LA CHUTE

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Sine se réveilla en sursaut, son front était couvert de sueur, tout comme son tee-shirt. Quelques rayons de soleil transperçaient les rideaux de sa chambre et formaient de longues lignes lumineuses sur le sol. Sine passa la main sur son torse et se remémora les évènements de la nuit, qui lui semblaient si réels qu'il ne pouvait en être autrement. Une question le laissait cependant perplexe, « comment suis-je rentré ? » Assis sur son lit, il lui était impossible de se rappeler son retour au foyer. Rezal avait disparu, puis plus rien, le trou noir, et cela l'inquiéta énormément. « Et si finalement ce n'était qu'un rêve... », pensa-t-il, le regard perdu dans le vide.

— Sine ? Tu es réveillé ? Le petit déjeuner est servi, debout là-dedans, l'interrompit Évelyne derrière la porte.

— Oui, oui... J'arrive, répondit-il mollement en sortant de son lit.

Il remarqua qu'il portait encore ses vêtements de la veille, même ses baskets, jamais cela ne lui était arrivé de s'endormir tout habillé, et encore moins avec ses chaussures aux pieds. Cela accentua ses doutes et questionnements sur son aventure de la veille. Sine prit avec lui sa brosse à dents et des vêtements propres, et, en arrivant dans la salle de bain, ferma le verrou, posa ses affaires et retira son tee-shirt face au miroir. C'est là qu'il remarqua une grande tache claire sur sa peau, au niveau de son thorax. Il arrêta net de se déshabiller et se rapprocha du miroir avec des yeux exorbités pour examiner la marque entre ses pectoraux. Sine n'avait pas de tache de naissance, et encore moins une aussi grande. « C'est là où l'homme a entré sa main », se rappela-t-il, terrifié. Son corps fut pris d'un frisson d'effroi et ses jambes faillirent flancher. Il s'appuya sur le lavabo pour ne pas tomber, se rinça le visage frénétiquement pour se calmer avant de retirer en vitesse son jean et son caleçon et de se jeter dans la douche. Il se frotta le torse de longues minutes avec force pour essayer de retirer cette marque, en vain, car la tache était toujours là, et ne s'était guère estompée. « Calme-toi Sine, calme-toi, ce n'est rien, je n'ai rencontré personne hier soir, cela n'était pas réel ! » finit-il par lâcher, les yeux fermés, en essayant de retrouver ses esprits.

— Bon, Sine, tu as fini ? s'écria un garçon derrière la porte. J'ai envie d'aller aux toilettes, dépêche-toi, s'il te plait.

Sine se sécha et s'habilla en vitesse. Avant de sortir, il s'observa une nouvelle fois dans le miroir, son teint était livide. Il ouvrit la porte et retourna dans sa chambre pour déposer ses affaires. Une fois cela fait, il descendit à la cuisine et fit mine que tout allait bien lorsqu'il croisa la directrice.

— Alors ? Ce film ? demanda-t-elle avant de le fixer d'un air inquiet en remarquant son teint pâle. Tu te sens bien mon grand ?

— Oui, oui... Ça va, mentit Sine en se servant des céréales et du lait. Le film était génial, j'attends la suite avec impatience.

Sine ne savait même pas ce qu'il disait, son esprit était complètement ailleurs. Mais il ne voulait pas inquiéter Évelyne, surtout pas avec une histoire aussi délirante. La directrice passa sa main sur le front de l'adolescent et fronça les sourcils en constatant qu'il n'avait pas de fièvre.

— Salut l'homme invisible ! Comment ça va ce matin ? lui demanda Julien, l'un des éducateurs du foyer.

— Très bien... répondit Sine qui ne comprit pas la référence.

— Comment es-tu rentré hier soir ? J'étais de garde et je ne t'ai pas vu passer à l'entrée. Pourtant tu te trouvais bien dans ton lit lors de ma ronde, à une heure du matin. Tu m'expliques ton tour de magie, Mister Copperfield ?

Sine fut troublé, lui-même ne savait pas comment il s'était retrouvé dans son lit. Toute cette histoire commençait à l'inquiéter, il sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine.

SINE : Le royaume d'AfradourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant