Il pleuvait. Une pluie battante à faire pleurer fantômes. Donc, les fantômes pleuraient.
Forêt AOKIGAHARA; la pluie, il fût probable que la pluie mélangée à la glace abrita des êtres dont on ne se souvenait plus, lesquels avaient fusionnés avec les coulées de laves.
La mémoire de l'eau avait appuyé sur le ventre d'un chant sans nul autre pareil qui faisait naître une compassion sans limites pour ceux dont le cœur était le plus sensible, le plus ouvert, le plus sensitif. Chaque pas l'un devant l'autre, vous faisait aller à l'inverse d'où vous vouliez aller, ou bien vous tourniez en rond telle une toupie, par une distorsion du champs magnétique, tel que quelques uns le perçoivent. Ici ou il fallait de l'amour, y avait-il de la peur, ou de l'engouement ou une pensée macabre réellement manifeste, en soi.
Alors, tout à coup vous étiez happé par ce chant qui venait langoureusement vous mettre devant l'un des fantômes, lui même en lien avec un autre fantôme lequel avait été attiré par ce que presque personne ne dirait jamais car le respect des secrets est tel, qu'ils ne se livrent que dans le plus complet des respect et de la haute demeure ancestrale que vous pouviez faire vivre à l'intérieur de vous même, dans le lieu de plus enfoui, sous les couches de votre être les plus innocentes, les plus aimantes : seules conditions pour que le passage s'ouvre.
Alors, sans ce respect le plus total, vous pouviez malgré vous-même tomber dans la vertigineuse folie de cette danse qu'il vous serait difficile d'éviter. Vous ne devriez ni en parler ni l'évoquer, hors êtres sûrs sinon, il vous faudrait ensuite beaucoup de compassion et pour les autres et pour vous-même, afin d'éviter de chuter et de vous trouver en contact avec de petits êtres étranges et chantant qui, bien que farceurs, vous ouvraient sur le pan d'une autre réalité que vous ne pourriez pas forcément supporter et pour laquelle, vous ne voudriez plus rester dans ce temps, pas plus que dans cette vie, ni dans ce corps.
Une brume envahissait facilement les lieux et il fallait alors lever la tête au plus haut pour apercevoir les prémisses de la lumière. Il faisait sombre et froid et devant un tel barrage, il fallait alors s'accoutumer aux vents, à chacun des vents qui avait pénétré dans la forêt : un vent glacial indiquait que vous aviez le contact avec un mort, ou bien, que quelque chose se débloquait dans votre propre corps de façon à ce que vous puissiez allez mieux, mais la transcription du phénomène ne se donnait que d'être en être, aussi trouvait-on parmi les vivants beaucoup d'entre-deux qui avaient été piégé par cette incompréhension.Un vent très doux et léger mettait en contact avec une âme sensible et si vous sentiez une caresse très douce vous toucher, vous saviez alors qu'il y avait une âme d'enfant qui souhaitait prendre refuge en vous même. Littéralement, les âmes d'enfants pouvaient être très douces mais aussi emportées et très vindicatives, voire colériques.
Et comme beaucoup ici s'étaient pendus, votre gorge commençait à se serrer, les larmes vous venaient aux yeux sans que vous le compreniez et sans que vous n'y puissiez rien, si ce n'est l'accord parfait avec la sensation. Hors cela, vous risquiez de vous perdre encore plus et de ne plus revenir, de ne plus avoir d'espoir, de ne plus croire en rien et de penser que tout serait fini avant que vous n'ayez pu retrouver la sortie de la forêt.
Cette forêt elle-même était de celles qui ouvre les perceptions sur la réalité effrayante de la nature, une nature qui pouvait vous rendre au centuple ce que vous lui donniez ou pas. Ceux qui ne faisaient pas de mal aux animaux n'étaient pas épargnés. La réalité d'un tel dilemme vous prenait et ne vous relâchait plus pendant longtemps : rester en vie ou quitter votre corps ? Si vous étiez passés par là, vous pouviez alors entendre les autres et qu'ils ne vous voient plus. Ne plus rentrer réellement en contact avec les autres. Ils ne vous verraient parfois même plus, ce qui causait de nombreux problèmes administratifs puisque de ce fait vous en veniez à avoir une peine considérable à pouvoir ancrer dans la réalité des gestes concrets.
Vous ne pouviez alors pas seulement voir les arbres s'illuminer.
Parfois certains en ressortaient avec une autre compréhension du monde : une ouverture précipitée par un changement soudain de perception, qui faisait alors de vous une tout autre personne, une possibilité de communiquer différente, et une ouverture d'esprit totalement autre. Il n'y aurait alors pratiquement plus de limite à rien. La réalité n'existait pas et n'avait jamais existé que dans les esprits les plus vains : ceux qui se raccrochaient aux sciences et aux mathématiques étaient curieusement les plus proches de l'incompréhension du monde la la plus totale, pour se raccrocher à une bonne rampe de sécurité, mais en vain.
Si vous connaissiez réellement les arbres, vous ne devriez plus les regarder d'un air morne, d'un œil balayant le paysage comme si vous donniez un coup de balai en étant ailleurs que dans ce qui vous est proposé. En même temps que vous devriez faire attention à ce qui vient à vous, et quoique ce soit et qui que ce soit. Il parait qu'il existe de petite boules animées d'un esprit farceur qui auraient tendance à vous faire des blagues.
Ils peuvent se trouver tout autour des arbres mais aussi à l'intérieur.
L'esprit des arbres vient des racines lesquelles ont trempé dans un contexte : ce contexte confère à chaque arbre une fonction particulière en fonction du regard de chacun, mais aussi des possibilités, du pouvoir et de la retenue possible, de la capacité à se laisser emmener sur un autre rivage, et ce malgré toutes peurs.
L'espace de vie ne se situe pas uniquement ou nous l'avons trouvé, c'est le plus difficile à croire.
Enthymème d'après le Littré : "Terme de logique. Raisonnement qui n'est qu'un syllogisme réduit à deux propositions, dont la première est appelée antécédent, et la seconde conséquent. La célèbre proposition de Descartes : Je pense, donc je suis, est un enthymème".