mal... Très mal...

Après ce sursaut de mauvais souvenirs, je commence à avoir les larmes aux yeux. Finalement il avait peut-être raison. Je ne suis qu'une bonne à rien, je travaille dans une entreprise qui malmène ses propres employés. Ah oui, je travaille dans un hôtel dans le centre de ma ville. L'hôtel est en piteux état, les murs sont moisis, le sol arraché avec des tâches de toutes sortes (vomis, crachats, chewing-gum...). Pas une bonne réputation mais apparamment ça fait l'affaire pour certaines personnes, le soir on a pas mal de clients qui viennent réserver des chambres.

Beurk.
En même temps, c'est le seul hôtel de la ville.

Par chance, il n'y a personne la journée, j'ai le temps de faire les démarches pour partir loin d'ici. Depuis 3 mois ma lettre de démission est écrite, j'attends le bon moment pour mettre la date et la transmettre à mon conn*rd de patron. Il s'appelle Bernard et il a 43 ans. Il est petit, chauve et des kilos en trop. Il s'habille toujours avec le même jogging de couleur noir et il change son tee-shirt une fois par semaine.
Quand il vient me voir chaque jour pour me transmettre les instructions du jour, je prend peur. Il me fait penser à mon père... Mais je n'ai pas le choix de travailler chez lui.

- Galina, aujourd'hui tu restes à l'accueil comme d'habitude. Par contre, si je te vois encore une fois avec ton téléphone et ta paperasse de merde, tu seras privé de pause déjeuner. Est-ce que c'est clair ?
- Oui,c'est clair.

Je travaille 6 jours sur 7, je fais des horaires de malade et je suis sous payée pour ce que je fais... Mais bon je n'ai pas le choix. Je dois réunir le maximum de fonds pour partir.
Bernard m'a déjà privé plusieurs fois de mes pauses obligatoires pareil pour mon autre collègue qui s'occupe du "ménage" des chambres. Il s'appelle Louis, il a le même âge que moi et il est très sympa. Mais il se laisse faire comme moi.
On s'entend bien mais il reste un simple collègue pour moi. On s'est jamais vu en dehors du boulot. Il sort avec ses potes, qui viennent le chercher tout les soirs pour aller boire dans le bar de la ville. Ce n'est pas du tout mon genre. J'aime rester chez moi avec mon chat Rocket et regarder mes séries sur mon ordinateur. Je suis très casanière, j'ai mon petit confort.

4 mois plus tard, il est 15H30...

Mon téléphone se met à vibrer dans ma poche. Numéro inconnu...
Je suis au travail, je ne peux pas décrocher mais c'est peut-être important. Je me rends au WC et je décroche.

- Bonjour Madame Evans ?
- Oui ? répondis-je
- Je suis Mme Marshall de la faculté d'architecture John H Daniels de Toronto. J'ai reçu votre candidature pour intégrer notre nouvelle promotion de Master en architecture.
OMG ! Ca fait des mois que j'attends ce coup de fil, je commence à trembler, mon coeur bat la chamade.... Reste NATURELLE

- Oh bonjour Mme Marshall, je suis ravie de vous avoir au téléphone
- Ravie également, je vais faire très vite. Votre candidature nous intéresse beaucoup. Nous avons beaucoup aimé votre vidéo sur votre vision du métier, on a adoré votre décoration d'appartement ainsi que vos dessins. On aimerait vous voir en septembre. Cependant, aurez-vous les fonds suffisant pour payer les frais d'inscription ?
- Je me suis renseignée sur votre site internet, je travaille depuis des années pour payer les frais d'admission. J'ai posé ma candidature cette année car j'ai réussi à réunir la totalité de la somme.
- C'est une super nouvelle, ravie de l'apprendre, répondis Mme Marshall avec un sourire
- J'ai quand même une question. Je me suis renseignée pour mon visa, je suis sur liste d'attente depuis quelques mois et je n'ai aucune nouvelle... Comment je peux faire ? demandais-je
- Ne vous inquiétez pas Mlle Evans, on s'occupe de tout. J'accepte votre candidature, vous pouvez intégrer notre faculté dès le mois de septembre. Je vous invite à venir dès le mois d'août pour commencer à vous acclimater à notre pays. Toutes les instructions seront envoyées sur votre boîte mail. Au plaisir Mlle Evans.
- Merci beaucoup Mme Marshall, dis-je les larmes aux yeux, au plaisir.
Je raccroche le téléphone. Je pousse un cri, ENFIN ! Je peux enfin commencer ma nouvelle vie.
De suite, j'écris la date du jour, indiquant ma démission, qui prendra effet sous 1 mois suivant la date.

Jamais je n'oublierais la date. 23 juin 2007.




The unexpected storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant