Chapitre 1

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Il est fou de remarquer, à quel point nous sommes inconscients, de l'importance de l'oxygène à notre survit. Jusqu'à ce qu'il vienne à manquer. Sous une nuée de bulle d'air et de vagues, à travers les débris de métal, on aperçoit, comme endormie, la silhouette de la jeune diplômée qu'est Ikal.

Ce qui devait être un cadeau, une récompense à son dur labeur, s'est transformé en cauchemar.

A l'approche de la lisère invisible mais néanmoins tangible du triangle des Bermudes, le capitaine du navire océanographique, sur lequel elle n'aurait pas dû se trouver, avait donné l'ordre de mettre le cap à tribord, réduisant la vitesse de croisière par la même occasion. Les appareils commençaient déjà à pointer dans des sens contraires, dérégler par un magnétisme en laissant plus d'un en déroute.

L'Atalante, amarré aux côtes américaines encore quelques jours plus tôt, avait pris la route vers les Açores avec à son bord la nouvelle diplômée de Chimie bio-organique, accompagnant l'océanographe de renom qu'est sa mère, Aela Moris. Qu'elle n'eût pas était la tête de cette dernière, quand sa fille lui avait annoncé qu'elle monterait avec elle sur ce fichu rafiot, sans même lui laisser le choix. La question n'était pas de savoir si elle avait bien fait de s'imposer de la sorte, la vérité c'est qu'elle n'avait pas réfléchi. Sa mère lui manquait terriblement. Elle était depuis très jeune ce trou béant dans sa poitrine, ou l'un de ces trous, celui juste à côté du manque d'un père disparut avant même de savoir qu'il attendait lui aussi un enfant. Qu'il attendait Ikal. Alors, elle avait forcé la main de cette femme qui travaille trop, par amour du travail, ou par peur de l'amour qu'elle a perdu et qui la ronge depuis ce temps.

Mais dans le ciel dégagé loin au large des côtes, elle comprit qu'elle avait eu raison, de s'imposer, de choisir pour elles deux. Pour se soigner ensemble plutôt que seule. Cette conviction l'étreignit en regardant le visage libéré de la petite brune qu'est sa mère, posée sur son épaule, ses cheveux relevés, caressés par le vent légèrement iodé de l'immensité de bleu au-devant.

- Le directeur n'a pas bronché quand tu lui à annoncé que je t'accompagnais ? L'interrogea-t-elle.

- Tu rigoles, Edward me mange presque dans la main. Il a trop peur que je prenne sa place à l'ANEFM pour me refuser quoi que ce soit.

- Mais il en va de ma sécurité, du moins c'est ce que tu m'as toujours répété.

Les yeux mis clos, Aela lui répondit.

- Insinuerais-tu que je te mente ?

- Jamais ! C'est une simple question. Répondit-elle farceuse.

- J'ai signé une décharge.

- Tu veux dire que depuis tout ce temps j'aurais pu t'accompagner avec une simple décharge ?! Maman !

- On n'amène pas ses enfants au travail et puis c'est dangereux la mer. Tu ne vas pas me faire rabâcher, tout de même. Estime toi heureuse d'être là, si ça ne tenait qu'à moi tu serais sur la terre ferme.

- Mon Dieu ce que tu peux avoir la tête dure !

- Dit celle qui a fini sur le bateau ! S'emporta-t-elle.

Ikal se tut, sachant pertinemment que la discussion se transformerait bientôt en joute verbale d'enfants de 6 ans.

- Tu as ton collier ? Sa mère inspecta de son propre chef le cou de sa fille, comme pour s'assurer de la réponse.

- Je ne l'ai jamais retiré, pas un jour de ma vie.

- C'est bien.

- C'est un cadeau que tu m'as fait, en soit je ne suis pas obligé de le porter tu sais, c'est ce qui s'appel de la courtoisie. Réplica-t-elle.

Une Cité de Larmes et de PoussièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant