Nous ne pouvons jamais fuir notre destin

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Cinq années plus tard.

- Non, non et non Charlotte ! N'insiste pas, je ne sortirai pas ce soir !

 Je contourne la grande table de couture et cherche dans un des casiers, le classeur avec les dernières références et les différents modèles de mousseline de l'atelier.

- Johanna, sérieusement c'est quand la dernière fois que tu as eu un rencard avec un homme ? Me questionne ma sœur.

 Je pose le classeur un peu plus fort que prévu et regarde mes collègues dont certains se pincent les lèvres pour éviter de rire.

- Ça ne te regarde pas Charlotte. Ma vie privée reste privée.

- Mais, je suis ta vie privée... alors, d'accord, on oublie le rencard. La dernière fois que tu as touché un homme, ça remonte à quand?

 Elle m'énerve. Je n'aime pas parler de ma vie intime, encore moins avec ma sœur et ici. Ce n'est vraiment pas le moment. Je souffle bruyamment en espérant que quelqu'un vienne à mon secours et la distrait.

- Tant que ça ? Demande-t-elle en se moquant.

 J'ouvre mon classeur en lui répondant en anglais de se taire, qu'elle me fait honte.

- Tu sais, Johanna, nous parlons tous anglais ici. Me rappelle Maxime, un des costumiers de l'équipe avec un clin d'œil. 

Un quadragénaire, châtain clair tirant presque sur un auburn clair aux yeux bleus, charmant. Lorsqu'il sourit les filles sont sous son charme. Il est aussi le fils du PDG. Ils sont notre famille d'accueil. Notre famille tout simplement, devrais-je dire. Lorsque nous sommes arrivés en France, ce sont les premiers à nous avoir ouvert les bras. Nous les avons rencontrés à la Wice. Une association payante. Trente euros pour les moins de trente ans. Cette association propose aux anglophones qui habitent à Paris de nombreuses activités. Des cours de langues, de cuisine, d'œnologie, de photographie et d'art sont disponibles, ainsi que des visites guidées, des cours de littérature, et un club de lecture bilingue. Ce qu'il nous fallait pour nous donner une chance et montrer ce que nous valions. La seconde place où nous allions était l'American Church in Paris. L'un des seuls endroits qe nous avons trouvés pour les anglophones qui soient gratuits. 

 J'avais oublié ce petit détail. Chez Bianca le premier critère de recrutement est d'être au minimum bilingue. La communication doit pouvoir se faire autant en français qu'en anglais pour ne pas décevoir les clients étrangers.

 Je souris pour seule réponse. Un sourire faussement gêné. Elle va croire que je n'ai pas de relation et devrait me laisser tranquille.

- Oh my god! Tu n'es pas sérieuse quand même . Ça va faire 4 ans... non 5 ans.

 Je suis morte de honte. Je la fusille du regard. Maxime reste bloqué avec son crayon à la main. Ce n'est pas du tout ce que j'espérais en souriant de la sorte. 

 - Tu veux dire que tu n'as pas d'homme dans ta vie depuis tes dix-huit ou dix-neuf ans ?! ose-t-il me demandé.

- Concentre-toi sur ta future création au lieu de ma vie sexuelle Max ! Dis-je en me concentrant sur une mousseline gris-noire avec des fleurs printanières rose pêche, rose incarnadin, jaunes de Naples et des petites touches de gris lavande. Ce sera parfait pour une de mes créations.

- Oui mais quand même... dit-il en se remettant difficilement au travail et me regardant à plusieurs reprises.

- Si tu veux rester mon meilleur ami, vaut mieux pour toi de ne pas finir ta phrase.

En vérité ça remonte à pas très longtemps mais c'était nul. Ce n'était que physique sans connexion. Je n'ai rien ressenti et j'ai dû simuler pour motiver mon partenaire à venir plus rapidement. Je ne ressens plus vraiment le plaisir à part seule et c'est bien triste d'un côté. Personne n'est au courant de ça à part Monsieur No.

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