CHAPITRE VINGT-NEUF

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-Tu te sens bien ? 

-Oui. 

-Tu es à l'aise là ? 

-Oui, oui. 

-Tu n'as besoin de rien ? 

-Emery, chérie... 

     Allongée dans son lit d'hôpital, ma mère pousse un soupir amusé sans se départir de son sourire. Elle paraît si fragile sous ce drap blanc et pourtant elle est toujours aussi belle. L'atmosphère de l'hôpital ne déteint pas sur elle. Ma mère ne perd jamais de sa bonne humeur légendaire même dans les situations les plus délicates. 

     -Désolée, grimace-je face à son regard attendri. Je veux seulement être sûre que tout est parfait. 

-Je ne suis pas encore passer par le bloc, ma puce. Tu auras tout le temps de t'inquiéter après l'opération. Pour l'instant, je vais bien. 

-D'accord. 

-Allez, assieds-toi une minute. Tu n'arrêtes pas de tourner en rond depuis qu'on est arrivés et tu vas finir par me rendre nerveuse. 

     Même si ça me fait lever les yeux au ciel de l'admettre, ma mère n'a pas tord. Je n'ai pas réussi à me détendre une seule seconde depuis que nous sommes arrivés dans la chambre. J'appréhende tellement cette opération que je suis intenable. Je suis incapable de me détendre. Je ne fais que penser à ma mère et à ce qu'elle va bientôt subir. Mon inquiétude vis-à-vis de tout ça est indomptable malgré tous les efforts du monde. 

     -Emery, pose-toi une seconde, s'il te plaît. Tu me stresses alors que j'étais complètement détendue en arrivant ici. 

-Désolé, Maman. 

     Contrainte, je vais m'installer dans un des deux grands fauteuils mis à disposition près du lit. 

     -Et arrête de t'excuser. Je sais que tu es folle d'angoisse mais je te promets que tout ira bien. 

-Je serai plus rassurée quand tu seras sortie du bloc. 

-Essaie de patienter en étant assise. Je n'en peux plus de te voir tourner en rond. 

     Je m'apprête à m'excuser une fois de plus mais je m'abstiens en me rappelant les paroles de ma mère. Je ne veux pas que mes inquiétudes empiètent sur elle. Elle est bien plus à l'aise ici que moi. Il ne faudrait surtout pas qu'elle se mette à se tracasser à cause de moi. Je ne me le pardonnerai pas. Elle doit garder sa quiétude et sa bonne humeur pour affronter cette journée. 

     -Je vais essayer de me calmer. 

-Tiens, tu n'as qu'à répondre aux messages que ton père m'a envoyé. Ça pourrait t'occuper. Il y en a au moins une dizaine. 

-Il est aussi inquiet que moi. 

-Je le sais. Vas-y, réponds lui. 

     Je prends alors le téléphone qu'elle me tend et consulte les messages encore non lus. Je les lis rapidement à ma mère et j'effectue une rapide synthèse de tout ce qu'elle me dit pour écrire une réponse digne de ce nom. Puis, j'envoie le message final à mon père en espérant que ça calmera ses propres angoisses. 

     -J'espère qu'on a rien oublié à la maison. J'ai vérifié trois fois ta valise. 

-Non, stop, Emery. Ne commence pas à te tracasser pour les détails. J'ai tout ce qu'il me faut. Parlons d'autre chose. Il vaut mieux qu'on se change les idées. 

-Oui, tu as raison. Parle-moi de ce que tu veux. Ça m'ira très bien. 

     Ainsi, je laisse ma mère guider la conversation et occuper notre temps comme bon lui semble. Elle me pose tout un tas de questions sur ma vie à Denver et sur mes futurs projets. Je crois qu'elle essaie de me distraire bien plus qu'elle ne tente de s'occuper elle-même. Je parviens à rester dans mon fauteuil et à contrôler ma bougeotte. Je me concentre uniquement sur elle pour ne pas laisser mes angoisses prendre le dessus. 

THE WAY - LE DILEMMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant