La Malédiction

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Prologue

L’enfant courait. Sans relâche. Une fois de plus. Ses courts cheveux bruns lui collaient au front, mélange de sueur et de pluie. Une délicate larme coula le long de sa joue. Le jeune garçon arriva là où il devait arriver, sa destination ultime. Il savait parfaitement ce qu’il avait à faire maintenant. Il avait peur. Il était terrifié, même. Mais après la mort prématurée de ses parents, il ne pouvait pas; ne voulait continuer à vivre. Il n’avait pourtant que douze ans.

Il ne pouvait supporter de revoir en boucle le corps de ses parents, sans vie, dans le véhicule, cette image hantant toutes ses nuits. C’était entièrement de sa faute. S’il n’avait pas été là, son père et sa mère le seraient encore. Il vit les phares d’une voiture s’approcher dangereusement de lui. Ces phares finirent par s’éloigner.

Il anticipait son geste. Il savait que c’était le point de non-retour. Il rejoindrait ses parents et ses grands-parents, peu lui importait où ils étaient. Il voulait mettre fin à sa vie. Et c’était ce qu’il allait faire. Immédiatement.

Il sortit le couteau de cuisine de son manteau de printemps avant de le retourner vers lui. Lorsqu’il se décida enfin à commettre l’irréparable, on tenta de l’arrêter.

L’homme de la voiture. Son oncle. Il tenta de lui enlever son couteau, mais il était trop tard. L’arme blanche avait déjà pénétré dans la poitrine du garçon, qui s’écroula aussitôt. Son oncle le rattrapa, courut jusqu’à sa voiture puis se dirigea vers l’hôpital.

Il fut branché à plusieurs machines. Il resta quelques jours dans le coma. Puis il se réveilla enfin. Et constata qu’il était encore en vie. Le couteau était passé à seulement quelques centimètres de son cœur. Il avait manqué son coup. Une longue cicatrice marquait sa poitrine. Son oncle était à son chevet depuis ces 6 jours. Lorsqu’il remarqua que son neveu était éveillé, il commença à pleurer de joie.

C’est alors que Zak se réveilla. Et il savait parfaitement qui était ce jeune adolescent. Ce n’était pas la première fois qu’il faisait ce rêve.

Parce que ce jeune adolescent, c’était lui. Nul autre que lui.

Chapitre 1 

La veille...

Je m'arrêtai, essoufflée. Je me laissai tomber par terre, le front trempé de sueur. Je tentai de ralentir mes respirations sans trop de succès. Mon entraineur me regarda avec dédain, puis d'une voix calme, m'ordonna de me relever, ce que je fis avec difficulté.

-Recommences.

-Quoi? Mais je n'arrive même pas à me relever! répondis-je, indignée.

-Tu es debout. Tu t'es relevée. Recommences.

-Mais...

-RECOMMENCES.

Son ton exigeait que j'obéisse immédiatement. Je m'exécutai sans ajouter quoi que ce soit. D'abord lentement, pour reprendre la vitesse par la suite. Huit mannequins d'entraînement sont placés autour de moi. Fixés au sol, ils peuvent m'attaquer si je suis assez près d'eux, mais lorsqu'ils sont trop endommagés, ils disparaissent pour laisser place à un autre. On peut fixer leur capacité de défense et d'attaque ainsi que leur résistance... Ce que mon entraîneur prend plaisir à faire. Il fait rapidement passer la difficulté au maximum. Je dois combattre ma fatigue et vaincre les huit mannequins qui m'attaquent.

Joie.

Je dégaine déjà ma dague. J'en achève trois assez rapidement. Mais lorsqu'un des autres me vole ma dague... SALAUD. J'oublie complètement que je suis supposée être essoufflée et je lui envoie un énorme coup de pied vrillé, reprend ma dague puis le poignarde jusqu'à ce qu'il disparaisse. Je perce la carotide du 5e, brise la tempe du 6e avec une pierre, plante ma dague dans le crâne du 7e, puis je me mets à rouer le dernier de violents coups jusqu'à ce qu'il s'écroule.

Je tombe à genoux, la rage dans les yeux. Je ramasse ma dague, me relève, puis je mets terme à l'entraînement. En partant, je me retourne et lui crie :

-Toé, j'vais te péter la gueule!

Il me sourit puis je repris mon chemin, encore plus enragée que je ne l'avais jamais été.

J'entrai chez moi, personne à la maison. Parfait. Je claquai la porte de ma chambre, me changeai, puis observai mes mains, bras et jambes toutes écorchées. Je pénétrai dans la salle de bain pour désinfecter mes blessures, maudissant mon entraîneur.

La soirée se passa normalement, excepté ma mauvaise humeur. Je haïs ce salaud.  Je VAIS le battre.

Oui. Je l'aurai, tôt ou tard.

Chapitre 2

Erick entra chez lui, plutôt amusé. Cette petite a du caractère. Mais elle ne le vaincra jamais. Ils entretenaient une haïne mutuelle, mais, au prix auquel on le payait, il ne s'en souciait guère.

Il soupa d'un bouillon de poulet et d'une petite miche de pain, seul, comme d'habitude. Il aimait la solitude. Il fit un saut dans la douche avant d'aller se glisser dans son lit, uniquement vêtu d'un simple pantalon de coton.

Il n'aurait pas pu se douter qu'il ne verrait pas le jour.

***

Les yeux de la jeune femme s'ouvrirent, complètement blancs. Sa peau semblait avoir noirci, ses ongles était maintenant de longues griffes acérées. Mais demeurait toujours sa forme humaine, ses longs cheveux, les traits de son visage... Mais c'était Elle. Pas celle qu'on connait. La face cachée de cette magnifique femme aux hypnotisant yeux d'émeraude. C'était l'Entité. Pour les prochaines heures, Jessika serait, à nouveau, une enveloppe corporelle dépourvue de contrôle. Un pantin. Un simple pion.

L'Entité se leva. Sortit par la véranda qui était connectée à la chambre de son hôte.

Puis, tel un fauve, Elle se faufila d'une ombre à l'autre, dangereuse, meurtrière. Elle connaissait le chemin à prendre.

Elle ne manquait jamais sa cible. Sa proie n'avait aucune chance de survie.

Aucune.

*** 

Erick se réveilla au beau milieu de la nuit. Il sentit alors un poids étrange sur lui. Il ouvrit les yeux plus grands pour voir quelle en était la nature. Il ne vit que deux cercles blancs. Les yeux de son prédateur.

Il tenta de crier, mais en fut incapable. Le son resta coincé dans le fond de sa gorge, sa panique étant beaucoup trop intense.

Puis, une voix dédoublée, monstrueuse, mais trop familière s'éleva dans le silence de la nuit :

- Je t'avais promis que tu regretterais.

Puis, une énorme déchirure se fit entendre. Les traces profondes et sanglantes des griffes de la Bête était imprimées sur le torse d'Erick.

Puis, il sentit une coupure au niveau de sa gorge.

Avant de sombrer, il pensa à une dernière chose : Il n'aurait jamais dû ouvrir les yeux.

Quelques secondes plus tard, l'Entité avait disparu.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 22, 2013 ⏰

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