Ça fait maintenant deux ans que je ne l'ai pas vu. Deux ans à respecter son choix de ne plus vouloir me voir. Choix tout à fait sensé après ce qu'il s'est passé. J'aurais aimé avoir le temps de lui expliquer. Que tout ce que j'ai fait, était pour la protéger, lui permettre de ne pas vivre dans cet enfer, mais je sais que ce ne serait pas une assez bonne explication pour justifier cette douleur. Donc à cause de ma bêtise et d'arrangements stupides, je me retrouves séparé d'elle depuis deux longues années. Obligé de supporter Cordélia chaque jour, bien que nous ne soyons pas encore mariés. Nous sommes, malheureusement toujours fiancés mais je n'ai pas eu à lui passer la bague au doigt pour l'instant. Mais je risques de ne plus pouvoir y échapper très longtemps à cause de Père et Mère qui deviennent de plus en plus insistants. C'est pourquoi j'ai profité d'un court moment de répit pour fuir. Fuir là où j'ai grandi. Et je sais qu'il ne faudra pas longtemps avant que l'on ne me retrouve, mais je veux juste la voir une fois. Même si elle est avec un autre homme, juste la voir heureuse, vivre sa vie pleinement. Mais avant de la voir, il faut que je passe voir mes parents adoptifs, qui méritent d'avoir une visite, même si l'on s'appelle régulièrement. J'ai beau avoir trouvé mes véritables parents, je reste très attaché à Marie et Christophe qui m'ont élevé comme leur fils. Devant la porte, je demande à mon garde de rester dehors, le temps que je vois ma famille. À peine ai-je toqué que Marie m'ouvre. Un sourire m'échappa.
- Tu n'as toujours pas perdu cette habitude dis-moi !
Une expression de choc s'imprima doucement sur son visage, puis un grand sourire prit le relais.
- Oh que c'est bon de te voir Théo !, s'exclama-t-elle, en se jetant dans mes bras pour une étreinte.
Je lui rendis son étreinte avec force. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas apprécié ce genre de moment. On se sépara finalement lorsque Christophe arriva près de la porte. Il avait dû entendre sa femme crier mon prénom. Avant que j'ai pu dire un mot, il m'entraîna à son tour dans une embrassade chaleureuse. J'aurais tant aimé qu'ils soient mes véritables parents.
- Tu en as mis du temps avant de venir nous voir !, me taquina mon père adoptif.
- J'ai été très occupé durant les deux dernières années, désolé.
Le visage de Marie se ferma d'un coup. Et tout à coup, elle me frappa sur l'épaule.
- Pourquoi tu es fiancé à une autre femme qu'Iris ? Après toutes ces années à l'aimer tu as tourné la page en quelques jours ?
Je ne répondis pas, et la réponse dû se lire sur mon visage. Je n'avais absolument pas tourné la page. Mais j'espérais au fond de moi, qu'elle l'avait fait.
- Comment va-t-elle ?, ne pus-je m'empêcher de demander.
- Elle vit toujours avec son père et elle l'aide toujours autant même si avec les...., commença Christophe avant que Marie ne l'interrompes d'un coup de coude.
- Tu devrais peut être te rendre chez eux pour lui rendre visite.
- Bonne idée ! Iris ne bouges jamais de chez elle à cette heure, confirma mon père adoptif.
Je notais cette information dans un coin de ma tête avant de répondre.
- Je verrais tout à l'heure si j'ai le temps.
- Ça lui ferrait plaisir de te voir, dit Marie avec un grand sourire. Mais pour l'instant tu es tout à nous. Entre boire quelque chose.
Et durant les deux heures qui suivirent nous parlâmes de tout ce qui nous était arrivé ces deux dernières années. Les joies, les peines comme les petits moments simples. J'appris notamment que durant une de ses nombreuses absences, Aurore était venue leur rendre visite, et que cela leur avait fait très plaisir. Malheureusement, il fut bientôt le temps pour moi de partir. J'avais vu le soleil descendre tout doucement et il me restait encore une toute dernière chose à faire ici avant de rentrer à la capitale. Je pris Marie et Christophe dans mes bras au moment de partir et ma mère adoptive en profita pour me chuchoter.
- Va la voir et excuse toi je suis sûre que ça va s'arranger.
Je lui lançais un regard surpris, et elle un grand sourire. Mon majordome gara la voiture à cet instant, si bien que je ne pus lui demander comment elle avait deviné.
- Où Monsieur ?, demanda-t-il, une fois que je me fus installé.
- À la cordonnerie Marchand.
Et j'eus le droit à un regard amusé de l'homme avant qu'il ne se mette à conduire. Durant le trajet une angoisse sans nom commençait à réapparaître, angoisse que mes parents adoptifs avaient dissipé avec leur présence. Et des questions futiles traversèrent mon esprit. Si elle avait déménagé ? Si elle était toujours ? Si elle était en couple ? Si elle avait des enfants ?.. Questions qui furent balayées par notre arrivée devant ce petit magasin et la maison adjacente que je connaissais aussi bien que celle que je venais de quitter. La porte écaillée par les années, le petit chemin qui y menait, sans parler de la baie vitrée, actuellement masquée par un rideau opaque. Je sortis en tremblant de la voiture, puis remontait cette allée donc j'avais tant rêvée depuis deux ans. Devant la porte, j'eus un temps d'hésitation. Mais mon envie de la voir prit le dessus et je frappais trois fois. Aussitôt, un joyeux bazar s'éleva derrière la porte. Plusieurs voix s'exprimèrent, donc plusieurs qui semblaient appartenir à...des enfants ? Mon coeur se serra à cette pensée. Et soudain, la porte s'ouvrit...sur rien. Je fronçais les sourcils quand une voix attira mon regard vers le sol.
- Qui êtes-vous ?
En face de moi, se trouvait un petit garçon d'environ deux ans aux cheveux blonds comme les blés et aux yeux verts émeraude. Je restais bouche bée. J'avais raison..elle a refait sa vie...Puis soudain, un détail me sauta au visage quand je agenouillais devant lui.
- Je m'appelle Théo et je suis un ami de ta maman.
J'accompagnais ma phrase d'un sourire. Aussitôt, un sourire éclaira son petit visage aux joues rebondies.
- Moi je m'appelle Thomas ! Et j'ai un an et demi !
- Tu es un grand garçon Thomas dis moi ! Est-ce que tu sais si ta maman est là ?, demandais-je en continuant de sourire.
Le petit hocha la tête et au même moment, une voix familière s'éleva.
- Thomas ? Tu es encore allé ouvrir la porte ? Je t'ai déjà dit de ne pas ouvrir aux..., commença-t-elle.
Et c'est là qu'elle apparut dans mon champ de vision. Aussi belle que deux ans auparavant, sinon plus car la maternité avait adouci ses courbes. La seule chose qui n'avait rien de doux était ses yeux marrons qui me lançaient des éclairs. Je me relevais doucement et la contemplait.
- Bonjour Iris, ça fait longtemps.
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Le Prince Sans Couronne
AdventureLa France est une monarchie. La Vème République n'a jamais vu le jour. Pourtant, personne n'a jamais vu les princes et princesses du royaume. Le roi et la reine sont visibles, mais aucune trace des enfants. Iris, la fille d'un cordonnier, vient de...