Chapitre 1 « J'initiais ton doudou à la boxe »

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Un écouteur dans mon oreille droite, j'écoutais un extrait d'une musique que Piper tenait absolument à me faire découvrir. Elle balançait ses cheveux de gauche à droite au rythme de la musique, ne se préoccupant pas du regard des autres. Avec ses cheveux bruns bougeant dans tous les sens et ses yeux kaléidoscopes fermés, elle paraissait sereine et heureuse. Mais je savais bien qu'il ne s'agissait que d'une façade qu'elle s'efforçait de montrer lorsque nous étions en public. Au fond d'elle, un bout de son âme était si brisé que je doutais qu'elle ne parvienne à surpasser tout cela un jour.

« Alors, tu en dis quoi ? » Me demanda-t-elle à la fin du morceau.

« J'aime bien. »

« Je le savais ! » S'écria-t-elle un peu trop fort car plusieurs visages se tournèrent vers nous.

Elle ne sembla pas s'en apercevoir et commença à me raconter en détail la carrière du chanteur qui était l'un de ses préférés du moment. L'entendre parler avec tant de passion dans la voix me réchauffa le cœur et j'eus pendant quelques minutes l'impression que tout allait bien.

« Annabeth, tout va bien ? On dirait que tu es...ailleurs. » Elle paraissait réellement inquiète.

Je lui offris mon plus beau sourire et la rassurai. « T'inquiète Pip's. »

Elle m'avait fait promettre de ne pas en parler pendant la durée des vacances afin de profiter de chaque moment. J'avais accepté, mais je m'inquiétais pour elle. Le retour à la réalité serait très dur, mais je resterais à ses côtés.

Pendant le reste du trajet, elle me fit écouter d'autres musiques et on se mit d'accord sur les activités que l'on voulait absolument faire. Quand notre car arriva à destination, nous nous étions mises d'accord pour la majorité des activités de la première semaine. Impatiente de s'installer, Piper me poussa presque hors de mon siège pour récupérer ses bagages et sortit du véhicule. Je ne pus m'empêcher de rire face à son attitude puérile et la rejoignis sur la pelouse quelques minutes plus tard.

« Bienvenue à la Colonie des Sang-mêlé ! », dit un petit homme gros bedonnant au nez rouge vêtu d'un t-shirt avec des imprimés de panthère d'un air faussement réjoui. « Je suis Monsieur D, le directeur de la colonie. Alors les mômes, extinction des feux à vingt-trois heures tapante. Si j'entends un seul bruit ou que je vous voie dehors après cette heure-là, c'est corvée de vaisselle pendant une semaine. Compris ? » Tous les nouveaux pensionnaires hochèrent la tête. « Bien. On ne crie pas près de la grande maison bleue, c'est là que je loge, et on évite de pleurer. Je déteste ça. Si vous avez des questions, faites comme si je n'existais pas. » Il était déjà en train de partir lorsqu'il ajouta « Et on ne s'embrasse pas en public ! Mes yeux souffrent de ce surplus de niaiserie. »

Je lançai un regard éberlué à Piper. « Si tout le monde est comme lui, ça promet. »

Elle ouvrit la bouche pour me répondre, mais un homme d'une cinquantaine d'années ayant une moustache et des cheveux gris, étant en chaise roulante et portant une chemise, un pantalon en toile et des mocassins, lui coupa la parole.

« Veuillez l'excuser, il n'est pas là de bonté de cœur comme vous l'aurez sûrement deviné. Je m'appelle Chiron et je suis le directeur des activités de la colonie. Si vous avez la moindre question, je suis toujours disposé à vous répondre. Vous me trouverez soit sur la terrasse de la grande maison, soit aux leçons de tir à l'arc ou lors des activités collectives si vous avez besoin de moi. Je vous aurais bien fait visiter, mais je pense que vous préfèreriez rejoindre vos bungalows sans attendre. » Un petit rire collectif s'éleva et quelques adolescents lui donnèrent raison. « La liste des répartitions se trouve sur la porte de l'infirmerie. Nous avons essayé de vous répartir par âge et les filles et les garçons sont bien entendu séparés. » Il marqua une pause. « Je pense vous avoir assez embêtés avec mon long discours. » Certains pensionnaires commençaient déjà à s'en aller quand il les rattrapa. « Une dernière chose : le repas du soir est à dix-neuf heures et est annoncé par le son d'une conque. »

La Colonie des Sang-mêlé - Percabeth (AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant