Valentina Tome 1 : un monde nouveau

Chapitre 23 : Lorenzo

Quatre semaines avant l'attaque à lieuisolé

Une douleur lancinante me parcourt le flanc gauche, pendant que je contemple les étoiles sur mon perchoir préféré : le toit de notre maison de campagne, à Orbetello. Je repense à la punition que Père m'a fait endurer quelques minutes plus tôt quand une ombre attire mon attention au coin de la rue. Je me lèche les lèvres en espérant que ce soit mon repas, assez bête pour se balader seul et enivrer. Humant l'air en profondeur pour m'imprégner du doux parfum de cet être fortement débile, je me penche légèrement en avant.

– Hmmmm. De rose, de sel et de grappa. Me dis-je à moi-même.

Alors que ce délicieux repas essaye tant bien que mal de s'éloigner de la mer, je la suis à bonne distance pour qu'elle ne m'échappe pas. Une magnifique jeune femme brune là rejoint, ce qui m'arrête net. D'où je me tiens, j'arrive à distinguer sa copine, la blondinette alcooliser à la grappa tanguer de droite à gauche. Elle passe un bras sous les épaules de son amie tout en lui souriant et la soutien de son mieux. Alors que j'aperçois son profil gauche, un frisson parcourt l'entièreté de mon corps. C'est impossible, cela ne peut pas être elle, me dis-je en mon for intérieur. Je me suis éloigné d'elle autant que possible pour être sûr de ne pas la recroiser, pour ne plus voir son somptueux visage et pour ne plus être charmé par celui-ci et surtout pour qu'elle n'endure pas les sévices que mon géniteur avait en tête pour elle. La magnifique brune se tourne vers moi, ses yeux n'expriment que peur et angoisse.
— Valentina ? C'est toi ? Je lui demande en ignorant les trémolos dans ma voix.

Je m'avance doucement d'elle et plus mes pieds me rapprochent de cette jeune femme, plus un détail me reviens en mémoire. Ce ne peut pas être elle, Valentina ne marche plus... par ma faute.
La mienne ou celle de mon père ?
Ce souvenir me pince le cœur. Une fois à hauteur des filles, je m'aperçois de mon erreur, elle n'a rien à voir avec celle que j'aime, loin de là. Elle n'a pas ses splendides yeux noisette brillant, ses taches de rousseur sont inexistantes et il lui manquerait bien cinq ou six centimètres pour que la personne face à moi soit Valentina. Je m'excuse auprès d'elle, chose que je n'ai jamais fait et me propose de les accompagner à leur hôtel. Je pourrais me nourrir de l'une de ses touristes américaines, mais quelque chose m'en empêche. Sûrement sa ressemblance avec ma douce Valentina, me hurle ma petite voix intérieure. Une sensation glaciale me parcourt quand je sens mes deux frères aînés cachés dans la pénombre.

— Tu nous as rapporté le dîner ?
— Et, quel festin dit donc !
Tandis que Massimo hume celle qui est la plus alcoolisée, Mattia fait du charme à celle que je prenais pour ma bien-aimée. Je les déteste, ce sont deux brutes épaisses sans scrupules, Père leur a déjà demander d'être plus discret durant leurs repas, mais ils sont beaucoup trop têtus. Massimo et Mattia sont jumeaux et pourtant rien ne le laisserait l'imaginer. Alors que le premier est brun aux yeux d'un beau jaune aurore, le second est blond comme les blés et ses yeux sont d'une affreuse couleur banane. Mattia m'a toujours eu en horreur, il me hait davantage que notre petite sœur Alina chose que je pensais difficile. Il faut dire que la rancœur qu'il éprouve pour elle est valable...

— Hmmmmmm, de la grappa ! Je prends celle-ci, en espérant que l'alcool me monte un peu à la tête. Pouffe Mattia en désignant la blonde.
— Mattia, Massimo, m'avez-vous suivi ? J'exige le plus tranquillement possible pour ne pas paniquer les touristes.

— Père n'avait pas confiance en toi, il nous a demandé de te surveiller. En plus, il trouve que tu t'es ramolli frangin.

Massimo se dirige doucement vers la jeune femme brune qui, affolée, recule vers la ruelle sombre qui borde son hôtel. Chose à ne surtout pas faire, encore moins alors que Massimo est le chasseur... Cet homme adore quand sa proie se débat. Au moment où elle s'apprête à courir, mon frère se campe devant elle et lui sourit de toutes ses dents, laissant apparaître ses abominables canines crochues et plus longues que la normale, qui font la fierté de notre père.