Partie 4 - La panne.

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Il releva la tête après avoir appliqué le pansement sur la jambe d'Aurélien pour le regarder.  Celui-ci avait les yeux rivés sur ce dernier et il le vit froncer les sourcils légèrement, d'un air confus.

« Qu'est-ce... que c'est...?

— Une sorte d'algue. Mélangée à des graines de fleurs, ça donne ça, dit-il en regardant la texture translucide qu'il avait déposée sur la jambe de l'autre garçon. On a peut-être pas votre technologie, nous, mais on a les plantes et la nature.

— Les... plantes...? Je n'avais jamais vu... ça auparavant. Même dans les livres... que Julien m'a fait lire sur le dehors. Des livres... d'avant. Je ne savais pas... que c'était possible.

— Peut-être ne sont-ils pas au courant dans tes livres que la nature a repris ses droits après cette guerre et que la faune et la flore ont légèrement changé depuis, répondit-il en haussant les épaules et il vit Aurélien lui jeter un regard inquiet avant de hocher la tête.

— Oui... Peut-être que c'est différent. Je ne sais pas... »

Il observa Aurélien alors que celui-ci baissait la tête pour regarder de nouveau la texture visqueuse qu'il avait à présent sur la jambe, collée naturellement à celle-ci. Les plantes... avaient changé depuis la guerre. Elles avaient appris à se défendre, à attaquer, il fallait faire attention quand ils sortaient de chez eux. Sa mère l'avait prévenu dès son plus jeune âge, et lui il avait aussitôt décidé de les étudier. De faire des expériences. Peut-être qu'ainsi il pourrait améliorer leur vie, en revendant ses découvertes à la Citadelle. Ou à d'autres Bannis, n'importe.

« C'est toi qui l'a– » commença à lui demander Aurélien en relevant soudain la tête, brusquement coupé par un bruit de moteur qui s'arrête.

Il vit Aurélien lui jeter un regard effrayé quand la lumière du salon se mit à grésiller, puis celle-ci s'éteignit petit à petit, les plongeant finalement dans le noir total. Les plombs avaient sauté. Sa mère.

« Guillaume ! »

Il sursauta en entendant Aurélien crier son prénom alors qu'il était sur le point de se lever pour se ruer dans la chambre de sa mère et une seconde plus tard, il le sentit lui sauter dans les bras, lui volant le souffle un instant. Qu'est-ce que...

« Aurélien ? Pourquoi tu réagis comme ça ? Lâche-moi, il faut que j'aille voir ma mère, elle a besoin de-

— Non, non, non... Ne me laisse pas... Qu'est-ce qui se passe ?

— Comment ça qu'est-ce qui se passe ? Tu le vois bien ce qu'il se passe, c'est les plombs qui ont sauté. Lâche-moi. » dit-il de nouveau et il s'extirpa de l'étreinte d'Aurélien pour se diriger vers la table présente à quelques mètres à peine d'eux.

Il entendit le plus jeune – ça ne faisait aucun doute dans son esprit qu'il l'était – se mettre alors à sangloter et il fronça les sourcils dans le noir alors qu'il attrapait la boîte d'allumette sur la table. Pourquoi est-ce qu'il semblait aussi effrayé ? Il connaissait la lumière pourtant, non ? Ça venait de son monde, l'électricité. De la Citadelle. C'était eux qui la leur vendait à prix exorbitant d'ailleurs. Alors pourquoi il réagissait comme ça ? Il craqua une allumette et se tourna un instant vers le plus jeune, cherchant à le voir malgré la pénombre, avant d'abandonner en ne voyant rien. Il vint allumer un bougeoir et s'empara de ce dernier avant de se diriger vers le canapé. Quand il arriva devant ce dernier, Aurélien était en pleurs et celui-ci lui lança un regard terrifié à travers ses larmes.

« Pourquoi tu réagis comme ça ? lui demanda-t-il d'un air confus et Aurélien le regarda d'un air hésitant avant d'enfin répondre.

— Tout... était blanc, Guillaume. La lumière... Elle était là en permanence. Jamais éteinte. Je ne sais pas ce que c'est que le noir.

Fiction OrelxGringe - Le garçon venu d'ailleurs. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant