Partie 14 - La menace.

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Comment tu sais tout ça, Aurél ?

Je n'en ai aucune idée, je ne me rappelle pas...

Il se perdit dans ses pensées en se rappelant pour la énième fois de la journée de ces deux phrases qu'ils s'étaient échangées avec Aurélien le matin-même. Quand il s'était réveillé, Aurélien avait déjà les yeux ouverts, toujours blotti contre lui et l'observant sagement sans faire un geste de peur de le réveiller, et il l'avait vu rougir adorablement en comprenant qu'il ne dormait plus. Il l'avait laissé se redresser sur le canapé avant d'en faire de même et il s'était levé pour aller préparer leurs deux petits-déjeuners, le cœur battant à toute allure dans la poitrine. Comme les jours qui avaient précédés, ils avaient mangé en silence, mais cette fois le silence était rempli de gêne et il s'était vite excusé pour aller s'occuper de sa mère, le laissant seul. Puis, en revenant dans le salon, il avait prétexté devoir aller chercher à manger dans la forêt et Aurélien n'avait rien dit, hochant simplement la tête. Il avait remarqué son air triste alors qu'il semblait comprendre qu'il préférait être seul mais ça avait été trop pour lui de rester plus longtemps en sa présence. Il avait l'impression qu'il allait exploser, tant il y avait de choses qu'il voulait lui dire. À commencer par ce qu'il pensait ressentir pour lui. Alors qu'il était sûrement... Comment c'était possible ? Il était perdu.

« Non... Lâchez-moi, s'il vous plaît... Arrêtez... Guillaume... »

Il écarquilla les yeux en reconnaissant la voix du plus jeune justement en se rapprochant de sa maison et il se mit à courir dans sa direction, pensant qu'il avait l'air en danger et qu'il n'aurait jamais dû le laisser seul. Il s'arrêta en voyant trois garçons l'entourer sur le porche de sa maison et il reconnut aussitôt les garçons d'Élias. Des enfants errants dont ce dernier s'occupait. Il vit l'un de ces garçons plaquer sa main sur la bouche du plus jeune pour l'empêcher de l'appeler à l'aide de nouveau, le plaquant contre un des murs extérieurs de la maison, et quand il vit un autre sortir un fer de sa poche, il s'élança vers eux en comprenant ce qu'il se passait :

« Non !! Aurél !! Lâchez-le, il ne lui appartient pas !! »

Il entendit Aurélien crier de douleur alors que deux des garçons se retournaient vers lui et une seconde plus tard, ces derniers se mirent à rire avant de s'enfuir, le troisième avec eux. Il ne chercha même pas à les suivre pour les rattraper, Aurélien tombant aussitôt au sol et il se rua plutôt dans sa direction pour lui venir en aide.

« Aurél, Aurél... Oh mon dieu, qu'est-ce qu'ils t'ont fait... »balbutia-t-il en le rejoignant au sol, bien qu'il savait parfaitement ce qu'il venait de se passer.

Le plus jeune se laissa faire quand il l'aida à se redresser et celui-ci lui sauta alors dans les bras, explosant en pleurs.

« Oh mon dieu, Aurél... Je suis tellement désolé, je n'aurais jamais dû te laisser seul ici...

— Ils ont dit que je lui appartenais à présent. À Élias, pleura Aurélien en se blottissant du plus fort possible contre lui. Que la Citadelle lui avait dit que j'étais recherché et qu'ils viendraient me chercher dans la journée chez lui. Ils ont dit qu'ils m'avaient retrouvé grâce au sang que j'avais donné à Élias, quand ils l'ont analysé dans leurs labos en le recevant. Ils m'ont reconnu.

— Recherché ? À cause de la personne qui t'a dénoncé, c'est bien ça ? demanda-t-il d'un air inquiet en forçant Aurélien à se réguler légèrement pour pouvoir le regarder.

— Oui... Je ne savais pas que mon sang était à destination de la Citadelle... Julien a volé ce vaisseau, il ne lui appartenait pas. C'est un crime de plus... Mais c'était la seule solution qu'il a trouvé pour qu'on se rende au District Z à temps, avant qu'ils ne nous rattrapent. Sauf qu'en chemin, ils nous ont tiré dessus et le vaisseau s'est mis à perdre de la vitesse. Et de l'altitude. Je me rappelle juste que Julien m'a dit de bien m'accrocher, et la seconde d'après, tout était noir. Ça sentait le brûlé, ça me piquait la gorge... raconta Aurélien en fronçant légèrement les sourcils, perdu dans ses souvenirs. J'ai essayé de voir Julien mais il avait disparu à mes côtés, alors j'ai tenté de m'extraire de l'appareil... Puis une fois dehors, je me suis évanoui. J'ai même pas réussi à m'éloigner du vaisseau, je suis tombé inconscient lorsque je me suis adossé à celui-ci et... la prochaine chose dont je me souviens, c'est de m'être réveillé chez toi. J'ai paniqué, je me suis levé et j'ai cherché à m'enfuir et c'est là où je suis tombé et où t'es rentré dans la pièce, inquiété par le bruit que je venais de faire en tombant. Ils sont à ma recherche, Guillaume, dit Aurélien d'un air paniqué et il le regarda, fortement inquiet. Je ne pensais pas... Au départ, je pensais retrouver Julien et repartir avec lui sans avoir à te causer de problème, tant que je restais caché. Puis tu m'as appris qu'il était mort et... j'ai cru qu'ils allaient arrêter leurs recherches et que je n'avais qu'à faire profil bas mais... Je vois que non... Il faut que je me rende, avant que ça ne te retombe dessus...

— Non. Non, je refuse, dit-il précipitamment en secouant la tête. Tu sais ce qu'ils te feront si tu retournes là-bas ? Tu sais le châtiment qu'ils réservent aux Jug dotés de raison, Aurél ?

— Je sais... C'est illégal et ils vont me tuer... Mais je ne peux pas... Je ne peux pas te mettre plus en danger. Toi comme ta mère. S'il te plaît, Guillaume. J'ai déjà cette marque de toute façon, maintenant... »

Il baissa la tête pour observer la marque en forme de croix qu'il avait sur le dos de la main gauche. La marque que lui avait fait de force le garçon d'Élias. Il l'avait marqué, comme un animal, et pour l'avoir déjà vu utiliser ce fer sur ses nouveaux Jug achetés à la Citadelle pour leur montrer qui était leur maître à présent, il savait à quel point cette marque faisait mal.

« Non, Aurél. Je refuse. Tu m'entends ? dit-il en venant prendre son visage dans ses mains et il remarqua alors que sa mèche blanche semblait plus épaisse. Je ne veux pas être ton nouveau maître, mais si je dois l'être pour te l'interdire je le ferais. Tu n'es pas n'importe qui. Tu as sauvé ma mère. Tu veux la sauver.

— Et je vais aussi être celui qui va la condamner si tu ne me laisses pas partir, sanglota Aurélien et il secoua la tête.

— Tu es beaucoup trop important, Aurél. Et pas seulement parce que... »

Il ne put finir sa phrase, ne sachant pas comment annoncer ça au plus jeune. Ce qu'il avait découvert sur lui, pas ses sentiments à son égard. Il était en pleurs alors ce n'était peut-être pas le meilleur moment.

« C'est trop tard pour nous, Aurél. Ils savent qu'on t'a aidé, que tu es là. Mais il n'est peut-être pas trop tard pour t'amener à ce district. Tu es important pour moi, ok ? Et pas seulement. Tu es important pour l'humanité. »

Aurélien secoua la tête d'un air désespéré quand il dit ça et il hocha la tête, souriant tristement :

« Si, Aurél...

— Mais pour moi aussi... Pour moi aussi, tu es important...

— Alors tout va bien, tu vois ? »

Le plus jeune sanglota de plus belle à ça et il sourit tristement de nouveau, n'aimant pas le voir pleurer ainsi. Ses yeux se posèrent de nouveau sur sa mèche blanche, lui semblant définitivement plus grande que la veille quand il l'avait remarquée au laboratoire et l'intriguant au plus haut point. Est-ce qu'il était en train de devenir fou ? Dans tous les cas, impossible qu'il abandonne Aurélien.

Fiction OrelxGringe - Le garçon venu d'ailleurs. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant