Chapitre 2

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Nous étions samedi matin et nous courrions dans tous les sens à la maison alors que nous aurions déjà dû être dans la voiture. Alors qu'on pensait être en avance, nous avions maintenant une demie-heure de retard. 

La tête dans les nuages, maman avait complètement oublié de me réveiller alors que je comptais sur elle depuis la panne de mon réveil et mon téléphone qui ne fonctionnait qu'une fois sur deux depuis qu'il avait fait un plongeon dans la cuvette des WC.

Il y avait plus ou moins deux heures de route, il était onze heures, mon avion décollait à quinze heures et on pouvait faire une croix sur notre déjeuner tranquille dans un petit café pas loin de l'aéroport à moins de vouloir louper mon vol.

- Tu as tout ce qu'il te faut, tu es sûre? m'a demandé maman pour la quinzième fois tout en essuyant ses cheveux avec le torchon qui servait normalement à essuyer la vaisselle.

- Certaine, ai-je répondu en lui arrachant le torchon et en lui tendant une serviette de bain propre et fraichement repassée.

- Tu n'as pas oublié les cadeaux que tu avais prévu d'offrir ?

- Non et j'ai bien emballé tes galettes aux beurres. Elles sont coincées sous un tas de vêtement dans ma valise.

- Bien, je vais démarrer la voiture, rejoins-moi dès que tu es prête. Je prends ta valise.

Alors qu'elle s'emparait de ma grosse valise fushia, je l'ai arrêté d'un geste en retenant un fou rire.

- Maman, ce serait moins gênant si tu mettais un pantalon...

- Ah mince ! s'est-elle exclamée en claquant la paume de sa main contre son front.

C'est finalement avec trois quart d'heures de retard que nous avons quitté la maison.

- J'espère qu'il n'y aura pas trop de circulation, a dit ma mère tout en tâtonnant maladroitement sur le GPS intégré de sa nouvelle voiture.

- Laisse-moi faire, ai-je dit en insérant moi-même l'adresse de l'aéroport. De toute façon tu connais le chemin par cœur depuis le temps.

- Oui mais ce serait dommage de ne pas se servir de ce qui est gratuit, a-t-elle rétorquée avec le sourire fière.

Si elle n'était pas une pro de la ponctualité était une véritable artiste de la négociation. Elle aurait vendu des lunettes à un aveugle et c'est donc sans surprise que je l'ai vu rentrer triomphalement du garage pour m'annoncer qu'elle avait réussi à avoir un tas d'options gratuites pour sa nouvelle voiture ainsi que la couleur métallisée de son choix et une ristourne pour couronner le tout puisque mon grand-père était un vieux client... un vieux client qui n'avait jamais eu de prix.

- Oh mon dieu ! s'est-elle écriée alors qu'on montait sur l'autoroute. Je crois que j'ai oublié de fermer la porte à clé.

- J'ai fermé la porte à clé. C'est moi qui suis sortie la dernière, lui ai-je rappelé.

Rassurée, elle a enfin prétendu conduire sans gesticuler dans tous les sens.

- Au revoir ma chérie. Prends soin de toi. Et fais attention à toi. Et ne sors pas toute seule la nuit. Ou toute seule avec Maisie.

Je venais d'enregistrer ma valise et m'apprêtais à passer les portes qui menaient à la sécurité quand elle s'est accrochée à mon bras tel du velcro sur un vêtement.

- Maman s'il te plait, j'ai vingt ans.

- Oui mais...

- Je ferai attention, je ne parlerai pas aux inconnus, je mangerai cinq fruits et légumes par jour et oui, je préciserai bien à Ellen que ce sont des galettes faîtes maison, l'ai-je coupée sarcastique.

Entre deux mondes - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant