SINE : Le royaume d'Afradour

LA BAGUETTE MAGIQUE

Le lendemain matin, Sine rejoignit Adélaïde dans la cuisine, qui a elle seule faisait la taille d'un terrain de basket. Le petit déjeuner était déjà prêt, et il n'avait rien à envier à l'opulence de celui de l'académie. Les yeux ronds de l'être de lumière amusa Faucon Bleu et sa femme, qui durent par la suite s'absenter pour un entrainement de balai. Les deux adolescents et William passèrent alors une grande partie de la journée dans la salle de jeux. Ils enchainèrent les séances de bowling, de billard et, une fois terminé, ils s'installèrent dans la salle de cinéma et regardèrent l'un des nouveaux films que Faucon Bleu avait apportés. Sine était heureux de retrouver les bonheurs de ce monde, d'autant qu'il était en compagnie agréable dans un lieu idyllique, ou rien ne manquait. C'est tout sourire qui remplit un nouveau grand pot de pop-corn chaud et saisit une grosse poignée de diverses friandises. Le film terminé, le cadet proposa de faire quelques plongeons dans la piscine, ce qui étonna Sine, qui ne voyait vraiment pas comment ils pourraient s'y prendre, l'eau devait être gelée. Ils le suivirent dans le jardin, la température était glaciale.

— Comment peux-tu avoir envie d'aller te baigner par ce temps ? demanda Sine qui dut réchauffer son corps à l'aide de sa lumière tant il frissonnait.

William se mit à rire et le tira par le bras vers la piscine. Une fois près des transats, Sine ressentit une chaleur comme s'il venait d'entrer dans une pièce chauffée. Pourtant, il se trouvait toujours à l'extérieur, dans le jardin gelé, et les nuages au-dessus de sa tête étaient toujours visibles et menaçants.

— C'est donc ça la bulle dont parlait ton père ? fit-il, tendant sa main vers l'extérieur de la bulle où l'air était froid.

— La magie a du bon ! s'exclama Adélaïde en souriant.

— Mais... je n'ai pas de maillot de bain !

D'un coup de baguette, Adélaïde fit apparaitre un short de bain rouge et le lui tendit. La jeune sorcière se dirigea ensuite vers une des cabines présentes près du plongeoir pour se changer.

— Allez, on y va ! s'écria William qui grimpait déjà le petit escalier qui menait au plongeoir.

Sine se déshabilla et enfila le short avant de rejoindre le jeune sorcier. La température devait être de 30 °C dans la bulle, Sine n'avait plus besoin de se chauffer avec sa lumière, ce qui le soulagea. Il se serait cru en plein mois d'août. Adélaïde les rejoignit dans un maillot une pièce bleu nuit. En la voyant arriver, Sine eut du mal à la quitter du regard. La sorcière lui sourit et il sentit ses joues se réchauffer.

— Bon alors, vous êtes prêts ? lança-t-elle en brandissant sa baguette.

— Oui ! On commence à cinq mètres, Adel, lui dit William tout excité.

Sine les regarda tour à tour sans comprendre de quoi ils parlaient, le plongeoir était seulement à un mètre de l'eau. Adélaïde remua sa baguette, la plateforme monta brusquement dans les airs à plus de cinq mètres. Sine sentit son cœur tomber dans sa poitrine, il tomba à genoux et s'agrippa au bord pour ne pas flancher.

— Vous auriez pu me prévenir ! fit-il avec un rire qui sonnait faux.

Adélaïde et son frère pouffaient de rire en le voyant à quatre pattes, agrippé au bord du plongeoir. Sine n'en menait pas large, il avait peur du vide depuis l'incident de la sortie scolaire. William prit son élan et se jeta du haut du plongeoir en hurlant. Sine se rapprocha du bord, pas plus rassuré. Il fixa la piscine qui paraissait bien trop basse à son goût, il fut pris de vertiges légers. Sans réfléchir, il sauta et garda les bras le long du corps. Il valait mieux que de rester là-haut. La sensation du saut dans le vide était incroyable, bien moins effrayante que lorsqu'il avait chuté de la falaise quelques mois plus tôt.