Dr J. Stevens FACE aux GARDIENS [ShortList Watty22... ss Edition] (Partie 2)

Chapitre 46 : « Eli, Eli, lema sabactani » (époque : 2022) (4/4)

Une inscription au-dessus de la porte de la cave provoque à Hart Bietez un profond cynisme :

« Tout bon arbre produit de beaux fruits. »

« Que va-t-il se passer maintenant ? » questionne J. Stevens depuis ses mémoires.

« Faîtes ainsi, cher Jonathan, creusez en vous selon ce conseil : mes pensées doivent m'indiquer où j'en suis, non pas me révéler où je vais... » souffle W. Andrews dans le Néant.

« Vous ne m'aiderez donc pas lors de ma quête finale ? »

« J'aime l'ignorance de l'avenir et ne veux succomber à l'impatience ni à la saveur anticipée des choses promises. » lui répond toujours dans ses souvenirs cet autre Docteur des détentions secrètes.

Au centre de la cave poussiéreuse et cendreuse, Jack Sallow est traversé de violentes sensations venues du passé. Celles-là même qui sont les plus difficiles à taire, encore plus à cesser. Nulle barrière n'existe réellement contre ce type de marée haute de l'esprit.

Il étouffe sous une chaleur qu'il ne connaît pas, la cave lui ayant toujours donné l'impression d'un interminable hiver. Comment se fait-il que le froid, la pluie et les larmes aient ainsi laissé place à un climat émotionnel si brûlant ?

Il se retourne en entendant les bruits de pas du vieil homme qui vient d'apparaitre derrière lui l'arme à la main.

- De quoi vous protègent tant vos Gardiennes, Jess ?

- Ne m'appelez pas... ne m'appelez... s'éteint l'individu pour laisser son esprit se réveiller. Il considère largement le vieil homme, en fronçant les sourcils, cherchant profondément sous la poussière des plus infimes recoins de sa mémoire.

- Pro... Professeur ? se brise sa voix infantile.

- Enfin, vous me reconnaissez... sourit H. Bietez en repositionnant ses lunettes.

- Nous... Nous avons... déjà parlé de tout cela ? cherche-t-il en lui-même en posant son regard dans le vide.

- Tellement de fois, avec tant de monde en vous... précise l'homme en s'asseyant sur les marches.

- Professeur, que se passe-t-il ? demande l'enfant dans un corps d'adulte. Que faîtes-vous ici, depuis tout ce temps ?

- J'ai tenté, comme j'ai pu et selon mes possibilités, de tenir ma promesse à la Famille en prenant soin de vous.

Il ramène ses cheveux blancs allongés derrière les oreilles en enlevant ses lunettes.

- Hélas, souffle-t-il, vous soutenir durant toutes ces années revenait aussi à accepter que le contrôle lui-même puisse se retourner contre nous-mêmes.

Son sourire s'efface, laissant apparaitre sur son visage une première apparence de sincérité.

- Il nous a fallu beaucoup d'efforts, vous le premier, afin de maintenir une certaine maitrise sur les événements pour vous conduire le moment voulu à lui, au Docteur.

- Je ne vous suis pas... se tourne-t-il vers l'homme sur les marches en reculant jusqu'à atteindre le mur du fond.

- Nous ne faisons que cela pourtant, suivre... suivre le courant de l'Histoire. Vous, le Docteur du Docteur d'une certaine manière, dont chaque part de votre misérable histoire aurait pu mettre en péril la si grande Histoire.

Les mains contre le mur ressentent sur les extrémités des doigts l'humidité et la moisissure des lieux. Si cela en dégouterait plus d'un, ce n'est ici pas le cas. La sensation est vécue avec curiosité, accompagnée de lointains souvenirs à débusquer.