𝐁𝐨𝐫𝐝𝐞𝐥, 𝐨𝐮̀ 𝐞𝐬𝐭 𝐦𝐨𝐧 𝐜𝐡𝐚𝐭 ?

Test décisif

- DIANE !! DÉPÊCHE TOI, ON NE VA PAS À UN DÉFILÉ DE MODE !!

- C'est bon j'arrive ! Répondis-je de peur que mon père ne se brise les cordes vocales à force d'hurler.

Je ne sais que trop bien qu'aujourd'hui est un jour spécial et que c'est normal que mes parents soient nerveux à l'idée que j'arrive en retard au rendez-vous, mais ils exagèrent quand même. Ma mère a passé la veille à se demander quoi choisir entre une robe cintrée rouge sans manches et à decolleté ou un pantalon fluide droit taille haute couleur corail et un top cache-coeur blanc, après un long et éreintant débat avec une amie au téléphone et sachant que j'allais déchiqueter ma robe sans faire exprès, elle finit par choisir la deuxième tenue. Vint alors le tour du maquillage pendant lequel ma mère réfléchissait tellement si l'option fraîche et naturelle serait meilleure que classe et raffinée que je voyais presque de la fumée sortir par ses oreilles. Et n'en parlant pas de la coiffure, ça a viré au drame.

Quant à mon père, je le pensais plus calme, qu'il garderait son sang-froid. Mais pas du tout ! Il vérifiait chaque 5 minutes si la voiture était prête. Il commençait à paniquer quand il entendait la télévision prévoir un lendemain pluvieux et savoir que ce lendemain en question n'était autre que le premier jour de la semaine, soit un tête à tête avec les embouteillages, ne l'enchantait guère.

En bref la maison était tellement agitée que je me demande même pourquoi les voisins n'avaient pas appelé la police pour tapage nocturne.

- DIAAAAAAANEEEEEE !!!!!!!!

Je sursaute, mon père va faire une crise d'hystérie à ce stade ! Je déboule presque dans le salon.

- Enfin te voilà.

Mon père, Esteban Yera, est habillé d'un costume beige qui va à ravir avec ses cheveux noirs et ses yeux couleur noisettes, et surtout avec le tailleur de ma mère, Emma sky, d'un violet à en couper le souffle, laissant ressortir ses cheveux d'or, ses yeux verts et sa taille élancée. Même âgés respectivement de 48 et 40 ans, leurs traits harmonieux n'ont pas changé. Mon père est espagnol et ma mère anglaise.

- On y va? Demande mon père.

- Oui.. Au fait, il est où Oréo? Il ne rate jamais son petit déjeuner.

Oréo c'est mon chat, il a une fourrure blanche tachée d'encre et une sale manie de s'attirer des ennuis. Il me fait la misère quoi. Mais je lui pardonne, je lui pardonne tout en fait, juste parce que quand il me fixe de ses yeux si innocemment, je culpabilise alors que c'est lui qui est en tord.

- Oh il ne doit pas être bien loin, réponds ma mère. Il ne fait que se balader dans le quartier comme s'il était le patron ici et peut-être que Mme Mathilde lui a donné quelque chose, tu sais comment elle le gâte.

J'acquiesce, Mme Mathilde est l'une de nos voisines et Oréo est bien du genre à aller quémander des friandises.
Je remarque mon père qui trépigne d'impatience et ne cesse de jeter des coups d'œil à sa montre.

- Bon, il est vraiment temps d'y aller là, dit-il en peinant à dissimuler sa nervosité.

Nous sortons rapidement de la maison, non sans avoir vérifier qu'elle était bien fermée, Oréo a une trappe flanquée à la porte de la cuisine, il peut donc sortir et rentrer à sa guise.

Mon père démarre brusquement nous projetons moi et ma mère en arrière, et cette dernière lui assène un regard noir que je n'aurai pas aimé recevoir à sa place. Je n'arrive pas à m'empêcher de pouffer de rire, heureusement que le bruit des klaxons couvre ma réaction. En vrai ce n'est pas que du bruit mais un assourdissant vacarme. Comme si tout le monde s'était passé le mot pour se déchaîner au volant, la malédiction du Lundi sans doutes.
C'est une chance que mon père soit un as du volant, on finit par sortir de cet abominable bouchon et il augmente la vitesse, ainsi nous arrivons bien vite au lieu de rendez-vous, qui n'est pas même éloigné d'une demi-heure, quand je disais qu'ils suréagissaient...