Avant de descendre dîner, Ellen décida de se "refaire une beauté" : faire bonne impression auprès de sa nouvelle famille était indispensable. Elle décida de tresser ses cheveux et d'enfiler un pull, puis elle se fixa quelques secondes dans le miroir et sortit de sa chambre. À peine la porte refermée, elle crut apercevoir une ombre traverser le couloir et fit volte-face, mais... rien. "Sûrement une hallucination.", pensa-t-elle.
Elle prenait la direction des escaliers quand une petite fille surgit de nulle part, lui provoquant presque une deuxième crise cardiaque. Elle faisait trois têtes de moins qu'Ellen, possédait une longue chevelure brune et était vêtue d'un uniforme d'écolière."Bonjour ! Je suis Flora. Quel est ton prénom ?"
La jeune femme sortit un petit bloc-notes ainsi qu'un crayon de sa poche et écrivit d'une écriture élégante et penchée : "Ellen." Puis elle le montra à Flora.
"C'est très joli comme prénom. J'aime beaucoup tes cheveux !"
Ellen la gratifia d'un sourire chaleureux et la petite fille s'enfuit en riant en direction des escaliers. Un sourire illumina le visage d'Ellen : enfin une personne qui n'était pas froide dans ce manoir.
Malheureusement, ce n'était que le début...
Elle descendit les escaliers, et, une fois en bas, traversa le hall pour rejoindre la salle à manger. Là, autour d'une grande table rectangulaire en bois sombre, étaient assis l'Oncle Fairchild, Flora, Mrs Grose et un adolescent de l'âge d'Ellen, dont elle n'avait pas encore fait la connaissance.
"Bonsoir, Miss Mendell. Prenez place, je vous prie."
Ellen ne se le fit pas répéter deux fois et se dirigea vers la chaise à côté du garçon aux cheveux bouclés. Celui-ci l'ignora et planta d'une façon assez brutale sa fourchette dans un morceau de viande rouge.
"Tu n'as pas encore fait la connaissance de mon frère ?", interrogea Flora avec un grand sourire.
Elle fit non de la tête.
"C'est moi, déclara froidement le jeune homme à côté d'Ellen. Je suis Miles.
— Alors, vous vous plaisez ici ma chère ?", intervint l'oncle.Ellen hocha vivement de la tête avec un grand sourire.
"Bien. Miles et Flora pourraient vous faire faire le tour de la propriété demain matin, qu'en dites-vous ?"
Miles lança un regard noir à son Oncle. Flora sourit.
Ellen haussa les épaules et chercha un signe d'approbation de la part de Miles et Flora."Oh, oui ! Ça va être génial ! On pourra lui montrer le bassin de Koï, n'est-ce pas Miles ?"
Celui-ci fit un léger sourire à sa sœur avant de lui répondre :
"Oui, si tu veux."
༺ ♧ ༻
Après le dîner, Ellen décida d'aller flâner dans la bibliothèque du manoir, promenant ses mains sur les longues rangées de manuscrits. Elle opta pour 1984, de George Orwell. C'était son livre préféré. Elle le prit en mains, se dirigea vers un fauteuil, et, là, elle passa la soirée à le feuilleter, relisant ses chapitres préférés.
Dehors, le brouillard avait envahi le parc, et le froid engourdit les membres de la jeune femme, qui se blottit un peu plus dans son fauteuil."Tu n'aurais pas froid par hasard ?"
Ellen fut parcourut d'un frisson en reconnaissant cette voix. Miles. Elle referma son livre, leva les yeux vers lui, et fit non de la tête. Miles leva les sourcils, une expression moqueuse sur le visage.
"C'est pour cela que tu claques des dents, n'est-ce pas Sherlock ?"
Ellen leva les yeux au ciel. Miles secoua la tête de gauche à droite, et il lâcha dans un ricanement :
"Peu importe, ce n'est pas comme si tu allais me crier dessus pour t'avoir allumé un feu."
Miles se dirigea vers la cheminée au centre de la pièce, et entreprit d'allumer un feu.
Ellen, quant à elle, soupira et replongea la tête dans son livre, ne payant aucune attention au jeune homme à quelques mètres d'elle.
Lui, si. Il l'observait sous toutes les coutures tandis qu'elle parcourait les lignes de son manuscrit. Elle leva les yeux vers lui en sentant son regard."Pourquoi ne parles-tu pas ?"
Miles avait dit cela en la regardant dans les yeux, avec une curiosité apparente.
Ellen baissa les siens. Une ombre passa sur son visage, comme si avoir posé cette question avait ravivé un souvenir désagréable au fond d'elle-même.
Miles fronça les sourcils et n'insista pas, puis, une fois le feu allumé, il s'éclipsa de la pièce, laissant la jeune femme seule.Cette question trotta dans sa tête durant toute cette soirée-là : pourquoi ne parlait-t-elle pas ?