Chapitre 4 : Virage à 90°

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« Salut...euh, c'est moi. »

C'était Noël, et je venais de passer la journée dans les célébrations familiales autour d'un bon repas et d'un lot de cadeaux. Quand je remontai finalement dans ma chambre et retrouvai le calme d'un tête à tête avec mon téléphone, je m'aperçus que j'avais un appel en absence. Le nom affiché fit bondir mon coeur.

« Moi, Emery, je veux dire. T'as peut-être plus mon numéro...mais qui pourrait t'en vouloir, hein ? Il ne te servirai plus à rien de toute façon...Bref. Je voulais juste te souhaiter un joyeux Noël Gwen, et profiter de l'occasion pour m'excuser. »

Je restai bloquée plusieurs secondes avant de penser de nouveau normalement. Les gens laissaient-ils vraiment des messages comme ça ailleurs que dans les films ? Je réécoutais le message. Visiblement, oui, j'avais bien entendu. En revanche, je n'avais pas tout compris. Où voulait-il en venir ? Aucune suite à ce message ne semblait être prévue, mais il avait tout de même pris la peine d'appeler trois mois après notre mésaventure.


Dix jours plus tard, le veille de la rentrée, je me retrouvais sur la plage de La Push. Je ne sais pas si c'était d'avoir ressassé en boucle les paroles d'Emery depuis, ou si le beau temps inattendu m'avait rendu nostalgique de mes après-midi en compagnie de la bande de Quileutes, mais j'étais les pieds dans le sable froid. Je marchais sans but, laissant mon regard dériver avec mes réflexions, lorsque quelque chose attira celui-ci. Ou plutôt quelqu'un. Loin devant, au bord des falaises qui succédaient à la plage, un groupe de jeunes s'amusaient à plonger en hurlant. Même d'ici je pouvais me rendre compte de la hauteur de leur point de départ, et du fracas que causait leur entrée dans l'eau. Je continuais instinctivement de m'approcher, curieuse de savoir quel bande de tarés pouvaient bien avoir pour loisir de risquer à la fois la chute mortelle, la noyade et l'hypothermie. J'eus vite ma réponse en reconnaissant, non sans un choc, Emery. Il était déjà au milieu de l'eau lorsque j'avais aperçu le groupe, je ne l'avais alors pas reconnu. Mais à présent, il était en train de parcourir incroyablement rapidement la distance qui séparait leur point de chute du bout de plage que j'avais atteint.

« Mais t'es malade ?! M'emportai-je aussitôt qu'il fut sorti de l'eau. C'est hyper dangereux ! Cette falaise fait au moins dix mètres, et la mer est gelée et même pas calme, et quel genre de dingue t'as embarqué là-dedans ?!

- Tu peux parler de calme ! Ce sont mes...amis, ok ?

Me rendant compte alors que mes cris laissaient un peu trop voir à quel point je tenais à lui, je tentais de prendre un air défiant pour répondre.

- Je ne vois ni Quill, ni Jacob.

Il soupira.

- J'ai d'autres amis. Qu'est-ce que tu fais ici, Gwen ?

- J'ai encore le droit de venir me promener ici à ce que je sache. Il faut bien remplacer le dernier souvenir que j'ai de cette plage par de meilleurs, répondis-je sèchement.

Visiblement mal à l'aise, il tenta la carte de l'humour (du moins, ça avait intérêt à en être, vu le culot !).

- Hum, je me suis excusé pour ça.

Il ponctua de son timide sourire en coin. Malheureusement pour lui, je n'étais pas d'humeur à rire.

- Sur mon répondeur. Trois mois après les faits. Seulement parce que c'était Noël.

Je baissai les yeux vers le sable humide.

- Crois moi, Noël n'était qu'une bonne excuse. »

Je sentis ses doigts pincer doucement mon menton afin de relever mon regard jusqu'au sien. Qu'est-ce qu'il était grand ! Sa croissance était visiblement inarrêtable depuis l'été.

The space between a rock and a hard placeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant