FAÇONNE-MOI | Loki ~ TERMINÉ ~

Acte III 🌹: Chapitre 4 🐍

Le désir ne naît pas toujours avec les sentiments amoureux, au contraire. Il y a ceux qui aiment passionnément sans ressentir le besoin physique de l'autre ou ceux qui mentent à leur conjoint parce qu'ils désirent juste du physique. En fait, les gens croient trop souvent que les deux vont de pair. C'est vrai, bien sûr, que leur union fait le summum de l'attirance d'autrui ! Néanmoins, ils ne sont pas essentiels à l'autre.

Le désir est un brasier trop souvent confondu avec celui de l'amour. Il naît sans crier gare et parfois sans raison. Il s'éveille à des intensités différentes selon le moment, et il n'est pas féroce par définition.

Ici, c'est quelque chose de très doux. Ça ressemble à une bougie dans le noir dont la chaleur se répand sous la peau. C'est rassurant et... merveilleusement subtilement.

Noblesse et Loki se regardent yeux dans les yeux et tout s'efface pour ne laisser qu'un monochrome de pure splendeur. Quelle est cette nuance d'azur dans les prunelles du prince ? Quelle est cette lumière diaphane qu'elle n'avait jamais vu briller auparavant ? Le besoin de capturer l'essence de ces iris pour les peindre devient vital. Il faut qu'elle immortalise la magnificence de ce regard et s'y perde. Du bleu. Encore du bleu. Toujours du bleu.

Leurs souffles se coupent.

Comme si le corps du monarque se réveillait d'un long sommeil duquel il n'avait même pas conscience d'être plongé, il ressentit soudain un milliard de fois plus puissamment que d'ordinaire. La force de son ressenti le dépasse. Ses sens le trahissent. Il est comme foudroyé. En fait, il se fond en sa partenaire, épousant chacune des pensées qu'il peut lire à travers la profondeur de ses orbes océaniques...

Et il se noie. Il se noie avec douceur.

Pour être honnête, la somptuosité irrationnelle du moment les prend par surprise. Leur conscience est portée disparue, les jetant avec délicatesse dans un flot inattendu d'émotions. L'univers pouvait bien s'éteindre, aucun d'eux ne s'en serait soucié ! Et le plus déstabilisant, c'est qu'il leur était déjà arrivé d'être émus par un de leurs contacts, mais jamais à ce stade !

Les lycéens, frappés par cet exquis déluge, pensent être restés sous celui-ci quelques millions d'années. Éprouver de tels émotions est impossible plus brièvement, n'est-ce pas ?

Sublime erreur.

C'était la violence d'une seconde.

L'héroïne battit des cils une fois. Puis deux. Rien ne brisa le sortilège. Comme s'ils étaient dans l'incompréhension la plus totale, ils se fixaient en silence, écoutant leurs cœurs. Puis, un souffle s'échappa des lèvres de la brune :

— Loki...

Personne ne sut si elle lui demandait de se reprendre en mains ou si, à l'inverse, elle l'implorait de maintenir le charme.

— Je crois, murmura-t-il ensuite avec le même débit sonore, que ce n'était pas un placage réglementaire...

En entendant cette phrase totalement hors-propos, la dessinatrice éclata de rire. Loki pouvait vraiment la surprendre dans n'importe quelle situation ! Son euphorie étant contagieuse, le garçon l'imita bientôt, sensible à chaque spasme qui agitait sa compagne étendue dans la neige. Il ne put d'ailleurs pas s'empêcher d'admirer secrètement l'alliance presque divine entre les flocons et sa chevelure.

Grâce à ce bref échange, ils purent se relever sans embarras et passèrent même le cours de sport dans la bonne humeur. Certes, il faisait toujours aussi froid et maintenant ils étaient totalement imbibés d'eau, mais au lieu de pleurer sur leur sort, ils prirent les choses avec humour.