chapitre 45 : La Isadora Diabolica

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Penché au dessus de Dario qu'il observait avec une intensité toute particulière et le regard de celui qui cherchait l'inconnu, Le Soldat sondait le regard océan du petit bébé  sans raison apparente.

Les sourcils aussi froncés que les avait Dario, il posa sa main sur son petit torse qu'il couvrit entièrement. Dario battit des jambes en babillant avant de régurgiter une petite quantité de lait dans un petit rot mignon que Le Soldat trouva juste répugnant. Les lèvres pincées, il réalisa trop tard qu'il avait oublié de lui faire faire son rot après l'avoir donné son biberon comme le lui avait appris Giana.

— Ah... super ! Je te déteste gamin. Tu le sais ça ?

Conscient de son erreur, il entreprit de lui enlever ses vêtements pour les remplacer par de propres. Devant son petit corps nu et tout rose qui gardait encore les marques de sa détention auprès d'Émilio, Le Soldat fût une nouvelle fois assaillie par ce sentiment qui l'avait étreint lorsqu'il avait sorti Dario de la fournaise ambulante qui le transportait.

— Avec qui t'étais dis moi ? chuchota-t-il, perdu dans le bleu de ses yeux innocent.

Le Soldat déglutit. Le souvenir de cette odeur sucrée flottait encore dans sa mémoire. Ne pas savoir d'où elle provenait le rendait fou à chaque fois qu'il y pensait parce qu'il connaissait ce parfum. Il en était presque sûr.

Il s'empressa de le couvrir. Une jolie grenouillère bleu ciel sur le dos, Dario poussa des petits cris en bougeant la tête de droite à gauche et Le Soldat ne retint pas le sourire en coin qui lui échappa. Encore. C'était le deuxième qu'il lâchait devant sa petite bouille.

— Ta maman est... spéciale pour moi. Très spéciale. Tu crois que toi et moi, on s'entendra dans le futur. Un... putain de futur où elle portera mon nom. Moi je l'espère.

Un flash sorti de nulle part éblouit toute la pièce. Le Soldat eut un léger sursaut. Il bifurqua son visage vers la porte d'entrée et découvrit avec une surprise non feinte, Giana, un appareil photo mauve à imprimé fleuri jaune dans les mains.

— Mon père me l'a offert quand j'ai eu quatorze ans. J'ai pas pu résister, vous êtes trop mignon tous les deux. Tu m'en veux pas ?

— Non. Prends toutes les photos que tu veux.

— Vraiment ?

— Oui. Il a droit à des souvenirs. Et en parlant de ton père, je vous ai vu par la fenêtre. Comment c'était ?

L'air contris qu'elle afficha, suivit d'un hochement de tête lui donna la réponse qu'il attendait. Giana combla l'espace immense qui les séparait et se laissa tomber à genoux à ses côtés. Les coudes posés sur le matelas de son lit où était allongé Dario, elle les observa chacun leur tour, souriante et amoureuse de ses deux hommes. Les seuls de sa vie. La discussion en apparence désastreuse qu'elle venait d'avoir avec son père ne lui enlèverait pas ce bonheur.

— Il ne t'aime pas, c'est officiel.

— J'avais prévu le coup. Je m'en fiche pas mal tu sais.

— Je sais, mais ce serait chouette que tu fasses des efforts.

— Hum. maugréa-t-il en replongeant dans les yeux de Dario.

La façon avec laquelle il le dévisageait presque intrigua Giana.

— Pourquoi tu le regarde comme ça ?

— J'en sais trop rien. Je cherche... quelque chose. Une chose que je ne connais pas.

Dans un soupir presque libérateur, Le Soldat se releva, emportant avec lui les vêtements sales de Dario.

— Laisse les dans la salle de bain. Je vais m'en occuper.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant