Une évidence

277 44 14
                                    

Je m'offre une vraie longue douche rafraichissante dans la petite salle de bain de ma chambre. Elle est sobre mais complète : un petit évier surmonté par un miroir, une douche à l'italienne plutôt spacieuse et un WC impeccable. Je me brosse les dents au moins 3 minutes, toujours un peu dégoûtée de mon après-midi. La clim qui vrombit doucement maintient la pièce à une température confortable et je me sens bien plus fraîche quand je m'enroule dans ma serviette.

J'envoie un texto à Lisa, lui expliquant mon vol catastrophique et elle ne tarde pas à me répondre en plaisantant.

On frappe à la porte.

- Mademoiselle, voici un thé pour vous rafraichir, me dit un employé de l'hôtel en me tendant un plateau, évitant clairement de croiser mon regard. Je dois également vous dire que vous êtes attendue en bas dans 45 minutes.

J'ai à peine le temps de le remercier que le voilà parti. Ma tenue n'était probablement pas adéquate et il va falloir que je prête attention à tout ça pour respecter la culture irakienne.

Une seconde fois cependant, le toc toc retentit à ma porte et cette fois, je veille à ne passer que la tête en entrebâillant le battant. Je suis étonnée de voir Ellie, un bras négligemment appuyé sur le chambranle, ce qui me permet de remarquer un tatouage sous son triceps saillant. On dirait une sorte de bûcher.

- Je viens voir si tu vas mieux..., annonce-t-il, suivant mon regard.

- Je... bah, oui, tu vois, la douche a été bénéfique.

J'ouvre la porte un peu plus, puisque c'est lui et que ma tenue est loin d'être indécente en soi. Je vois ses yeux se poser sur mes épaules et ma gorge encore humides. Ses iris noirs semblent changer de couleur et se teinter de doré. Ou j'hallucine. C'est plus probable. Je me sens rougir puis je me rappelle que je l'ai vu rejoindre la greluche tout à l'heure.

- Tu voulais quelque chose ? Tu n'es plus avec Géraldine ?

- Mmm ? Géraldine ?

Il fixe une goutte qui glisse le long de mon épaule puis secoue la tête comme pour reprendre ses esprits et continue.

- Ah oui, Géraldine ! Non, non, bien entendu que non. Je devais la voir pour vérifier l'organisation mais c'est chose faite. Si tu vas bien, alors je vais aller prendre une douche. Froide de préférence...

Il rit à sa propre blague et je rougis violemment.

- Eh bien... Bonne douche alors.

- Je viendrai te chercher après, nous descendrons ensemble.

- Ok...

Et je ferme la porte.

L'attention manifestement particulière qu'il me porte me perturbe. Sa présence a définitivement un effet étrange sur moi : un coup, il est apaisant, un coup il m'électrise totalement. C'est assez nouveau pour moi et je repense un instant à mes relations passées qui n'ont jamais provoqué en moi ce genre d'émoi.

Sans être une grande experte, je ne suis pas novice en matière de relations amoureuses, je suis sortie avec des garçons depuis le collège, certaines de ces histoires ont été plus loin, j'ai même vécu avec Nathan, un étudiant de mon cycle, de mes 21 ans à mes 23 ans. Mais toujours, je constatais que les histoires d'amour n'ont aucunement l'impact dramatique et bouleversant des romans et des films. Si je devais qualifier mes amours, je dirais qu'elles étaient « sympathiques ». Il y a mieux pour faire trembler un corps...

Mais Ellie... Ellie c'est autre chose. C'est le genre d'homme à vous faire sortir le cœur de la poitrine. Et ça, c'est plutôt dangereux. Il est du bois dont on fait les tragédies grecques, ce mec, ou les romans Harlequin, si vous préférez !

Les cendres de NînlìnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant