Je suis seule, recroquevillée sur le sol de ma chambre, les mains collées à mes genoux qui, eux sont égratignés et saignent. Des larmes salées viennent glisser sur mes joues et une envie de disparaître me hante.
Je pense à tout ce qu'il s'est passé, tout ce que j'ai vécu, tout ce que je vis. Je me remémore d'anciens et douloureux souvenirs, comme pour me faire plus mal. Je me force à pleurer et je n'ai qu'une envie : hurler ma souffrance.
Derrière cette porte rouge, que je retrouve tous les jours en ouvrant les yeux et qu'aucun de mes proches ne vient plus franchir, certaines personnes vivent des choses bien pires je n'en doute pas. Mais d'autres sont heureuses.
Certaines personnes ont un espoir, une chance, une sorte de motivation à aller mieux, moi je n'ai rien. Je n'ai rien, à part un énorme trou dans le cœur et des cicatrices sur les genoux.
Je me demande si ces gens la le savent, s'ils savent la chance qu'ils ont. Je me demande s'ils se rendent compte que moi, moi, je sais qu'ils ont de la chance.
C'est vrai après tout, ils ne font que s'agiter, courir à droite à gauche, ils ne font que se plaindre et dire qu'ils n'ont rien. Mais ils ont tout.
Ils ont tout pour vivre et pour être heureux.
Quand bien même il leur manquerait quelque chose, un objet peut être, d'une futilité extrême, ils auraient quelqu'un pour les retrouver chez eux ou ailleurs. Quelqu'un sur qui compter, quelqu'un qui leur sourirait et qui leur offrirait de l'amour. La chose la plus importante au monde.
Parfois je me dis que je pourrais refaire partie de ces gens, que je pourrais me ressaisir et me reprendre en main, après tout, tout le monde le peut. Mais je me remémore des souvenirs et mon caractère pessimiste, parfois auto-destructif vient reprendre le dessus pour effacer l'onde de courage qui m'a traversé l'esprit.
Parfois je me dis que peut être, je ne suis pas comme tout le monde. Je me dis qu'en fin de compte, je ne suis pas normale mais affreuse. Quand cela arrive, je ferme les yeux et des perles viennent mouiller mon visage pour ensuite tomber au sol.
Puis la porte rouge vient s'ouvrir, pas pour me consoler, pas pour me parler ou pour me procurer une chaleur humaine, non, pour venir me donner des médicaments et m'aider à retrouver mon lit, à retrouver une "vie normale".
Mais qu'est ce qu'une vie normale, qu'est ce qu'une vie sans toi si ce n'est l'enfer ?
J'ai l'impression de déranger, d'être un poids, une corvée.. Ils croient m'aider mais au contraire, ils me tuent.
Car oui, cela me tue de les voir m'offrir un sourire triste et forcé lorsqu'ils me portent, cela me blesse de les voir se creuser la tête puis regarder leur calepin pour pouvoir dire mon prénom, cela me blesse encore plus de les voir sortir de la chambre avec cet air soulagé.
Je sais que je ne suis pas, ou peut être plus quelqu'un qui attire la sympathie ni l'envie de discuter, je sais que je mérite tout ça, mais c'est plus fort que moi.
Je retourne alors au sol et je gratte mes genoux, je les gratte jusqu'à ne plus sentir la douleur, je les gratte comme pour me punir.
Aujourd'hui je vois la porte s'ouvrir à nouveau. Cette porte rouge dont la poignée est tournée seulement trois fois par jour : matin, midi, soir. Tiens, c'est la quatrième fois aujourd'hui.
Je ferme les yeux, je ne veux pas voir encore ce médecin qui a sûrement oublié son stylo ou son carnet. J'entends alors un souffle près de moi et d'une voix que je trouve sévère mais aimante, on me gronde.
Mes yeux toujours clos, il se présente à moi comme mon nouveau médecin et m'ordonne de me ressaisir. Il ne me racontes pas le baratin habituel, concernant ma santé ou ma dépression, il ne me dit pas ce que je sais déjà.
Il m'offre des rêves et de l'espoir. Il m'encourage. Il m'aime.
Il m'explique que je ne peux pas être dans un tel état à cause d'un amour brisé, à cause d'un amoureux mort.
Il m'explique que l'amour , l'amour ne procure pas ce genre de sentiments, qu'au lieu de me remémorer les mauvais souvenirs, je dois me rappeler les jours heureux. Je ne dois pas repenser aux disputes mais aux réconciliations, aux rires, aux joies et aux cris de bonheur.
A nouveau les larmes coulent et je le sens, il les essuie de ses longs et fins doigts. Il m'offre une étreinte. Je ne parle toujours pas mais j'ose enfin ouvrir les yeux, et je te vois. J'ai l'impression de rêver, mais je ne dis rien. J'ai peur de prononcer ton prénom ou une simple syllabe qui te ferait disparaître. A nouveau.
T'ai je finalement rejoint ? Suis-je morte moi aussi ?
J'ai peur d'être devenue folle au point de pouvoir te sentir, te toucher et te voir.
Tu t'approches de moi et tu me consoles, tu me dis que je ne dois pas culpabiliser. Que je n'ai pas à m'en vouloir, que ça n'est pas ma faute si je suis encore vivante et pas toi. Tu me dis que je ne dois pas en vouloir au monde entier de t'oublier et que je ne dois pas détester celui qui a causé cet accident.
Tu me demande de vivre, et moi je te demande de rester. Tu me caresses la joue, tendrement, tandis que je referme les yeux et que nos lèvres s'effleurent pour une unique et dernière fois.
Quand je ne ressens plus ce doux et furtif contact, j'ouvre les yeux mais tu n'es plus là. Pourtant, je peux voir que la porte rouge est toujours entre-ouverte et tes paroles ainsi que ta douce voix toujours gravées en moi.
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Voilà, c'est une idée qui m'est passée par la tête même si je pense que ça n'est pas très originale et que c'est beaucoup exploité. En tout cas ça change de mes deux autres One shot !
J'aimerai beaucoup vos avis !>< Manifestez vous ! xD Même si vous ne lisez pas, un simple vote pour me dire que vous avez (peut être?) apprécié me ferait énormément plaisir :)
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Alone
Short StoryUne porte rouge, une fille triste, des souvenirs qui rongent.. [One Shot] - {Terminé}