Valentina Tome 1 : un monde nouveau

Chapitre 26

Soixante-douze heures. Voilà depuis combien de temps Lorenzo nous laisse sans aucune nouvelle. Depuis son attaque à Lieuisolé. Trois foutus jours où nous sommes sur nos gardes, que personne ne sort du château sans être accompagné et qu'il règne une ambiance de mort dans chaque couloir. Dès que la peur, l'adrénaline et l'angoisse m'ont quitté, je me demande si cette Grande Cérémonie en vaut vraiment la peine. Je n'arrête pas de dire à mes amies ou à Ian que l'Alpha attaquera ce jour-là. Pour être certain que je ne puisse pas être revendiqué par l'homme que j'aime.

Je ne l'ai pas reconnu quand il a déblatéré tant d'idiotie alors que Ianatan était allongé près de lui... Il avait un regard fou, des paroles incohérentes comme si... il croyait vraiment en ce qu'il disait. Je n'ai pas eu une seule journée sans m'entraîner, ce qui me permet de libérer ma rage, celle que je garde en moi depuis la dernière fois que j'ai vu ma sœur. Et que j'ai été incapable de la sauver. J'espère qu'il ne lui a fait aucun mal. Ça me rend malade de la savoir près de lui...

C'est pour cela que depuis bien deux heures, je m'acharne sur ce sac de frappe, en lui assenant une multitude d'attaques différentes. Je ruisselle de sueur à force de cogner dedans. Je n'ai pris aucune pause et le regard remplit de reproche de Franzi que je sans dans mon dos sens n'arrange rien. Elle ne me lâche pas une seule seconde des yeux, et le pire dans tout ça c'est que dès qu'Isadora lui a avoué que j'ai risqué ma vie pour celle de l'Alpha de la famille Robasan elle est très protectrice. C'est pour cette raison que j'ai supplié Ian et sa sœur de ne rien dire concernant l'être qui s'est niché dans mon ventre sans mon autorisation, et ce malgré ma contraception. Malheureusement pour moi, j'ai constaté à mes dépendants qu'elle était inefficace et à en croire les reniflements fréquents de mon amie dans la salle d'entraînement, mon petit secret sera très vite découvert. C'est fou, tous les vampires que j'ai rencontrés pour le moment ont un odorat super développé. Sauf le mien, il me prévient juste des biches, des renards ou des lapins dans la forêt, autant dire qu'il n'est pas très utile.

Une crampe abdominale et les étoiles qui apparaissent furtivement devant mes yeux m'obligeraient presque à diminuer le rythme, mais dès que je pense à l'Alpha italien ma rage décuple et mes poings tambourinent encore et encore contre le sac de frappe.

— C'est bon, me lance Franzi, va te reposer, tu dois être en forme pour demain.

Je cille légèrement. La grande cérémonie est dans un peu plus de vingt-quatre heures. Et, je suis sûr, ma vie prendra un tournant inattendu ce jour-là.

— Laisse-moi cinq petites minutes supplémentaires. Je halète en sautillant sur place mes gants de boxe devant mon visage en sueur.

— Val, ce n'était pas une demande, mais un ordre.

Son ton est sans appel, je la vois humer l'air et son regard se fait perçant. Merde. J'inspire bruyamment, et rejoins les tapis ou dort Vamp à chacun de mes entraînements. Je lui caresse en douceur le haut de la tête et fixe mon attention dans le vide. Je n'aime pas cacher des choses aux personnes que j'apprécie, mais je m'interdis également de les mettre en danger. Isadora m'a promis de ne rien dire à personne, parce que je refuse que Ian ait le moindre souci avec les femmes du conseil.

J'inspire à nouveau, une envie folle de discuter avec ma créatrice ne me quitte plus depuis quelque temps. Malheureusement, je n'ai pas revu Louise depuis notre entrée fracassante et j'ignore où elle est allée. Son absence me perturbe plus que je ne l'aurais imaginée. Elle me manque davantage que ce que je pensais, nous n'avons pourtant passé que trois semaines ensemble... Vingt et un jours, c'est ce qu'il a fallu pour que ma vie change du tout au tout. Cela me paraît bien plus... tellement plus.

— Tu veux me parler de quelque chose ?

La voix de mon amie calme et posée me sort de ma rêverie et je la sens s'assoir sur les tapis près de moi, son genou collé à l'un des miens. Comment lui dire que je ne suis pas prête pour tout ce qui m'attend, la Grande Cérémonie, le devoir d'épouse d'Alpha et bientôt celui de mère. Je retire une poussière invisible de mon t-shirt de sport et regarde Franzi droit dans les yeux. Si Louise n'est pas là, je sais qu'elle sera de bon conseil, comme depuis mon arrivée dans ce manoir.