SINE : Le royaume d'Afradour

LE BAL DE PRINTEMPS

Lorsqu'arriva le mois de mars, une atmosphère d'excitation régnait dans toute l'académie. Les beaux jours qui pointaient le bout de leur nez et les premiers bourgeons naissants avaient de quoi ragaillardir le plus ronchon de tous les élèves. De plus, le bal du printemps devait avoir lieu une semaine plus tard, et tout le monde ne parlait plus que de ça. Quel orchestre ? Quelles musiques ? Quels vêtements ? Ces interrogations étaient sur toutes les lèvres. Le froid laissant place à des températures plus douces, les élèves de l'académie passaient désormais leurs journées libres à l'extérieur pour profiter du beau temps. De leur côté, Sine et ses amis avaient fini par abandonner leurs recherches sur le voleur de la zirgonia, faute de nouvelle piste. Tous se donnaient à fond pour finir devant le groupe de Nira avant la fin de l'année. Le groupe 78 ne visait rien de moins que la première place du classement, d'une part pour montrer à tous de quoi il était capable, lui, le groupe constitué du premier elfe noir à être admis à l'académie, de la sorcière cachée dans l'ombre du talent de son père, du rawène qui ne pense qu'à s'empiffrer, et de cet « humain » devenu être de lumière en héritant des pouvoirs inégalés du prince Rezal. Et puis s'ils pouvaient par la même occasion faire rager Nira, ce serait royal. Sine n'avait plus fait de rêve avec Adélaïde ou Gulzar depuis très longtemps ; le grand maitre lui avait simplement dit que cela devait être périodique.

Le mardi matin, Sine reçut un message par corbeau du grand maitre, lui demandant de passer le voir expressément, seul, au palais. Sine s'empressa de finir ses œufs brouillés, salua ses amis et se dirigea en courant vers les portes de la montagne. Il prit une calèche qui l'emmena au palais, ce demandant bien ce qui pouvait motiver une telle requête. Une fois arrivé, il tomba sur le général Edzard qu'il salua. Désormais, les gardes se tenant à l'entrée ne lui demandaient plus les motifs de sa venue. Dès qu'ils le voyaient, ils s'écartaient pour le laisser passer avec des sourires complices. Sine croisa également Helma dans l'entrée. La pauvre guérisseuse paraissait exténuée, ses longues nuits passées à surveiller l'état de santé du roi commençaient à marquer son visage.

— Bonjour Sine, fit-elle d'une petite voix. Comment vas-tu ? Où est Adélaïde ?

— Très bien, répondit Sine avec le sourire. Elle n'est pas venue avec moi, le grand maitre voulait me voir seul. Je suis désolé.

— Ce n'est pas grave, tu lui passeras mes salutations.

Le grand maitre sortit de la salle du trône. Helma le salua et entra dans la pièce. Sine put apercevoir le roi assis sur son trône, il paraissait être en meilleure forme que la dernière fois qu'il l'avait vu. Comme disaient Adélaïde et le grand maitre, Helma était vraiment la meilleure guérisseuse du continent.

— Ah ! Sine, fit le grand maitre. Tu as fait vite ! J'espère ne pas t'avoir fait attendre. Viens avec moi, nous allons prendre le thé dans mes appartements.

Sine suivit Torwën. Une fois chez lui, le vieil homme lui servit une bonne tasse de thé dont il avait le secret, accompagné de quelques biscuits.

— Comment vas-tu ? lui demanda-t-il en garnissant méthodiquement sa pipe de tabac. Tu dois sûrement te demander pourquoi je t'ai convié à venir me voir si rapidement.

Sine acquiesça d'un signe de tête.

— Je dois m'en aller, reprit Torwën.

— Où ça ? demanda Sine, étonné. Vous allez revenir, j'espère !

Le grand maitre tira sur sa pipe et eut un petit rire.

— Bien sûr que je reviendrai, confia Torwën. J'ai énormément de recherches à faire dans d'autres régions. Tout d'abord, je dois me rendre au royaume de Skouria, les disparitions de nains n'ont pas cessé et cela devient vraiment très inquiétant. Tu es au courant, Godrin, le neveu du roi et père de ton ami, Ruffrin, reste toujours introuvable. Une fois cela terminé, je compte me rendre à Tirm-Douine, chez mon vieil ami Roknar. Je dois aussi rencontrer le gouverneur Manfred et ses conseillers, ils n'ont toujours rien trouvé sur cette sorcière noire, et cela m'inquiète. Je leur demanderai aussi les documents sur tous les sorciers de ta région ayant un jour porté le nom de Blitz. Comme je te l'avais promis, je compte bien t'aider à découvrir l'identité de tes parents. Pour cela, j'aimerais que tu me donnes l'adresse exacte de l'endroit où tu as vécu, et quelques détails sur la directrice.