Chapitre 20 : si j'étais plus fort

439 81 44
                                    

Tout est vide dans l'esprit de Katsuki lorsqu'ils sortent du grand établissement sans âme. La structure dans son dos est cubique et entièrement blanche. Sa géométrie presque parfaite délivre une certaine sensation de malaise alors que tout paraît trop blanc et aseptisé. Il a toujours détesté venir ici.

Katsuki descend les marches sans vraiment les remarquer.

Il savait que c'est ce qui allait subvenir. C'était couru d'avance. Le médecin avait été très clair quant à ses chances. Pourtant, plus que la déception, c'est l'amertume qui a pris place dans sa poitrine.

Tout est allé à la fois très vite et très lentement dans la petite salle d'auscultation. Pourtant, avant même d'entrer, c'est presque comme si Katsuki savait déjà ce qui allait se passer. Une fois assis, le blond est resté immobile, comme détaché de son corps, se contentant d'écouter la voix lointaine du médecin de service. Comme si l'homme était caché derrière une vitre. Çà et là, les affiches colorées mettant en garde contre la surutilisation des médicaments étaient comme un rappel ironique de sa propre situation.

Katsuki a envie de se lacérer la poitrine avec ses ongles et ses dents, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de lui. Jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un amas de chair sans vie.

Peut-être est-ce cela qui est le plus douloureux. Connaître le responsable direct de ses malheurs et ne même plus pouvoir se regarder dans une glace tant cela fait mal.

Tout est de sa faute.

- Katsuki.

Il a bousillé ses rêves d'enfants. Les a détruit et annihilé sans même leur donner une chance.

Peut-être que c'est ce qu'il méritait ? Il n'a toujours été qu'un bon à rien, comme sa mère disait de son père. Il n'est même pas fichu de prendre soin de lui. Et tout ça pour quoi ? Pour un emprunt irremboursable ?

Pourquoi s'est-il infligé cela ? Par fierté ?

Tout ceci n'était qu'un rêve inatteignable de plus, le fantasme éphémère d'une vie meilleure.

- Hé !

Une poigne forte sur son bras le tire en arrière. Le pied presque encore en l'air, Katsuki recule alors qu'une voiture est en train de passer devant lui. Le conducteur leur offre à peine un regard en coin alors qu'il est déjà en train de s'avancer dans l'allée centrale pour quitter les lieux.

Le crâne lourd, l'Oméga tourne doucement la nuque. Il avise son colocataire qui continue de le tenir avec détermination. On pourrait presque croire, à la façon dont Eijiro le détaille des yeux, que Katsuki allait tout droit vers sa mort.

Il n'en est rien pourtant, alors que Katsuki peut encore entendre le cognement lourd de son cœur. Ce dernier n'a pas l'air décidé à s'arrêter pour le moment, contrairement à son propriétaire.

- Katsuki, tu ne dis rien depuis tout à l'heure.

L'Oméga reste muet. Il n'y a rien à dire. Tout est déjà acté.

Que veut-il qu'il fasse ? Qu'il lui répète en boucle les mêmes paroles ? Katsuki n'a pas d'autres informations à lui sortir que ce qu'il lui a déjà dit. Rien de plus que les mots prononcés par le médecin. Une simple phrase qu'il s'est contenté de répéter sans vouloir en saisir le sens. Il n'y a rien d'autre que les mots écrits sur son relevé médical.

Il est stérile.

Cet état de fait est aussi simple que cela.

Katsuki doit se contenter de l'accepter. Cela fait cinq mois qu'il devait se préparer à l'accepter. La chance n'existe pas dans ce monde. Ce n'est qu'une chimère que l'on donne au plus démunis pour leur donner l'illusion qu'un avenir meilleur se cache quelque part.

À l'usure [DekuBaku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant