CHAPITRE 75

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- Voilà, c'est ici, m'informe la jeune interne. Faites attention, il est assez mal en point, il ne faut pas trop le toucher ou le brusquer, d'accord ?

Je fixe la porte de la chambre et je m'entends dire un faible « d'accord ». Elle m'ouvre ensuite la porte pour que je puisse entrer. J'avance lentement dans la chambre peu éclairée. L'ambiance est lugubre et il fait froid. Le seul bruit dans cette pièce est celui des machines auxquelles Toby est relié. Il est là, dans un lit blanc au milieu de la chambre, il dort.

Un frisson me parcourt de la tête aux pieds. J'ai déjà vécu ça, et ça ne me plaît pas. Mais dans ce lit ce n'était pas Toby, c'était ma mère.

« - Mademoiselle Parker, vous devez comprendre que votre mère est dans un état critique et qu'elle ne pourra peut-être pas vous répondre. Vous pouvez la toucher, lui parler mais éviter de la bousculer. Elle a de la chance d'être toujours en vie, ça aurait pu être pire, m'informe le médecin.

Je suis sous le choc quand je découvre ma mère au centre de cette pièce vraiment glauque avec pour seule lumière le néon jaune au-dessus de son lit. Il ne l'a pas ratée cette fois-ci. Ses pommettes sont tellement gonflées qu'on ne voit pratiquement plus ses yeux.

Le pire dans cette histoire c'est qu'elle le protège encore. Avant qu'ils ne l'endorment pour lui éviter la douleur, elle leur a dit qu'un homme l'avait agressée dans la rue. Je sais très bien que ce n'est pas le cas, il l'a frappée, encore, et ce soir c'était plus violent que d'habitude. Il a failli la tuer. »

Ce souvenir me glace le sang, j'ai du mal à respirer. Je me reprends et m'approche du lit pour m'asseoir sur la chaise à côté de Toby. J'attrape délicatement sa main bandée et la presse légèrement. Ce geste le réveille et il commence à vouloir bouger.

- Hé, doucement, dis-je en l'incitant à ralentir.

Quand ses yeux se posent sur moi, il soupire.

- Mon cœur, sa voix est encore endormie, soit par le sommeil soit par les antidouleurs qui lui ont été administrés.

- Oui, je suis là.

Il tend sa main libre pour venir replacer une mèche derrière mon oreille et me caresser la joue.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé, Toby ?

Il se redresse, avec un peu de mal. Il est vraiment mal en point. Ses deux mains sont bandées, sa lèvre est fendue sur un côté, il a un sacré cocard à l'œil gauche et ses pommettes sont entre le bleu et le vert. À le voir gesticuler, ses côtes doivent être bien touchées également.

- J'ai réglé ce qu'il y avait à régler, me dit-il.

- Qu'est-ce que tu as fait ?

- J'ai... (il a du mal à s'exprimer, probablement dû à ses côtes) J'ai retrouvé..., il souffle.

- Prends ton temps, Toby.

Il respire plusieurs fois, lentement, avant de se mettre à parler.

- J'ai retrouvé celui qui s'en est pris à ma mère, finit-il par dire.

Je... Est-ce que j'ai bien entendu ?

- Alors c'était ça ? Le problème de ta mère. Quelqu'un s'en est pris à elle ? dis-je inquiète.

- Ouais, son connard de petit ami. Un vrai enfoiré ! (il commence à s'énerver) Il a de la chance que je n'étais pas dans de meilleures dispositions sinon... Aïe !

Slow Hands (T1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant