8 ¦ Ah ouais, chaud...

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"— Elliot bordel, attend ! Ralentis !"

Amaury courait après son meilleur ami depuis maintenant plusieurs minutes, suivi de près par Nestor.

Au bout de quelques minutes, les trois garçons ayant largement dépassé le lycée (le portail fermait mal et les surveillants n'étaient qu'une légende dans cet établissement, alors ça facilitait un peu les fugues entre chaque cours), Elliot s'arrêta enfin, se retournant lentement pour lui faire face.

"— Et pourquoi je devrais faire ça hein ? Monsieur a enfin trouvé un peu de temps pour m'écouter, ou il a juste pitié que je lui balance tout dans la gueule ?! Parce que bon, tu dois avoir un emploi du temps de ministre, vu qu'en dix ans tu n'en pas toujours pas trouvé, du temps, pour ce que tu appelles un meilleur ami !"

Amaury ne répondit pas tout de suite, abasourdi. Jamais il n'avait entendu Elliot crier avant, et il avouait que c'était légèrement effrayant. En réalisant ce que le blond voulait dire, son cœur se serra douloureusement dans sa poitrine.

"— Elliot, tu sais-

— Non justement, je ne sais rien ! Tu vas me sortir quoi comme excuse pourrie ? « Ce n'est pas ce que je voulais dire » « Je suis désolé, j'aurai dû m'en rendre compte » ?! Faut se recycler mon vieux, ces excuses ne marchent plus depuis la primaire à peu près !

— Je... je ne savais pas... Elliot, je te jure que-

— C'est bien là, le problème ! Tu ne sais pas parce que tu ne veux pas faire l'effort de savoir ! Si tu faisais un peu plus attention à moi, tu aurais remarqué que j'ai quitté Jessica il y a presque deux semaines maintenant ! Peut-être même que, si tu étais un peu moins égocentrique, tu te serais rendu compte que je vais mal depuis trois ans à peu près, tout simplement parce que tout mon être me dégoute ! Est-ce que tu te rends compte de tout ça ?  Pourquoi je pose la question, même ? Évidemment que non, puisque tu ne fais jamais attention à autre chose que ta petite personne !"

Silence. Même les passants s'étaient retournés en entendant crier, et certains affichaient maintenant une mine choquée face aux propos du riche. La tension était si palpable que même Nestor, qui pourtant avait le défaut de rire nerveusement dans n'importe quel situation — même les enterrements —, ne parlait pas, ayant arrêté de battre des ailes pour rester le plus invisible possible au mur du son.

"— Tu te dégoutes ? Demanda timidement Amaury, n'ayant retenu que ça de la tirade de son ami.

— Et c'est tout ce que tu retiens ? Non mais je rêve ! Si tu veux tout savoir, oui, oui je me dégoute ! Je me hais, voilà t'es content ? Je l'ai dit, je l'ai gueulé même ! Je me dégoute de ne pas être normal et de trouver les torses plats plus attirant que les poitrines, de ne pas pouvoir avoir un minimum de sentiment pour tout ce qui se genre au féminin ! Je me déteste au point d'avoir l'impression que je sali du regard tous les hommes que je fixe avec un minimum d'intérêt et de ne pas pouvoir me sentir propre sans presque m'arracher la peau quand je les frôle ! Mais ça, t'es trop con pour le remarquer hein... cria une dernière fois Elliot, avant que l'eau salée s'échappant de ses yeux coule sur ses joues. Qu'est-ce qui va pas chez moi, Am' ? Finit-il faiblement, vacillant quelque peu."

Amaury accouru pour le prendre dans ses bras, le serrant dans une étreinte si puissante que l'ange gardien eu peur qu'il casse un os au blond platine.

"— Non non non, ne pleure pas. Je suis désolé Elliot, tellement désolé... Rien ne va mal chez toi, je te le jure..."

Il l'a maudit 5 foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant