CHAPITRE 78

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Les vacances de février, une période que j'affectionne particulièrement. Quand nous étions à Chicago avec ma mère, nous adorions passer ces vacances ensemble car c'était l'un des rares moments où son travail lui laissait des congés. Nous passions nos journées à cuisiner, à regarder nos séries et nos films préférés... Enfin ça, c'était quand mon con de géniteur n'était pas dans les parages sinon, c'était une tout autre histoire.

« Maman et moi préparons des crêpes françaises aujourd'hui, ça sent bon la vanille et la fleur d'oranger dans la cuisine.

Ma mère allume une plaque de cuisson et y dépose une poêle pour y faire cuire la pâte. Quant à moi, je continue de mélanger la préparation pour tenter d'enlever les derniers grumeaux.

- Scarlett ! hurle mon père en entrant dans la maison.

Maman sursaute et je manque de faire tomber le saladier rempli de pâte à crêpes.

- C'est quoi tout ce bordel ? crie-t-il en désignant la table de la cuisine d'un geste vif qui manque de le faire vaciller.

- Emily et moi préparons des crêpes, tu en veux ? lance ma mère le plus calmement possible.

- Non, j'en ai rien à foutre de vos crêpes, dit-il en éjectant la farine de la table d'un revers de la main. Où est ma putain de bouteille de whisky, Scarlett ? demande-t-il à ma mère en s'approchant d'elle.

Je reste figée sur place, ne sachant pas quoi faire. Je sais qu'il est ivre et qu'il ne vaut mieux pas le provoquer dans ce genre de situation. Un simple mouvement de ma part ou une simple parole et je m'en prends une. Alors je ne bouge plus, je ne respire plus.

- Je n'en sais rien Kyle. Probablement dans la cave, lui répond ma mère.

- Non, il n'y en a pas, j'ai vérifié !

Il lui crie dessus, le visage extrêmement près de celui de ma mère. Je sens la vieille odeur de whisky d'ici mélangée à sa sueur alors je n'imagine pas ce que doit sentir ma mère.

- Tu as peut-être mal vu ou alors...

- Tu te fous de ma gueule Scarlett ? la coupe-t-il.

Pris d'un élan de colère, il vire la poêle de la plaque et y colle la main de ma mère à la place. Elle hurle de douleur. Mon Dieu, ce son me fait tellement de mal, je souffre pour elle, en silence. Je pense que je ne pourrais jamais oublier ce cri de pure douleur.

- La prochaine fois tu éviteras de me prendre pour un con et tu m'achèteras ma putain de bouteille, lâche Kyle avant d'enfin se décider à retirer la main de ma mère de la plaque brûlante.

Il renverse tout ce qu'il trouve sur la table et s'en va énervé de la cuisine. Je me rue sur ma mère pour l'aider.

- C'est bon Emily, ça va aller, me dit-elle peu convaincante.

Elle se dirige vers l'évier pour apaiser la douleur avec de l'eau tiède. Et moi, je m'agenouille pour ramasser les conneries de mon père, laissant couler les larmes que j'ai retenues tout le temps qu'il était présent. »

Je prépare mes affaires pour aller passer la nuit chez Rebecca. Ça fait longtemps que nous n'avons pas passé une soirée toutes les deux, sans compter les rares fois au campus où l'on arrivait à se voir peut-être deux soirs par semaine quand on avait de la chance.

Je descends les escaliers munie de mon sac et retrouve ma mère dans le salon afin de lui dire au revoir.

- Ma chérie, avant que tu partes, tu as reçu du courrier pendant ton absence.

Slow Hands (T1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant