3.

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Angelo

Putain de merde, je viens à peine de me débarrasser d'un corps, et voilà que je dois déjà m'en occuper d'un autre.

Fais chier.

Je dois avouer qu'elle était bien cachée. Malgré le silence pesant et la discrétion dont elle faisait preuve, je me sentais observé. Son regard braqué sur moi m'avait poussé à la chercher, même si l'idée de gaspiller mon temps et mon énergie alors que l'incendie l'aurait probablement rattrapée et brûlée vive me paraissait plus raisonnable.

La sensation d'être observé... sacrée sensation.

Ce qu'elle ne sait pas, c'est que maintenant que nos chemins se sont croisés, elle regrettera de ne pas avoir été prise dans ces flammes ardentes, contrairement à la souffrance que je lui réserve.

Son visage tordu de douleur sous la faible emprise que j'exerce sur son bras m'irrite, sachant que je n'applique aucune réelle pression.

C'est une faible.

Je suis trop focalisé sur les larmes qui naissent dans ses yeux noisette et qui ruissellent sur son visage innocent. Ce sont des larmes de peur mêlées à la panique qui la fait trembler sous mes doigts.

Ce n'est pas l'arme qui l'effraie. C'est moi.

Rien qu'avec mes mots, elle a vite compris que je ne bluffais pas, que je n'hésiterais pas à appuyer sur la gâchette.

Cependant, malgré les flammes qui dévorent tout autour de nous, je réfléchis à ce que je pourrais faire de cette brune qui pleurniche en face de moi. Il manquerait plus que sa morve coule de son nez pour tomber sur ma main.

Rien qu'à cette pensée, un frisson de dégoût parcourt ma peau.

L'idée de la laisser partir est hors de question. Trop risquée. Elle reste tout de même un témoin. Ce n'est pas comme si je venais de me débarrasser d'un corps lambda. C'est le cadavre du bras droit de mon ennemi, personne d'autre que Gabriele DeAngelis.

Je scrute la fille du regard, ses yeux maintenant gonflés et rouges à force de pleurer. Je devrais la tuer, c'est la seule manière de me débarrasser de tout type de problème.

Ce qui signifie que je dois à nouveau m'occuper d'un nouveau corps.

Merde, la flemme. Ce n'est pas comme si je ne venais pas de tuer un homme, de le démembrer, et de faire tout ce trajet pour me débarrasser de lui. Ça m'a pris toute mon énergie, sans compter les séances de torture qui ont précédé.

— T...Tuez-moi — me supplie-t-elle en bégayant.

Je plisse les yeux, cherchant à la déchiffrer, réalisant que finalement ce n'est pas de moi qu'elle a peur.

Elle n'a pas peur de mourir.

Elle a peur de ce que je lui ai dit.

Je lui préparais une mort lente et douloureuse, juste pour mon plaisir personnel. Qu'a-t-elle bien pu comprendre alors ?

Elle m'a enlevé l'envie de la tuer, putain. La tuer n'est plus si satisfaisant que je le prévoyais. Tuer quelqu'un qui ne voit pas sa vie comme quelque chose de précieux n'est pas la même chose que de tuer quelqu'un qui connaît la valeur de celle-ci.

Ces derniers feraient tout pour être épargnés, prêts à porter des séquelles tant qu'ils peuvent rester en vie. Contrairement à ceux qui voient la mort comme une récompense, un apaisement, sûrement après une vie de merde.

Ses sanglots redoublent, tout comme ses tremblements. Mon regard, qui s'était fait lointain, perdu dans les ondulations des flammes, se recentre sur elle, sur sa silhouette. Son teint, maintenant pâle, ses longs cheveux bruns et lisses avec quelques ondulations.

BROKEN [ en réécriture ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant