Ciel Phantomhive ouvrit les yeux, se demandant où il était. Son corps lui faisait mal, il était allongé sur le dos et sentait un léger ballottement. C'est en s'asseyant, qu'il comprit où il se trouvait. Il ne savait pas exactement où, mais il savait au moins deux choses : la première, il était sur une barque ; la seconde, cette barque l'amenait à la mort. Face à lui, menant la barque, se tenait Sébastian, les yeux plongés sur lui avec ce regard impersonnel qu'il avait toujours.
- Jeune maître, vous êtes réveillé ?
- Où sommes-nous ? demanda Ciel, les yeux encore embrumés de sommeil. Non, finalement, ça n'a pas d'importance...
Dans l'eau tout autour d'eux, sa Lanterne Cinématique défilait. Ciel regarda ces images, empli de tristesse. Il ne pleurerait pas, mais en visionnant sa vie dans son ensemble, il réalisait tout ce qu'il laissait derrière lui, et tout ce qu'il n'avait pas accompli. Il voyait Lizzie, Finnian, Mey-Rin, Bard... qu'allaient-ils faire sans lui ? se demanda-t-il en souriant faiblement.
Et puis il voyait Sébastian.
Sébastian le sortant de cette secte de fous. Sébastian le réveillant le matin. Sébastian lui apprenant à danser. Sébastian agenouillé, son sourire énigmatique aux lèvres, clamant son éternel « Yes, my Lord ». Sébastian...
Voilà une des choses inaccomplies auxquelles il pensait. Sébastian avait été là, chaque instant de sa vie quotidienne, il l'avait habillé, éduqué, sauvé, et ne lui avait jamais menti. Pourtant, Ciel était incapable de lui avouer ses sentiments. Et maintenant que sa vie touchait à sa fin, il s'en sentait encore moins capable.
Que penserait-il de moi ? Le jeune garçon ne pouvait se résoudre à perdre le respect que lui vouait son majordome. De plus, même si on lui accordait volontiers qu'il était d'une maturité hors norme pour son âge, il ne savait rien des choses de l'amour. S'il avait de la tendresse pour Lizzie, il ne l'avait tout d'abord jamais exprimée, et ensuite cette tendresse n'était en rien comparable aux sensations que lui procurait la pensée de Sébastian. Imaginer la voix de son majordome, son sourire, son regard perçant, mes mains gantées, élégantes, ses doigts, si longs, son touché...
Pris d'une soudaine bouffée de chaleur, Ciel tenta tant bien que mal de se détourner de ses pensées et de se concentrer sur sa vie qui continuait de défiler inlassablement. Heureusement qu'on n'y voyait que ses actes et non pas ses pensées...
Ne réussissant pas à se calmer, il décrocha son regard de l'eau et le posa d'instinct sur ce qui occupait son esprit : Sébastian. Ses cheveux lisses et sombres qui encadraient sa figure exempte d'impuretés, son corps fin, élancé, droit en toutes circonstances, mais qui contenait une puissance et une souplesse inhumaine... Il était beau, tout simplement. Le charisme qu'il possédait, jumelée à sa grâce naturelle, avait charmée femmes, hommes, dieux de la mort, et bien sûr, Ciel.
Comment est-t-il sous ses vêtements ? Cette question, le jeune Comte se doutait bien ne pas avoir été le seul à se la poser. Depuis qu'il avait découvert son attraction pour le démon, elle lui tournait dans la tête, encore et encore, comme une comptine dont les paroles vous échappent mais que vous ne pouvez pas vous empêcher de fredonner. Alors, comme pour les paroles d'une vieille comptine, Ciel ne pouvait qu'imaginer le corps de Sébastian. A vrai dire, il passait tellement de temps à l'imaginer qu'il en avait rêvé. Une nuit, qui fut suivie de tant d'autres similaires, Sébastian était face à lui, torse nu, se penchant jusqu'à l'embrasser. C'était un baisé doux, au goût de sang. Cette nuit-là, Ciel s'était réveillé en sursaut, réalisant que son premier baisé lui avait été volé par son inconscient, et surtout, par Sébastian.
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Serendipity
FanfictionCiel est amoureux de Sebastian depuis trop longtemps, mais n'ose pas le lui dire alors même qu'il s'apprête à mourir. Sebastian en revanche, n'entend pas passer ses derniers moments avec Ciel dans son rôle de majordome serviable... *SPOILER FIN SAIS...