Romance d'un soir

C'était comme si le monde s'était arrêté de tourner ; ou plutôt comme si nous étions au centre de tout. A ce moment-là, la phrase « être le centre du monde » prenait tout son sens. J'avais l'impression que tout tournait autour de nous. Etais-je en train de faire un malaise, peut-être était-ce la chaleur qui me faisait tourner la tête ou encore était-ce cette tension entre nous qui me rendait folle. Il se rapprocha calmement de moi, son regard plongé dans le mien. Ses yeux bleus me paraissaient si profonds et ténébreux pourtant une part de moi ne pouvait s'empêcher d'y plonger et de s'y perdre à jamais. Il s'approcha encore un peu plus de moi. Je pouvais sentir le souffle de sa respiration près de moi. Mon cœur s'emballait, mes mains devenaient moites et nos corps se rapprochaient peu à peu. Je retins ma respiration, espérant que cela puisse faire durer ce moment un peu plus longtemps. Nos visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Il déposa délicatement un baiser sur mes lèvres puis releva lentement la tête tout en gardant notre contact visuel. Je recracha tout l'air de mes poumons puis inspira à nouveaux. Tout cela me semblait irréel. Maintenant, il était temps qu'il parte. Il se retourna sans dire un mot et se dirigea vers la sortie. Les larmes me montaient aux yeux. Je voulais l'empêcher de partir pourtant je ne pouvais me résoudre à le faire. Tant de gens avaient besoin de lui. Mais mon corps dépassa ma conscience et je cria son nom. Je le criai de toutes mes forces, de tout mon cœur, de tout mon être. Au fond de moi, j'espérais quand criant assez fort, je puisse changer le cours du temps, revenir en arrière et lui dire tout ce que j'avais sur le cœur quand il était encore avec moi. Il se retourna, un air surpris et satisfait sur le visage. Je fis un pas, m'arrêta un instant pour réfléchir, renonça à mes pensées négatives et couru dans ses bras. On s'enlaça comme ça pendant un moment avant que je ne me retire en lui disant « au revoir ». Des larmes coulaient sur mes joues mais un sourire était affiché sur mon visage. L'autre me regardait, l'air tendre. Il posa sa main sur mon visage, essuya mes larmes et me répondit simplement « je t'aurais aimé toute ma vie, comme je te l'avais promis ». Il me regarda encore quelques secondes puis fit volte-face. Il passa la grande porte en verre et disparu ainsi dans le brouillard à jamais.

Fin