17- Sybille

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Ses yeux bleus hantent mon esprit et je n'arrive pas à me les retirer de la tête

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Ses yeux bleus hantent mon esprit et je n'arrive pas à me les retirer de la tête. Ce regard apeuré qui me supplie de lui venir en aide. La brutalité de son baiser a marqué mes lèvres au fer rouge. Je les mordille frénétiquement depuis que je suis allongée dans mon lit, plongée dans le noir. Je ne saurais dire si c'est pour faire disparaître ces sensations ou si je cherche à retrouver le goût de son désespoir. Le goût de Loup.

— Plus vite, maman. Je t'en supplie, il faut qu'on le retrouve.

Les sanglots dans ma voix trahissent l'inquiétude qui s'est emparée de moi. J'ai l'habitude avec Loup de ses appels désespérés, où il me demande de venir le retrouver. Mais jamais il ne m'a appelée en pleine nuit me suppliant de lui venir en aide. La sonnerie du téléphone a évidemment alerté mes parents. Je peux compter sur eux, et je n'ai pas eu besoin de demander à ma mère pour partir à sa recherche.

Cela fait plus de vingt minutes qu'il a téléphoné et nous sillonnons les rues de la ville dans l'espoir de le trouver sain et sauf. Je suis en apnée et j'ai l'impression de me noyer. Il n'a jamais eu l'air aussi désemparé que ce soir. Il pleurait dans le combiné, il paraissait effrayé, et les hurlements de sa mère que j'entendais au loin ne laissaient que peu de place à l'imagination. Elle était dans un état de fureur incontrôlable et c'est sur son fils aîné qu'elle a, une fois de plus, lâché sa colère.

— Mais où es-tu caché ? murmuré-je plus pour moi-même en scrutant droit devant moi les rues éclairées par les phares de la voiture.

Un nœud d'angoisse s'est logé dans mon estomac et la bile remonte dans mon œsophage. J'ai envie de vomir mais rien ne vient. La peur maintient mes sens alertes et la tension dans mon corps évite toute manifestation émotionnelle trop violente.

— Détends-toi, Billie. On se rapproche de chez lui, il ne peut pas être allé bien loin sachant qu'on arrivait. On va le retrouver. Ce n'est plus qu'une question de minutes.

Les paroles rassurantes de ma mère n'ont aucun effet sur moi. Seule sa main tapotant ma cuisse me retient de devenir hystérique. Elle ne connaît que la partie émergée de l'iceberg. J'ai toujours préféré taire les éclats de colère et de violence dont Loup est capable. Je ne voulais pas que mes parents m'empêchent de le fréquenter. Loup peut être violent, mais il a des circonstances atténuantes. Et j'ai confiance en lui, je sais que jamais il ne portera la main sur moi. Je suis sa soupape de décompression. Je sais comment l'apaiser quand il perd la raison. J'espère juste que ma mère ne le verra pas en pleine crise d'autodestruction, à frapper dans les murs ou ivre mort dans le fossé.

— Là ! Arrête-toi et recule un peu.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Je pense l'avoir repéré, mais sa vision était tellement furtive que je ne suis pas sûre que ce soit lui. Les phares de la voiture reviennent sur leurs pas et je vois une masse informe, sombre, recroquevillée sur un banc, au pied d'un lampadaire éteint. Je baisse ma vitre et je l'appelle. Il redresse la tête avant de la replonger entre ses genoux. C'est lui, c'est bien lui. Le soulagement se répand dans toutes les fibres de mon corps qui convulse de tremblements. Les battements de mon cœur s'emballent et m'empêchent de bouger.

Black MoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant