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The night we met - Lord Huron*
Assise sur son lit en tailleur, la jolie rousse lisait la lettre de son camarade avec attention. Plus elle parcourait les nombreuses lignes, plus elle se rendit compte qu'il lui manquait affreusement. Delphia ressentit chaque peine dans chacun de ses mots. Elle ne connaissait pas l'environnement dans lequel Drago avait grandi mais en lisant sa lettre, elle comprit que ce n'était pas un monde pour elle, un monde qui allait l'accepter. Elle était loin de s'imaginer que l'univers de Malefoy devenait de plus en plus sombre, elle ne savait pas que le blond allait basculer du jour au lendemain dans les ténèbres. Il lui en parlait vaguement dans ses écrits, mais ne s'épanchait pas vraiment sur la situation plus que dangereuse dans laquelle il vivait soudainement. Il voulait tout de même la protéger.
Drago n'avait pas pu attendre pour prendre de ses nouvelles. Il avait louché plusieurs fois sur le morceau de parchemin à sa disposition avant d'attraper sa plume et de se lancer. Le blond avait besoin de réconfort, d'écrire à quelqu'un d'optimiste pour s'évader un peu de son quotidien plus que macabre. Alors qu'il était entrain de retranscrire tout ce qu'il avait dans la tête sur ce papier, il entendait en même temps les cris de détresse de ceux qui étaient en bas, de ceux qui souffraient. Son manoir n'était plus aussi accueillant qu'avant et en y réfléchissant, il ne l'avait jamais vraiment été.
Le contenu de la lettre se révélait presque morose pour la jeune fille qui voyait la situation d'un œil objectif. Elle ne connaissait pas plus que ça Drago mais sentait qu'il était différent, qu'il n'était pas heureux. Il avait cette façon de ponctuer ses phrases avec des mots finement choisis :
« Chère Delphia,
Il m'est venu l'envie soudaine de t'écrire, car je me posais de drôles de questions. Je me demandais comment était la vie à la campagne, si c'était reposant, si on s'y sentait bien. J'ai toujours remercié mes parents d'être fils unique mais à l'instant même ou je t'écris, j'aurais aimé avoir quelqu'un avec qui partager mes journées. Je t'envie sur ce point.
Je ne m'ennuie pas mais presque. J'ai pris de mauvaises habitudes à Poudlard dont celle de te regarder constamment. Savais-tu que tu es une personne inspirante ? Ta joie de vivre, ta simplicité sont des qualités qui manquent ici. Je tourne en rond en cherchant qu'est-ce que je pourrais bien admirer mais il n'y a pas grand chose d'aussi intéressant que toi.
Je repense sans cesse à notre baiser d'au revoir et tous les soirs, ça me permet de m'endormir paisiblement. J'ai l'impression d'avoir raté tellement de choses à Poudlard et que je vais en rater davantage.
Je n'ai même pas eu la politesse de te demander comment tu allais. J'espère que tu vas bien, j'espère que le retour s'est bien passé. C'est ma première et dernière lettre avant qu'on se revoit. Mes parents ont prévus tellement de choses que je ne sais pas si j'aurais le temps de t'écrire.
Affectueusement,
Drago Malefoy.P.S : Ne réponds pas à cette lettre s'il te plaît. »
La jolie rousse ne savait quoi dire, ne savait pas comment interpréter cette lettre. Delphia avait beau trouver l'attention sympathique, elle trouva néanmoins qu'une certaine détresse se dégageait de celle-ci. Instinctivement, elle plaqua le morceau de papier contre sa poitrine et inspira profondément. Elle avait besoin de le revoir, de savoir comment il allait réellement. La gryffondor s'affala finalement sur son lit en regardant le plafond avant d'humer l'odeur si réconfortante de la lettre. Elle sentait Drago, son eau de Cologne boisée avec ce soupçon de menthe qu'elle adorait tellement. C'était un peu comme si il était avec elle.
Et seul Merlin savait à quel point, Drago désirait être à ses côtés. Il n'avait pas la chance d'avoir de la compagnie dans son imposante demeure, il n'avait pas la chance d'avoir une famille aimante. Il se contentait de suivre ce qu'on lui ordonnait de faire, il n'avait pas le choix de s'exécuter parce qu'il avait une certaine pression derrière lui. Une pression de taille, une pression nommée Voldemort. Drago Malefoy était encerclé de personnes qu'il ne tolérait que par obligation. Il devait suivre le chemin de son père, il devait faire honneur à sa famille et lui seul savait à quel point c'était dur au quotidien.
On lui dictait sa vie, dictait comment vivre. Même ses sentiments étaient surveillés. Il n'avait pas le droit de ressentir et de faire paraître n'importe quelle émotion. Drago devait paraître froid, détaché de la situation gravissime dans laquelle il se trouvait. Être fort, être puissant. C'étaient les ambitions de Lucius Malefoy pour son fils au détriment de ce que lui voulait réellement. Si on demandait à Drago ce qu'il souhaitait vraiment, il n'aurait d'ailleurs même pas été capable de répondre. Il ne savait même pu lui même ce qu'il désirait, à un détail près : revoir Delphia. Elle était celle qui le voyait différemment, celle qui l'avait défendu contre tous.
La gryffondor avait toujours vu du bon en lui contrairement aux autres. Elle avait creusé sous cette imposante carapace et s'était attachée à cet être si froid qu'elle se mit à apprécier son ton glacial et ses yeux aciers. Delphia était comme sa mère, elle ne se fiait jamais aux apparences et cette fois, elle ne s'était pas trompée. Drago valait le coup, elle en était sûre. La rousse rangea soigneusement la lettre du serpentard dans le tiroir de sa table de chevet avant de contempler le fabuleux couché de soleil à travers sa fenêtre. Elle aurait voulu qu'il soit à ses côtés pour le regarder.
Gustaf ne vit pas sa fille revenir et s'inquiéta qu'une mauvaise nouvelle en soit la cause. Il monta alors les escaliers les menant à sa chambre et une fois arrivé devant sa porte, il toqua timidement avant d'entrer. Le vieil homme observa Delphia et lui sourit. Elle était entrain de regarder par la fenêtre, les yeux vides. Il se mit assis à côté d'elle et contempla à son tour le paysage. Il ne savait pas comment la consoler ni comment la rassurer. Il connaissait sa fille, elle n'allait pas au mieux et cela le rendait aussi triste qu'elle.
« - Une mauvaise nouvelle ? Demanda alors son père en jetant un rapide coup d'œil à sa fille.
- Non... Enfin pas vraiment, répondit Delphia en haussant les épaules.
- Tu sais ce qui te ferait du bien ? Lança son géniteur sur un ton malicieux.
- Non ? Fit la jeune fille en se retournant enfin vers lui.
- Des crêpes ! Tout le monde aime les crêpes c'est connu ! Allons préparer tout ça, s'exclama Gustaf en trainant sa fille en dehors de la chambre. »Et il réussit à la faire à nouveau sourire. Delphia gardait tout de même à l'esprit toutes les paroles de Drago, mais vu qu'elle n'avait pas le droit de répondre à sa lettre, elle mit en sourdine ses sentiments les plus moroses pour profiter de sa famille. Les vacances étaient faites pour ça, pour se ressourcer auprès des gens qu'on aimait. L'ensemble de la famille Gray mit la main à la patte pour cuisiner les fameuses crêpes. Wren et Anton se chargeaient d'aller chercher des œufs dans le poulailler tandis que Tom et Elijah faisaient la course pour savoir qui mettait le plus vite la table. Delphia sentit son malaise aussitôt s'envoler en entendant à nouveau les rires de ses frères. Son esprit s'allégeait à mesure qu'elle participait à cet engouement général.
« - Qui fait sauter la première crêpe ? S'écria Gustaf en riant.
- Celui qui a la plus grande baguette ! Répondit Clay en sortant la sienne de sa poche.
- Dégainez vos baguettes alors, leur ordonna leur père. »*
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Bᥱ mყ ᥣovᥱ storყ
FanficGustaf Gray était un fermier sorcier et un père exemplaire. Il était prêt à tout pour sa famille, même de s'en séparer. Ruiné, le vieil homme envoya ses cinq enfants à Poudlard malgré son évident besoin de soutien à la ferme. L'unique fille de la...