Devil is not a man

Chapitre 65 : Rencontre officielle

Point de vue Lilith

Arizona, 15h52, Institut psychiatrique Hope

Je ne sais pas pourquoi je stresse comme ça.
À vrai dire, je ne sais même pas pourquoi nous sommes ici, j'ai pris cette décision sur un coup de tête et je n'aurais pas dû.
Comme si Cléa avait envie de me voir...

Le petit directeur nous demande de le suivre jusqu'au jardin. La main d'Adam est posée sur le bas de mon dos pendant que nous marchons dans les couloirs silencieux.

Il pousse une grande porte et la lumière de l'après-midi nous assaille.
Le jardin de l'institut est assez simple, il y a beaucoup d'arbres et de jolies fleurs blanches, ainsi qu'une succession de petits bancs en pierres blanches.

Des gens habillés tout en blanc sont répartis un peu partout dans l'espace fleuri.
Parmi les résidents de l'institut, il y a une personne un peu à l'écart, assise sur un banc, qui lit un livre.

Elle porte une robe jaune pastel, très élégante, comme d'habitude.
Le directeur nous dit qu'il reste disponible pour tout renseignement avant de nous laisser.

Peut-être qu'il dit autre chose après ça, mais je n'écoute plus.
Je regarde Cléa, qui lit paisiblement son livre comme si sa vie n'avait pas été brisée par un homme détraqué. Ça m'apaise un peu, parce que finalement, elle ne va pas aussi mal que ce que je pensais.

La petite brise qui dérange le calme du jardin vient doucement caresser son carré de cheveux noirs. Je me rends compte seulement à ce moment à quelle point elle m'avait manqué.

J'avance à pas lents vers elle, mais la chaleur de la main d'Adam qui disparaît du bas de mon dos me fait m'arrêter automatiquement.

Quand je le regarde, un grand sourire est dessiné sur son visage, il m'explique en replaçant doucement une de mes mèches derrières mon oreille :

- Je te laisse aller lui parler, prends tout le temps dont tu auras besoin, on n'est pas pressé.

Je n'ai pas le temps de répondre, qu'il dépose un rapide baiser sur mes lèvres avant de partir dans la direction opposée.

Je le remercie intérieurement en m'approchant de ma sœur.

- Bonjour Cléa. dis-je en m'arrêtant devant son banc.

Elle ne me répond pas tout de suite, donc j'attends.
Quand elle finit sa page, elle ferme délicatement le livre en le posant tout aussi doucement sur ses genoux avant de lever les yeux vers moi.

Elle a exactement les même yeux que notre père, de la couleur d'une ambre.
La seule différence avec ceux de mon père, c'est le manque de sentiments qu'ils dégagent.
Dans les yeux de mon père brillait de la bienveillance, alors que dans ceux de ma sœur je ne vois pratiquement rien.

Je l'envie d'ailleurs, moi j'ai hérité des yeux noirs et froids de ma mère.
J'aurais aimé ressembler plus à mon père.

- Bonjour Lilith. répond-t-elle.

Sa voix est calme et monocorde.
Je m'assois à côté d'elle sur le banc et j'attends. J'attends que, pour une fois, elle fasse le premier pas.

- Tu n'es pas venue seule. remarque-t-elle au bout d'un certain temps.

Je cherche Adam du regard, le trouve quelques mètres plus loin en grande discussion avec un autre patient.
Je réponds en souriant :

- Non, en effet.