CHAPITRE 2

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Le premier jour où Jessi a trouvé les clients nécessaires près de la plage de Jolla Cove, les appels ont afflué par milliers tandis que je continuais de surfer avec les différents clubs déjà présents. Putain ce que j'ai détesté cette journée, celle parmi tant d'autres qui m'obliger à faire semblant de comprendre la diversité de notre échange, car durant quelques heures, aucun surfeur n'a su apprendre à faire correctement un Take-off, ni à parler aux autres membres.

- Je n'ai pas pu la restaurer autant que je l'aurais voulu, mais j'imagine que ça ira.

Je détourne le regard des dizaines de photos sur le mur de la boutique avant de le reporter sur la planche de surf déjà disposée sur le comptoir, je dégage les doigts de mon collier pour les poser sur ma planche.

- Il n'y a plus de sang ?

Il secoue la tête en esquissant un bref rictus qui finit en une grimace.

- Tu aurais pu la changer.

- Je ne veux plus changer quoi que ce soit dans ma vie, Jessi.

Sa main s'arrête sur le rebord de la planche légèrement endommagée alors que je la récupère pour la glisser sous mon bras.

- Emire.

Je hausse les sourcils en suivant son regard sur le côté de la boutique, la seconde planche de surf encore accrochée au mur est recouverte d'un film épais cachant quelques gouttes de sang sèches.

- Tu la gardes depuis quatre ans et pourtant tu l'accroches seulement maintenant ?

Le drapeau brésilien sur le centre de la planche semble terni par le temps tandis que le bout de cette dernière a été recollé.

- Ce n'est pas mon choix.

J'inspire légèrement en hochant la tête avant de m'approcher du cadre photo suspendu à la planche de surf, putain Elone, je n'en connais pas deux aussi magnifique que tu l'étais.

- Personne n'a demandé à vendre sa planche ?

Le silence pesant dans la boutique semble durer quelque temps alors que je me retourne brusquement vers lui.

- Jessi.

Il soupire et avoue finalement :

- Elle n'est pas encore en vente, mais c'est prévu.

- Jamais, personne ne posera un foutu pied sur cette planche, personne à part moi.

Il hausse les sourcils en m'interrogeant du regard et ricane avant de croiser mon expression.

- Je pensais que tu n'étais pas sérieux.

J'esquisse un rictus et pose la main sur le cadre qui retient la planche de surf.

- Teste-moi, tente de la vendre et j'entre par effraction pour la reprendre.

La réalité c'est que je savais que j'en étais capable, j'étais capable de commettre une effraction uniquement pour récupérer ce qui m'appartient, car il est clair que la planche d'Elone Nascimento est la mienne depuis quatre ans.

The Shade Of SosthèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant