Partie 2 - Le garçon.

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Guillaume était assis près du garçon qu'il avait ramené chez lui, ce dernier étant allongé sur le canapé dans la pièce principale qu'il avait fabriqué de bric et de broc. Il avança sa main de nouveau de son visage afin de lui passer un bout de tissu sur le front, puis sur sa tempe afin de nettoyer le sang qui, maintenant, avait arrêté de couler. Il l'observa attentivement alors qu'il le nettoyait en silence et il se surprit à le trouver mignon. Le garçon avait la peau blanche – plus blanche que lui en tout cas – et ses traits étaient fins et réguliers. Il avait l'air tellement vulnérable. Il était en train de se demander s'il devait essayer de le réveiller ou bien au contraire le laisser dormir jusqu'à ce qu'il revienne à lui de lui-même quand il entendit sa mère l'appeler de sa chambre. Il reposa alors sur la table à côté du lit le tissu avec lequel il était en train de nettoyer le sang du visage du garçon, ce dernier étant à présent propre, et se leva pour rejoindre sa mère. Il s'éloigna après un dernier regard pour le garçon endormi, se disant pour la énième fois depuis qu'il l'avait trouvé à quel point il paraissait fragile et innocent. Il entra dans le couloir avant de tourner aussitôt à l'angle de ce dernier pour entrer dans la chambre de sa mère. Celle-ci était allongée sur son lit, incapable de rester debout depuis le terrible accident qu'elle avait eu quelques années plus tôt en allant chercher à manger dans la forêt pour eux deux, son père s'étant cassé quand il n'avait que quatre ans.

« Oui, maman ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as mal ? »

Celle-ci lui fit signe d'un minuscule signe de la tête d'approcher et il s'exécuta, sachant très bien que cette dernière ne pouvait pas parler bien fort. Elle avait quasiment perdu sa voix à présent.

« Pourquoi... tu as fait autant de bruit ? lui demanda sa mère lorsqu'il se fut rapproché d'elle et il allait répondre quand elle reprit. Tu as été long.

— C'est parce que... j'ai trouvé un... un vaisseau... en panne dans la forêt, expliqua-t-il, hésitant à lui dire la totale vérité et sa mère, sans surprise, plissa les yeux. Enfin, trouvé... Je l'ai vu tomber du ciel et je l'ai suivi du regard dans sa chute pour réussir à le trouver.

— Un vaisseau ? Quel genre de vaisseau ?

— Tu sais... Un de ceux... qu'ils utilisent dans la Citadelle, dit-il d'un air un peu gêné et sa mère écarquilla les yeux à ça.

— La Citadelle ? Est-ce qu'il y avait des survivants ?

— Mm... Oui. J'ai trouvé un garçon. Je l'ai ramené ici. Il dort dans le salon.

— Quoi ? Guillaume, tu es fou ou quoi ? Pourquoi tu l'as ramené à la maison ? Ils doivent déjà le chercher à cette heure-là. S'il était dans ce vaisseau... ça veut dire que c'est un Haut Placé. Il ne nous apportera que des ennuis.

— Il était blessé alors... Je te promets, laisse-moi juste le soigner et dès qu'il ira mieux, je lui dirais de s'en aller. D'accord ? »

Il savait à quel point sa mère haïssait les gens qui vivaient dans La Citadelle. Ces gens étaient riches, possédaient toutes les avancées technologiques nécessaires pour se développer et survivre, et surtout... c'était là que son père s'en était allé. Apparemment, un jour, il avait reçu une proposition de travail là-bas et après de nombreuses disputes avec sa mère à ce sujet, il avait fini par accepter l'offre. Il était parti un beau matin, alors qu'il dormait encore, et n'était jamais revenu. Il ne savait même pas s'il était encore vivant, peut-être qu'en réalité il n'avait jamais réussi à atteindre les portes de la Citadelle. En tout cas, sa mère refusait depuis de lui parler de lui. C'était comme s'il n'avait jamais existé. Mais il savait lui que c'était faux. Son père, un jour, l'avait tenu dans ses bras. Il se rappelait de lui et surtout, du son de sa voix quand il lui lisait des livres, derniers vestiges qui leur restait à l'époque de la vie d'avant la Guerre Civile Mondiale. Il fut brusquement tiré de ses pensées en entendant un grand boum provenant de la pièce voisine. Le garçon. Il jeta alors un regard désolé à sa mère, celle-ci lui jetant quant à elle un regard désapprobateur, avant de tourner les talons pour vite aller voir ce qu'il se passait dans le salon. Si on pouvait appeler ça un salon. Quand il entra dans ce dernier, il aperçut le garçon gisant au sol à plusieurs mètres du canapé et il paniqua aussitôt, se précipitant sur lui. En l'entendant, ce dernier se redressa brusquement et il le vit se tourner vers lui d'un air paniqué juste au moment où il se laissait tomber à ses côtés sur le sol. Il plongea aussitôt dans ses grands yeux marron foncé – presque noir tant ils semblaient profonds – et il vit dans ces derniers à quel point il semblait effrayé de lui.

« Tout... Tout va bien... Tu as eu un accident... Avec le vaisseau, tu t'en souviens...? demanda-t-il au garçon alors qu'il portait ses mains devant son torse afin d'indiquer au garçon qu'il n'avait rien à craindre de lui. Tu es tombé dans la forêt. C'est là que je t'ai trouvé. »

Le garçon paraissait encore effrayé de lui malgré ses explications afin de le rassurer mais il le vit toute fois se détendre imperceptiblement. Celui-ci le fixa longtemps sans rien dire avant qu'il ne le voie baisser les yeux et regarder ses vêtements d'un air hésitant, ce qui le gêna.

« La... forêt...? Est-ce que nous sommes... dans les Terres Désolées ? »

Le garçon paraissait inquiet et son cœur s'emballa dans sa poitrine à l'entente de sa voix. Celle-ci était faible, presque un murmure, mais il avait quand même pu entendre la douceur dans cette dernière. Le garçon semblait encore affaibli par l'accident qu'il venait d'avoir – rien de plus normal par ailleurs – et il se releva alors avant de se pencher pour l'aider à se relever de même. Il attrapa le garçon par le bras, peut-être un peu trop brusquement s'il devait en juger par la grimace de douleur que fit le garçon au contact, avant de comprendre que c'était en réalité sa jambe qui lui faisait mal en le voyant chanceler une fois debout. Il resserra son emprise sur son bras afin d'éviter qu'il ne tombe et le garçon posa ses mains sur son torse pour se retenir à quelque chose de même. Il sentit son cœur s'emballer à ça et le garçon dut le sentir sous ses doigts car celui-ci releva la tête pour le regarder d'un air surpris. Alors, avant même qu'il n'ait eu le temps de trouver une excuse pour expliquer la raison de ses battements soudain erratiques, il vit une adorable couleur pourpre apparaître sur les joues du garçon et il se retrouva muet devant une telle vision. Il était... en train de rougir...? Vraiment ? À cause... de lui ? De leur... position ? C'était... tout bonnement adorable.

« Est-ce que... tu as mal ? À la jambe, c'est ça ? lui demanda-t-il sans le lâcher et le garçon le fixa un long moment en silence, ses yeux plongés dans les siens, avant de hocher doucement la tête. Attends, viens-là. Accroche-toi à moi, on va s'asseoir, dit-il d'une voix calme en passant un bras autour de la taille du garçon et il sentit ce dernier tressaillir au contact. N'aie pas peur. Je vais pas te faire de mal. »

Le garçon lui lança un regard hésitant et inquiet, l'observant longuement en silence de nouveau, puis il le vit hocher la tête doucement. Il l'entraîna alors avec lui en direction du canapé, le sentant traîner la jambe péniblement pour le suivre, cette dernière semblant le faire souffrir grandement. Il allait regarder ça, mais avant il fallait qu'ils aient une petite discussion tous les deux. 

Fiction OrelxGringe - Le garçon venu d'ailleurs. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant