En ouvrant la porte, je sens mon cœur cogner contre ma poitrine. À quoi dois-je m'attendre ? Avec lui à tout, vous me direz.
Lorsque le battant s'ouvre la lumière du jour me brûle aussitôt les rétines. À force d'obscurité, on en oublie la lumière... Toutefois, après quelques secondes, je découvre une impressionnante limousine blanche se tenant devant le bar, sous les regards intrigués des passants et des clients. Un jeune homme blond attend devant la porte arrière, une pancarte nominative dans une main et un cocktail coloré dans l'autre. Un sourire fend immédiatement mes lèvres en voyant l'accoutrement de majordome que porte Ruben, qui soit dit en passant, lui va à la perfection.
– Mademoiselle Roy, je vous prie d'accepter ce cocktail de bienvenu fait par mes soins.
Sur ce, Ruben me tend la boisson divisée en un étage orange et un autre rouge avec une rondelle de citron entravant le sucre qui entoure le bord du verre. Mon sourire s'élargit, me faisant oublier tous mes soucis, et je m'approche pour prendre ce fameux cocktail de bienvenu. Aussitôt, le majordome — ou plutôt Ruben déguisé en majordome — m'ouvre la portière arrière. À l'intérieur, je vois des jambes habillées d'un jean gris se dessiner, ainsi qu'une main baguée reposant sur la cuisse de son propriétaire.
– Bienvenue à bord.
Amusée, je souris à Ruben, qui interprète son rôle à la perfection, et entre à l'intérieur de l'habitacle, mon cocktail à la main. L'intérieur est exactement comme dans les films, soit une banquette qui a l'air des plus confortable et un bar dont le contenu est hors de prix.
– Vous allez quelque part, mademoiselle ? me demanda l'homme mystérieux d'une voix suave.
Le coin de mes lèvres se relève et je dépose celles-ci sur le bord du verre afin de goûter à la saveur de ce cocktail. Puis je tourne la tête vers Alastor et entre dans son jeu :
– Je comptais me rendre à mon hôtel, mais il se peut que je change mes plans.
– Je vous propose de changer vos plans avec moi, j'en ai d'excellents à vous proposer. Vous ne pourrez que les adorer.
Sur ce, Alastor saisit délicatement ma main et y appose tendrement ses lèvres avant de m'offrir ce sourire dont lui seul à le secret.
– Allons-y, chauffeur.
Nous voilà partis je ne sais où avec un cocktail à la main. Je bois une nouvelle gorgée de ce que j'identifie comme un jus d'agrumes pressés tandis que mon partenaire de trajet m'observe avec une lueur faisant briller de malice ses yeux verts.
Après avoir vidé la moitié de mon verre sous le regard attentionné d'Alastor, je reprends quelque peu mon sérieux et me tourne vers lui.
– De quoi tu voulais me parler, dans le mot que tu m'as laissé ?
Alastor semble hésiter avant de me répondre, détournant son regard sur ses chevalières puis sur le paysage défilant, avant qu'il ne reporte finalement son attention sur moi pour me répondre :
– Il faut que tu disparaisses. Tes parents, ou même l'orphelinat, ne supporteront pas de te voir apparaître en coup de vent, ils ne comprendront pas pourquoi. Et... mon frère pourrait les utiliser pour te traquer. Qui sait ce qu'il leur ferait. Et même si ta sœur revenait ici... elle ne pourrait pas revenir comme ça, elle est morte. C'est un coup à finir dans la Zone 51 à te faire disséquer, si tu veux mon avis. Vous pourrez être ensemble, mais pas ici, pas dans cette ville.
La lucidité de ses arguments me comprime le cœur et me noue la gorge. Il a raison... Même si je revenais ici, il me faudrait toujours inventer une excuse pour mon absence et... lorsque j'aurais retrouvé Victoire, elle sera un cas inexpliqué. « Une jeune femme revenue d'entre les morts », je vois déjà les gros titres. J'ai l'impression de me retrouver dans une impasse, et seule. À cet instant, la main d'Alastor se pose sur mon genoux qu'il presse gentiment. Je relève la tête vers lui, quelque peu attristée par cette vérité. Néanmoins, il m'offre un sourire réconfortant tandis que son regard est empli de soutien moral pour ma pauvre petite âme malmenée.
– Mais ne parlons pas de ça maintenant, veux-tu ? Après tout, on est là pour notre Pacte. J'espère que tu n'as pas oublié notre marché ?
– Non non, répondis-je en appréhendant la suite.
– Parfait ! s'exclama-t-il, tout sourire. Alors je retrouve ta sœur et tu fais enrager mon frère. Pour ça, on va le faire un peu courir.
Alastor se cale contre son siège, un sourire rêveur sur le visage. Je le regarde étrangement, et pour cause...
– Tu fais vraiment flipper, qu'est-ce que t'as derrière la tête ?
Devant, j'entends Ruben pouffer. Son ami pouffe stupidement à son tour et j'ai l'impression de me retrouver entre une conversation cryptée. Je me renfrogne puis bois une grande lampée de mon cocktail, ce qui fait rire Alastor. Il tourne alors la tête vers moi, plongeant son regard malicieux dans le mien, et reprend de sa voix suave :
– Je vous l'ai dit, mademoiselle... Vous ne pourrez qu'adorer.
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De l'Autre Côté
Paranormal« Vous connaissez l'expression « être une grenouille de bénitier » ? Eh bien je peux vous assurer que tous les membres de ma famille sont des batraciens. Par là j'entends : croix en folie et messes à gogo. Ma famille est si religieuse que Satan lui...