Chapitre 1 - Survivants

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PDV - Aoi Kanzaki 

Je ne possède que très peu de souvenirs avant mes huit ans. Avant mon arrivée au sein du clan Kocho, le clan des Papillons. La nuit, je rêve parfois d'une vie où j'avais deux parents qui m'aimaient de tous leur cœur. Ils étaient médecins je crois, ils aidaient les gens de notre village à guérir. Je me souviens que je les aidaient même étant toute petite, j'accueillais les patients avec une veste blanche que ma maman m'avait cousu et j'étais toute fière. Parfois, mon papa me prenait sur ses genoux et m'autorisait à utiliser le stéthoscope pour entendre les battements de son cœur. Je me souviens de rire, de caresse et de tendresse. 

Et puis, je vois du sang. 

Beaucoup, beaucoup de sang, mes parents qui gisent au sol. Ma mère qui tend une main tremblante vers moi et derrière elle, une ombre menaçante, avec des crocs luisants et des yeux jaunes brillants comme les flammes de l'enfer. 

Et puis, plus rien. 

Mon dernier souvenir d'enfance avant mon intégration dans le clan est celui d'une odeur. L'odeur de fleurs de cerisiers, et puis des papillons, le clair de lune illuminant deux beautés diaphanes aux visages de poupée. La plus grande des deux beauté se penche vers moi. Elle a un sourire si doux, si beau qu'il me fascine. Elle tend doucement sa main vers moi, et son touché me fait l'effet d'un battement d'aile de papillons. Sa voix s'élève doucement et tintille tel le son d'une clochette. 

- Eh bien, eh bien (ara ara) ma pauvre petite puce, que t'est-il donc arrivé ? 

La voix de la jeune femme est si douce qu'elle m'hypnotise. J'entrecouvre la bouche et je vois son sourire se faner légèrement. Elle essuie quelque chose entre mes lèvres et retire sa main. Celle-ci est couverte de sang. Elle regarde sa main pendant de longue minute. La deuxième beauté se rapproche. Elle ressemble beaucoup à la plus grande jeune femme si ce n'est que son regard est plus dur, il me donne l'impression d'être transpercée par une flèche et je frissonne. 

- Nee-san, est-ce bien ce que je pense ? Est-ce que cette enfant est un démon ? Demande la jeune fille au regard dur 

- Eh bien, eh bien (ara ara) je n'en suis pas certaine. Elle me semble bien humaine mais ... il faudra faire analyser ceci au laboratoire. Répond la plus grande des deux beautés. En montrant ce le petit bout de chair qu'elle tient dans sa main et qu'elle vient d'extraire de ma bouche. 

En observant le geste de sa sœur, la plus jeune fille se tend immédiatement et son regard perçant se fait de plus en plus accusateur. 

- Nee-san ! S'il y a un doute, je suis contre l'idée de ramener cet enfant à la demeure des papillons. Elle pourrait s'en prendre aux autres patients ... ou pire. 

- Eh bien, eh bien (ara ara) je t'ai déjà dit de faire preuve d'un peu plus de compassion, Shino-chan réplique l'aînée des deux sœurs. Cette petite puce est en état de choc, tu le vois bien. Et pour le moment, jusqu'à preuve du contraire, c'est une innocente, une victime des démons. Il est de notre devoir de prendre soin d'elle et de la recueillir. Nous avons prêté serment chère sœur. 

La jeune sœur pousse un soupir exaspéré. Puis elle tourne le dos et semble sortir de la demeure pour aller donner des ordres aux personnes alentours. La plus grande des sœurs reste près de moi. Elle me tend à nouveau la main. 

- Petite puce, que dirais tu de venir avec moi ? Me demande t-elle avec un sourire si doux et bienveillant qu'il m'est incapable de lui résister. 

Après quelques minutes d'hésitation, je tends une main tremblante couverte de sang, en direction de l'immense beauté diaphane au regard d'améthyste. La jeune femme saisit ma petite main et d'un geste fluide, me tire à elle pour me prendre dans ses bras. Tout mon corps se met à trembler et des larmes coulent le long de mon visage. Un son étouffé sort de ma gorge meurtri. 

Folie bestialeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant