Chapitre 12

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Dans son lit, Derek dormait mal. Ses doigts serraient les draps à s'en blanchir les phalanges mais il ne s'en rendait pas compte. Il grimaçait et pourtant, il n'était que rarement expressif lorsqu'il dormait – parole de Peter qui pouvait en témoigner. Il se tournait, retournait, tandis que des sueurs froides commençaient à lui glacer le dos, à mouiller son débardeur d'où ne se dégageait pas une très bonne odeur. Deux heures qu'il était dans cet état.

Deux heures que le visage de Stiles le hantait.


Deux heures qu'il le voyait gémir et subir.

Deux heures qu'il essayait comme un acharné d'intervenir.

Il était là, à quelques mètres, le visage couvert de sang. Mais ce que fixait Derek, c'était les marques bleutées autour de son cou. A nouveau, on l'agrippa et Stiles suffoqua alors que les grandes mains étaient enserrées autour de sa gorge. Le pauvre avait de la bave autour des lèvres, ses plaintes n'étaient plus que de légers souffles, ses yeux se révulsaient... Et puis l'air revenait alors que sa tête se cognait contre le sol sale, le cou violemment lâché par son agresseur qui s'amusait à l'épuiser.

- Arrête ! Hurla Derek à s'en briser la voix.

Il voulait y aller, sauter sur cet enfoiré qui jouait avec Stiles. Lui arracher la gorge avec ses dents. Lui crever les yeux. Lui faire regretter sa naissance. Alors, Derek tenta encore de passer. Ses poings entrèrent durement en contact avec... Le vide ou plus précisément, une surface complètement invisible. Peu importe en quoi était faite cette barrière, peu importe combien elle était solide, il ferait tout pour la briser. Ce spectacle auquel il était obligé d'assister... Non, juste non.

Puis, l'homme qui s'amusait à étranger l'hyperactif entreprit de se servir de lui comme sac de frappe et Derek redoubla d'efforts. Ses hurlements étaient plus forts, ses coups, plus puissants. Mais c'était vain. La barrière invisible ne le laisserait pas passer, tout simplement parce qu'il était en plein rêve.

Puis, d'un coup, Derek ouvrit les yeux en sursaut. Ses yeux accrochèrent sur le plafond de sa chambre – celle qu'on lui avait attribuée –, gris clair, propre. Péniblement, il se redressa et son regard balaya la pièce. Un endroit lumineux, d'autant plus que le soleil était haut dans le ciel et qu'en réalité, Derek dormait depuis plus de quatorze heures. Ses bras tremblaient tant qu'il finit par se laisser tomber à nouveau dans le lit. L'aconit coulait toujours dans ses veines, tant et si bien que cela faisait déjà deux jours qu'il passait le plus clair de son temps à dormir. La veille, il s'était dit qu'il allait faire une sieste. Une simple sieste. Quarante minutes, pas plus. Mais ça, il ne le savait pas, tout comme il ne savait pas qu'il avait passé deux heures à rêver de Stiles. Pour lui, cela faisait peu de temps qu'il s'était allongé mais son corps lui montra brutalement qu'il se trompait. Il était lourd, complètement engourdi. Ses doigts lui faisaient mal tant il les avait serrés.

Parce que durant ces quatorze heures largement passées, il avait rêvé trois fois de Stiles.

xxx

Deaton regarda le contenu de la seringue qu'il tenait entre ses doigts avant de le transvaser dans une petite fiole qu'il ferma et à laquelle il colla une étiquette. « Derek » y était inscrit au stylo noir et le petit tube trouva ensuite sa place à côté de ses petits frères, sur lesquels étaient marqué « Liam », puis « Scott », suivi de « Peter » et « Isaac ». Les autres viendraient plus tard. Puisqu'ils dormaient encore pour la plupart, ce n'était pas la peine de les embêter avec ça. Néanmoins, Melissa et Chris se relayaient assez régulièrement pour surveiller que tout allait bien.

Liam, Scott, Peter, Isaac et Peter étaient assis dans la grande pièce à vivre et attendaient le verdict de Deaton tout comme Derek, que Chris avait péniblement acheminé jusqu'au dernier fauteuil libre. Le loup avait récupéré un peu d'énergie, mais ses membres étaient encore sacrément engourdis et il lui faudrait encore quelques minutes, peut-être une heure pour que cette sensation disparaisse.

L'Emissaire PrimordialOù les histoires vivent. Découvrez maintenant