Oriol quitta la clinique alors que le soir s'étendait doucement sur la capitale.
Il se passa une main sur le visage, en proie à une immense lassitude. Il prit le chemin de son domicile mais, contrairement aux autres jours, il ne parvenait pas à se détendre et à laisser ce qui concernait son travail derrière lui.
Ils en étaient à trois cadavres dont la cause de la mort demeurait un mystère, même pour les médecins ou les magiciens. Le dernier macchabée en date avait été découvert l'après-midi même à deux rues du palais du Conseil par un garde en patrouille. Les trois assassinés, qui comptait bien évidemment la regrettée Peronne De Iyrté, appartenaient tous à l'aristocratie de Welkonn, ce qui ne facilitait en rien la situation.
En plus d'enquêter sur le coupable de ces crimes, Oriol devait également subir la famille des défunts qui, du haut de leur statu de nobles, se croyaient tout permis et réclamaient justice. Comme si ils pensaient que c'était aussi simple.
Le Capitaine soupira bruyamment.
Le pire était ce qu'il pressentait. Il avait acquis suffisamment d'expérience ces dernières années pour se douter que ces trois assassinats n'étaient que les premiers et qu'il y en aurait d'autres, rendant cette situation, déjà complexe, totalement inextricable.
Il soupira encore. Il regrettait grandement l'époque où il poursuivait Leïmy et Dévlin, qui avait été injustement soupçonné de traîtrise.
Il arriva devant la caserne où il devait passer pour donner ses directives aux soldats de garde cette nuit. Lorsqu'il entra, il découvrit une personne qui lui donna immédiatement envie de faire demi-tour mais il était trop tard. Vargram Simmbel l'avait vu et il vint vers lui, un air contrarié sur le visage.
Le comportement et l'entêtement du jeune noble n'arrangeaient en rien les actuels problèmes. Cela aurait fortement soulagé le capitaine de retrouver son cadavre dans les prochains jours. Oriol s'en voulut de penser une telle chose mais il atteignait ses limites.
Il préféra se taire et laissa Vargram parler, ce qu'il fit sans se faire prier :« Cela fait des heures que je vous attends et des jours que j'essaye d'avoir une entrevue avec vous !
- J'ai été plutôt occupé ces derniers temps.Répondit Oriol d'une voix fatiguée en prenant place derrière son bureau sur lequel s'éparpillaient une vingtaine de documents aussi diverses que variés. Il en prit un au hasard qu'il parcourut rapidement avant de passer à un suivant.
Vargram frappa du plat des deux mains sur la table de travail pour rappeler sa présence, qui n'était pas dénuée d'importance, au capitaine qui, lassé et agacé, ne releva même pas les yeux.
Le noble déclara :- Je suis venu m'enquérir des avancées sur l'affaire de mon cambriolage.
- Il n'y en pas. Répondit stoïquement Oriol, toujours sans regarder son interlocuteur.
- Quoi ? C'est inadmissible ! Comment osez-vous m'ignorer et vous moquer de moi de la sorte ?Oriol reposa enfin la feuille qu'il lisait pour vriller sur lui son regard empli de lassitude dans celui vert foncé de Vargram.
Son énervement commençait à poindre dans sa voix :- Nous avons des priorités autrement plus importantes à traiter. Nous sommes face à une série de meurtres qui ne semble pas près de s'arrêter donc, pour le moment, le vole à votre demeure, bien qu'affreusement tragique, est relégué au plan secondaire.
- C'est intolérable !
- Mais c'est comme ça.De rage, Vargram balaya tous les documents se trouvant sur le bureau d'Oriol, les projetant au sol, puis il sortit en claquant la porte.
L'un des soldats, sans grade, se précipita pour aider son capitaine à ramasser en lui conseillant :- Vous devriez rentrer chez vous. Il est tard et vous en avez suffisamment fait pour aujourd'hui. »
Oriol accepta sans rechigner. Il était effectivement épuisé et ses nerfs n'allaient certainement pas tarder à craquer. Une soirée tranquille ne pourrait que lui être que bénéfique.
Il termina de ranger son bureau en vitesse puis il prit la direction de son domicile dans les quartiers qui, sans être vraiment aisés, n'étaient pas totalement modestes.
Il progressa dans les rues de plus en plus sombres sans remarquer la silhouette qui le suivait depuis la caserne.
Il arriva devant une maison d'un étage recouverte d'un crépi beige et épais dans lequel des pierres jaunes étaient encastrées aux angles des murs. De petites fleurs poussaient dans des pots placés sur les rebords des fenêtres.
Oriol poussa la porte en commençant à déboutonner son uniforme bleu marine. Lorsqu'il entra, une appétissante odeur de viande rôtie ainsi que de légumes grillés assaillirent ses narines, l'aidant à se détendre un peu.
Il referma la porte sans douceur, comme il en avait l'habitude ce qui permit à une personne, qui se manifesta par une voix féminine, de deviner :
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Chroniques d'une Mercenaire - Tome 4 : Par-delà la Mer [Terminé]
FantasíaUn an après l'union des magies à Welkonn, Leïmy et Negg ont fuit la guilde des mercenaires, à présent dirigée par Gammon, au profit de celle des voleurs, aux côtés de Leïje, leur seul soutien en son sein. De son côté, Dévlin, qui a retrouvé sa place...