— Tu veux boire quelque chose ?Assise en bout de table, Giana se contenta de secouer fébrilement la tête en guise de réponse. Dans un bref soupir, Le Soldat reposa la carafe d'eau sur la table et vint se poster près d'elle. Une main sur le dos de sa chaise et l'autre posée à plat sur la table, il se pencha sur elle, aussi dominant que possible.
— Je vais te poser des questions. T'as intérêt à me répondre Gia ! D'accord ?
Deuxième hochement de tête de la part de Giana qui commençait à ne plus supporter leur proximité. Nerveuse, elle tira sur les manches de son sweat en espérant tout au fond d'elle qu'il ne pose plus ses mains sur son corps. Tout ce qu'elle ressentait pour lui, ça la tuait. Ces sensations oubliées qu'elle sentait à nouveau la happer dans ce tourbillon d'émotions avec pour seul protagoniste de son amour réprimé, la bête penché au-dessus d'elle, l'effrayait désormais. Giana ne savait plus où lui, il en était concernant ses sentiments. Elle avait l'impression d'être la seule à en être restée prisonnière.
Le Soldat retint de justesse un juron et expira fortement par le nez. Jusqu'à aujourd'hui, il ignorait que la voir aussi peu désireuse de retrouver ses bras et ses baisers, lui ferait autant de mal. Son cœur ne le supportait pas. C'était atrocement violent.
Il s'efforça à garder un ton calme pour ne pas rendre les choses plus difficiles qu'elle ne l'était déjà. Il mit de côté le tsunami qu'elle soulevait en lui et se concentra sur le plus important.
— Où est mon fils ? Notre fils Giana.
— Je l'ai laissé au motel où nous séjournons. Il est avec une baby-sitter ! répondit-elle monotone.
— Bien. Téléphone et dis lui de le ramener. ordonna-t-il en lui mettant son téléphone portable sous le nez.
Le souffle court, Giana jeta un regard en biais au portable, puis croisa les bras sur sa poitrine, sans aucune intention de faire ce qu'il lui ordonnait. Le Soldat serra les poings, furieux.
— Giana, me cherche pas. T'as pas envie de voir le mec que je suis devenu !
— Un mec complètement gaga de Dario ? J'ai vu pire ! rétorqua-t-elle amère.
Il n'en fallut pas plus au Soldat pour exploser.
Ivre de rage, il la saisit par la nuque et la força à le regarder droit dans les yeux.
— À quoi tu joues bordel ? À quoi tu joues Giana ?
— Je ne joues pas ! s'écria-t-elle pleine de désarroi.
Totalement submergée et dépassée par les événements, elle envoya valser son téléphone portable en le faisant glisser à l'autre bout de la table avant d'éclater encore en sanglot. Confronter le vert de ses yeux qui la dévorait avec férocité lui faisait le même effet. Elle avait envie de pleurer à chaque fois.
— Laisse moi m'en aller ! l'implora Giana dans un gémissement.
— Non.
— Soldat...
— Je vais prendre soin de toi. T'es pas obligé de faire ça !
— Je sais très bien prendre soin de moi toute seule ! Je n'ai pas besoin de toi !
Le Soldat ne résista pas à l'envie de la soulever de sa chaise et de la plaquer de tout son long sur la table. Comme un beau diable, Giana se débattit en pleurant sous son corps massif qui la retenait prisonnière. Les mains au dessus de la tête, elle se tortilla sous lui et parvint à se retrouver sur le ventre, les fesses pressées contre le bassin du seul homme dont elle n'avait pas envie de se sentir aussi proche.
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Gia et Le Soldat
RomanceÀ vingt-trois ans à peine, Giana Bertolini se retrouve veuve et enceinte de six mois de son défunt mari Dario, mort, au combat en Irak. Après deux mois de deuil et une dépression qui ont failli lui coûter la vie à elle et son bébé, elle décide de se...