Chapitre 29 : Isadora

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Lorsque nous avons rencontré Finn il y a maintenant plus de cent ans, mon frère et moi, je lui ai tout de suite dit qu'un jour ou l'autre il lui tournerait le dos. Entre son obsession pour moi, ses interrogations sur la puissance de notre famille et sa désobéissance depuis plusieurs jours, ce n'était qu'une question de temps. J'aurais tant aimé me tromper, par pour lui, mais pour Ian. Je relâche le corps que je tiens entre les mains et contemple le jardin, qui quelques minutes plus tôt était verdoyant et qui est à présent recouvert de sang. Franziska est hors de combat, malgré toute sa bonne volonté. Endosser le rôle de faucheuse, après plusieurs siècles à l'avoir mis au placard est tout à son honneur. Ça en dit beaucoup sur l'amour qu'elle porte à la nouvelle femme de mon frère. Même si ce jeune vampire l'a transpercée, il n'est pas allé au bout, ce qui lui donne de grande chance de survivre et alors je lui annoncerais. Oui, je lui raconterais quand elle reviendra à elle comment j'ai arraché la tête à ce novice pour la vengée malgré nos rancœurs et que j'ai pris son cœur pour m'en délecter. Parce que cette Autrichienne se réveillera. J'essuie mes mains dans le bas de ma robe qui ressemble plus à un torchon qu'autre chose. La solution pour venir à bout de cette andouille était radicale, mais ô combien salissante ! Je repère Valentina toujours devant cet Abramo, mais il m'est encore impossible d'aller l'épauler et je supplie qui pourra m'entendre de la protéger. Je me suis déjà débarrassé de trois des cinq femmes qui me faisaient face quelques minutes auparavant, ce qui m'a permis de me dégourdir les doigts après plusieurs siècles enfermés à Lieuisolé. Il ne me reste que trois adversaires auprès de moi, un mâle venu se joindre aux deux femelles, au moment où je m'apprêtais à aider Franziska, juste après avoir tué le novice. L'homme se rapproche de quelques pas, ce qui ramène mon attention sur eux.

— Qu'est-ce qui te fait sourire sale monstre métis ! me lance-t-il dédaigneusement.

Je ricane, comme si c'était une insulte. Je suis consciente d'être une enfant illégitime et que mes pouvoirs ne sont quasiment pas associés dans les autres clans. Cependant, je compte bien lui monter qu'ils sont ma force et lui fermer son clapet.

— Qui es-tu petit insecte pour parler ainsi à l'une des femmes les plus puissantes des familles de vampires réunis ?

Il plonge ses yeux dorés dans les miens, son épée toujours solidement maintenue par des mains qui ne tremblent pas une seule seconde. Comme la plupart des habitants de ce château, je préfère me battre à mains nues sans faire appel à mon don de métamorphose, ce qui ne m'empêche pas d'être intimidante, je le sais. Pourtant, il ne bronche pas, au contraire.

— Je suis Mattia Abramo, premier fils de Domenico Abramo, ancien Alpha de la famille. Je vais t'arracher la tête et l'accrocher au bout d'une pique pour l'offrir à mon frère.

Mon rire meurt dans ma gorge, pense-t-il réellement pouvoir me tuer ?

— Donc tu es passé du futur Alpha à petit chien de ton frangin ? Je demande, insolemment, un rictus mauvais aux lèvres.

Ce crétin ne se donne pas la peine de me répondre et fonce sur moi tellement vite, que je réussis à peine à esquiver son attaque. Je roule sur mon côté gauche et découvre une entaille sur mon flanc droit. Avec cette robe, impossible de bouger comme je le veux. Je la regarde une dernière fois et souffle d'exaspération tout en secouant la tête. J'attrape le tisse et la déchire à contrecœur à mi-cuisse pour me conférer plus d'aisance.

— Trop molle Robasan. Susurre-t-il d'une voix suave. Ton Alpha serait déçu que sa bâtarde de petite sœur ne soit pas à sa hauteur.

Ses mots me remplissent de haine, comme si j'avais besoin qu'on me rappelle que je suis inférieur à mon frère malgré mes pouvoirs. S'il me trouve trop lente, voyons voir ce qu'il pense de mes éclairs et de mon feu.

Valentina Tome 1 : un monde nouveauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant