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La chaleur était écrasante pour un dimanche de septembre. L'herbe du terrain avait brûlé dans sa quasi-totalité. Le match touchait à sa fin, le soleil avait atteint son apogée. Il faisait horriblement chaud, mais cela n'empêcha pas les joueuses de retenir leur souffle. L'attaquante de l'équipe adverse avait posé son ballon sur le point de pénalty, attendant le coup de sifflet de l'arbitre pour lâcher son missile. Le coach s'en mordait les doigts tandis que le gardien, lui, fit claquer la paume de ses gants. Cela ne se voyait peut-être pas, mais il était terrifié à l'idée de rater le ballon. C'était son ultime chance de faire gagner son équipe, les scores étant à égalité. Il était fatigué, mais donna ses dernières forces dans ce shoot. L'arbitre siffle, l'attaquante prend de l'élan, le gardien sautille sur ses appuis, l'attaquante frappe, le gardien saute. Il se sent voler. Ses yeux suivent la balle, ses doigts la touchent, mais il ne parvient pas à la faire dévier suffisamment et elle rentre dans le but.

Un râle sortit du corps épuisé du gardien. Ses gants recouvraient son visage. On pouvait l'entendre sangloter. L'équipe adverse fêtait leur victoire en poussant des cris de joie tandis que les filles de son équipe retournaient aux vestiaires. Il resta un moment allongé sur la terre, il ne pouvait que s'en vouloir d'avoir fait perdre son équipe, il n'avait pas réussi à arrêter ce but qui était pourtant important.

« Steve... »

Le gardien retira ses gants de son visage, découvrant le visage de son entraineur. Il ne voulait pas entendre ce qu'il avait à dire, il pensait qu'il n'avait pas été à la hauteur et ce n'est pas lui qui allait lui faire changer d'avis.

« Allez, redresse-toi »

L'homme lui tendit la main, Steve l'accepta et il se mit debout.

« Ce n'est pas grave, ce n'est pas la fin de la saison. Ce n'était même pas un match décisif, ce n'est que le deuxième.
- Mais si je ne suis pas capable de rattraper un but aussi bête quand ce n'est même pas décisif, je ne pourrais jamais le faire quand ça le sera. Je ne pourrais jamais être footballer pro si ça continue.»

Steve ne laissa pas le temps à son coach de lui répondre qu'il marchait déjà vers les vestiaires. De toute façon, il n'avait plus rien à dire. Il respira à grand coup, comme pour se calmer. Son torse se souleva à plusieurs reprises. Dans sa tête, il se répéta en boucle que ce n'était qu'un incapable et qu'il ferait mieux d'arrêter. Il retenait ses larmes avec beaucoup de difficulté. Il ne pouvait pas laisser les filles le voir pleurer.

La porte en métal s'ouvrit sur la capitaine de son équipe, Maria, qui lui fit un grand sourire. Elle se décala un peu sur la gauche pour le laisser passer. Toutes les conversations cessèrent d'un coup, les regards se tournèrent vers lui. Si ça ne tenait qu'a lui, il prendrait toutes ses affaires et se changerait dans le couloir, il se le jura.

Malheureusement, il dut attendre que le coach vienne dire son mot d'après match. Il prit sur lui du mieux qu'il put et commença à se changer. Tout le monde le regardait, elles lui en voulaient , c'était sûr. Il ne lui restait plus que son t-shirt à changer quand le coach entra dans le vestiaire. Il regarda tout le monde sans exception.

« Bon, les filles. Je pense qu'on peut tous dire que vous avez fait un très bon match. Toutes et tous, sans exception. La saison n'est pas perdue, on a encore beaucoup de matchs à jouer. Il est sûr qu'on aurait tous voulu que Steve rattrape ce but, mais on ne pouvait rien y faire. Il y a eu une grosse erreur de la défense, ce qui a créé cette occasion. Steve n'y est pour rien. À vous toutes réunies, vous avez fait plus de fautes qu'il n'en a jamais faites sur tous ses matchs. Retenez bien ça. Pour le reste, nous en parlerons à l'entrainement. »

They were fiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant