Scène V

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Elle le regarda à nouveau, perdue, puis hocha la tête. Il porta ses mains à sa propre veste et lentement, il se mit à se déshabiller.

Elle le regardait, aussi fascinée que la première fois.

Doucement, il retira la veste, il défit sa cravate et ouvrit les boutons de sa chemise avant de la faire tomber à terre. Dévoilant la peau, les cicatrices, le passé du bagnard.

Il leva ensuite les mains pour bien se montrer.

Ce geste sortit Javert de sa transe.

« Jean, » souffla-t-elle.

À nouveau, elle laissa ses mains courir sur le torse massif de l'ancien forçat, retraçant les cicatrices, une caresse à le rendre fou.

Jean Valjean était beau. Un homme fort, musclé, un homme abîmé par le bagne mais resté magnifique. Un homme abîmé par elle ! Elle n'arrivait pas à comprendre comment Jean Valjean pouvait oublier ce détail du passé.

Puis elle se décida. Elle était courageuse !

Elle glissa ses mains dans son dos et défit l'attache qui retenait le bandage. La poitrine fut libérée.

Aussitôt, Javert se recoucha, honteuse, et tendit les mains pour attirer Jean Valjean. L'homme lui obéit, silencieux et désireux.

Ce fut une sensation intense de sentir la peau nue de l'autre contre la sienne.

Les bouches se retrouvèrent et les caresses reprirent, plus douces, pleines de révérence. Elle se cambra encore lorsqu'une main chaude et forte lui caressa un sein.

« Pourquoi devrais-je être déçu ?, demanda gentiment Valjean.

- Je ne suis pas... Mes seins sont... Dieu c'est difficile ! Tu comprends ?

- Je comprends que tu es une belle femme et que tu me rends fou...

- Une belle femme ?, répéta-t-elle, interloquée.

- Béni soit ce coup de couteau ! »

Elle rit, imitée par Valjean puis son rire devint gémissement lorsque la bouche de l'homme retrouva sa poitrine et taquina un mamelon.

Valjean avait très bien compris les scrupules de la femme. Une vie passée dans un bandage serré avait abîmé irrémédiablement la poitrine, c'était un fait. Javert avait des seins, petits et sensibles, si doux. Justes faits pour une paume de main d'homme.

Justes faits pour ses mains.

« Jean, gémit-elle encore en laissant ses mains toucher les cheveux soyeux du forçat.

- Émilie... Belle, douce... Mon Émilie. »

Elle souriait, perdue dans l'amour de Jean Valjean.

« Mon inspecteur..., poursuivait le forçat, taquin.

- Monsieur le maire..., » répondit la femme, espiègle.

Valjean se retenait de caresser plus bas, c'était la première fois. C'était leur première fois. C'était sa première fois. Ils n'allaient pas faire l'amour sur un canapé. Ils étaient mal installés, imbriqués l'un contre l'autre.

Pour leur première fois, Valjean voulait aimer Javert dans son lit. Et Valjean rêvait d'emporter la femme entre ses bras jusque dans sa chambre.

Il allait s'y résoudre lorsque les cloches sonnèrent dans la nuit.

Minuit !

Javert sursauta, dégrisé, les yeux gris, concentrés. Elle se redressa, repoussant son compagnon.

Le secret de l'inspecteur JavertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant