13. De surprise en surprise

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Je le regardais. J'entendais ce qu'il me disait. Je comprenais même les mots qu'il prononçait. Mais en réalité, rien n'avait de sens et j'avais le sentiment de flotter dans une espèce de brouillard. Une multitude de questions se bousculaient dans ma tête. Où se trouvait cette maison et pourquoi m'y avait-il emmenée ? Qui donc étaient ses amis et de quoi faisais-je partie ? Était-il possible que j'aie pu dormir plusieurs jours sans me réveiller !? Je voyais bien qu'il attendait une réaction de ma part, quelle qu'elle fût, et sans doute devais-je dire quelque chose; mais en plus de ne pas savoir que répondre, ma bouche était dans l'incapacité d'émettre un son.

Je connaissais peut-être son nom, mais ce n'était pas pour autant que je savais qui il était et ce qu'il venait de me révéler ne faisait que semer le trouble dans mon esprit. Je pouvais lire sur son visage que mon désarroi ne le laissait pas indifférent et que son but n'avait jamais été de me perturber encore plus, pourtant c'était bien le cas. Il paraissait mal à l'aise et s'agitait sur sa chaise incapable vraisemblablement de dire autre chose ou de savoir comment se comporter vis-à-vis de moi à présent.

Nous n'eûmes, de toute manière, pas le loisir de reprendre la discussion, car la porte de la chambre s'ouvrit soudainement, me faisant sursauter et me lever d'un bond. Je vins percuter la chaise de Noah et manquai de justesse de m'étaler par terre avant qu'il ne me rattrape par la taille. Je frissonnai à son contact.

C'est alors qu'un homme passa la tête dans l'embrasure de la porte.

- Noah, il faut qu'on bouge !

Il ne s'était pas adressé à moi et ne m'avait jeté qu'un bref coup d'œil, puis était ressorti aussitôt. Cela avait suffi néanmoins pour que je sente Noah se crisper. Nous nous regardâmes alors que j'étais avachie contre lui et qu'il me tenait toujours.

- Tes vêtements sont là, dit-il d'une voix calme, comme s'il voulait adoucir le ton utilisé par l'autre homme. Habille-toi rapidement et rejoins-nous dans la pièce d'à côté... tout ira bien, tu verras.

Comme je ne réagissais pas, c'est lui qui finit par me lâcher et s'éloigner pour partir en direction de la sortie en se retournant une dernière fois pour me sourire avant de me laisser seule. Je restai un instant sans bouger, incapable de réfléchir, en fixant la porte derrière laquelle Noah venait de disparaître. Curieusement même si je ne le voyais plus, je percevais encore sa présence autour de moi.

Faisant un effort pour me recentrer, je dirigeai ensuite mon regard vers la chaise qu'il m'avait indiquée pour constater que mes habits y étaient déposés avec soin. J'allai les enfiler à la hâte, persuadée sans savoir pourquoi, qu'il était dans mon intérêt d'obéir. Je me déplaçai après quoi vers le miroir installé dans un des coins et face à mon reflet je lissai machinalement mes longs cheveux avec l'aide de mes doigts. Je cherchai dans la poche de mon pantalon un élastique et me les attachai. À mon grand étonnement, ce dernier me renvoya l'image d'une jeune femme étrangement belle et reposée. Mon visage serein était en contradiction totale avec les tourments qui se déroulaient dans ma tête et les battements à nouveau plus rapides de mon cœur.

Pendant une seconde, l'idée de m'enfuir m'effleura l'esprit, mais ne la pris pas en considération. J'avais le sentiment profond que je pouvais faire confiance à Noah, je l'avais en fait toujours senti et j'étais moi-même surprise par ce constat. Je pris ensuite mon courage à deux mains et me dirigeai vers la porte que j'entrouvris d'une main tremblante.

La clarté du jour s'engouffra aussitôt dans la chambre et m'éblouit un instant. Lorsque mes yeux se furent accoutumés, je fis un pas de plus en direction de la sortie et me retrouvai dans une vaste pièce. Je supposai qu'il devait s'agir d'un salon, car il était meublé de canapés plutôt imposants, disposés de sorte à faire face à une ancienne cheminée en pierre. Mon regard fit un rapide tour de l'endroit. De grandes peintures représentant des personnages d'une autre époque habillaient le haut des murs et plusieurs fenêtres laissaient entrer une lumière tamisée. Tout dans ce lieu me donnait à penser que j'avais été propulsée un siècle plus tôt! Plusieurs personnes étaient présentes et me regardaient. En plus de Noah, il y avait cet homme qui était venu nous interrompre quelques instants auparavant, mais aussi une jeune femme et un autre individu. Chacun m'examinait sans rien dire, une pointe de curiosité évidente dans le regard, sans hostilité. Étrangement, j'avais senti leur présence avant même l'ouverture de la porte. Je me sentis tranquillisée devant leurs attitudes, mais n'osai pas bouger pour autant, me contentant de passer en revue le visage de chacun. Je n'avais pas la moindre idée de qui ils étaient, ni du comportement que je devais adopter, encore moins de ce que je devais dire et je finis par baisser les yeux mal à l'aise. Aussitôt, Noah se dirigea vers moi et me prit la main comme si ce geste familier était habituel entre nous. Je fixais nos mains, surprise par ce contact, puis son regard où j'y lus quelque chose de rassurant. Je lui étais reconnaissante des efforts qu'il faisait pour me rassurer.

- Allons-y, dit-il en me regardant, mais s'adressant en réalité à tout le monde.


Tout a changé ce jour là!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant