Partie 17 - Le scientifique.

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48h plus tard.

Ça avait marché. Il avait réussi à entrer dans le district, grâce à la carte qu'il avait trouvée chez lui à la place où le plus jeune avait dû se faire enlever. D'après Élias, ce n'était pas la milice de la Citadelle qui l'avait enlevé, car celle-ci lui avait fait payer cher le fait de ne pas l'avoir trouvé ce soir-là en débarquant chez lui. Et il avait trouvé cette carte près du pull abandonné d'Aurélien, alors ça ne faisait plus aucun doute dans son esprit alors qu'il marchait dans les couloirs du district : Aurélien avait été enlevé par ces gens-là. Les Hauts Placés des Hauts Placés. Le plus jeune avait dû se débattre pour que le pull qu'il portait sur son dos ne tombe au sol, et il repensa alors à ce qu'il lui avait dit sur ce lieu. C'était là que l'ingénieur qui l'avait réveillé, Julien, avait voulu l'emmener. C'était là qu'ils se rendaient, Julien ayant trouvé la solution tant recherchée. Mais lui aussi l'avait trouvée en étudiant le sang du plus jeune : Aurélien était peut-être un Jug, mais un Jug venant d'une autre époque. D'un autre temps. D'avant. Il avait connu la vie d'avant, même si de toute évidence il ne s'en souvenait plus. Et c'est ça qu'avait voulu dire l'ingénieur en disant qu'il l'avait réveillé. Aurélien n'avait pas été fabriqué, il existait déjà. Son corps avait emmagasiné une quantité folle d'air, de soleil, et de tout ce que les organismes des Hauts Placés manquaient. Ce n'était pas quelque chose qu'il avait en lui dont ils avaient besoin, c'était de lui. Il frôla de la main le pistolet d'Élias qu'il avait pris sans sa permission avant de partir alors qu'il entendait des bruits de voix sortir d'une pièce. De son autre main, il s'assura que la capuche de sa cape – celle qu'il avait prêté à Aurélien le jour où ils étaient parti chez Élias – lui cachait bien le visage, au cas-où il se faisait voir. Il s'approcha de la porte de la pièce et jeta un œil à l'intérieur, apercevant deux hommes en blouses blanches en train de discuter. Des scientifiques.

« Il risque d'exploser de nouveau. Si on en demande trop de lui. Comme la dernière fois.

— Et alors ? Serait-ce si horrible que ça ? On éradiquerait cette vermine des Terres Désolées et on pourrait enfin y vivre nous.

— Oui, si notre peuple s'en sort. Comment tu comptes faire ça ?

— On pourrait aller dans les tunnels, sous terre. Sûrement que ça nous protègerait.

— Je vois que tu as pensé à tout. Tu as élaboré ce plan sans nous en parler ? Avec l'ingénieur qui devait nous l'amener ? »

Il vit l'homme qui était de dos acquiescer et il fronça les sourcils, complètement perdu. Il ne comprenait rien à leur charabia. Est-ce qu'ils parlaient d'Aurélien ? Derrière l'homme qui était de face, il vit un écran et son cœur rata un battement en apercevant Aurélien à l'intérieur de ce dernier. Celui-ci semblait inconscient, allongé sur un lit et relié à un tube qui était lui relié à une machine, et il se mit à paniquer en voyant ça. Il fallait à tout prix qu'il le trouve. Au plus vite. Il s'éloigna alors des deux hommes qui continuaient leur discussion, l'un semblant perplexe et l'autre complètement sûr de lui. Il se remit à marcher, espérant trouver la salle où était enfermé le plus jeune au plus vite.

***

« Aurél ! »

Il s'élança vers lui quand il eut enfin trouvé la pièce dans laquelle il se trouvait. Étrangement, la porte n'était pas fermée à clés et en apercevant le plus jeune, il comprit pourquoi. Celui-ci avait les yeux mi-clos, perdu dans le vague au-devant de lui, et semblant plus que jamais sur le point de sombrer dans l'inconscience tandis qu'un tube reliait son bras à une machine. Alors il se positionna devant lui et prit son visage dans ses mains, essayant ainsi de le ramener au monde :

« Aurél... Aurél, qu'est-ce que ces malades t'ont fait...? Je suis là maintenant, je vais te sortir d'ici. »

Le plus jeune sembla sortir un peu de l'inconscience car il vit son regard se poser sur lui et Aurélien esquissa un mince sourire en le reconnaissant :

« Guillaume...? C'est toi ?

— Oui... Oui, c'est moi Aurél... Je vais te sortir de là, tu vas voir.

— Me sortir de là ? Mais... pourquoi...? lui demanda le plus jeune dans un murmure alors qu'il passait sa main dans sa frange.

— Pourquoi ? Mais parce qu'ils sont en train de t'utiliser. De te tuer, dit-il en posant son regard sur ses cheveux et remarquant seulement maintenant que sa mèche blanche avait encore gagné du terrain.

— Me tuer...? Non... Je ne crois pas... Et puis... même. Ce n'est pas grave, Guillaume. Si ça peut sauver les enfants. Tu sais, ils me l'ont dit. C'est mon sang qui pourra les sauver... Parce que j'ai connu...

— Tu as connu la vie d'avant, je sais. Je l'ai compris en étudiant ton sang, moi aussi.

— Tu vois... Je suis une anomalie de la nature, murmura Aurélien, semblant épuisé et luttant littéralement pour rester conscient. Je ne devrais même pas être vivant aujourd'hui. Ni même... être doté d'intelligence. C'est à cause de moi que tout ça est arrivé. Ces morts... Alors le moins que je puisse faire... c'est de donner ma vie pour la leur.

— De quoi tu parles ? dit-il d'un air soucieux en se rappelant des mots de l'homme de même.

— Tout est de ma faute. Si la nature est comme ça... Si la guerre a eu cette finalité tragique... Je ne me rappelais plus mais ils m'ont montré. C'est mieux comme ça.

— Non...! Non, Aurél...! Je te l'interdis ! s'écria-t-il en le voyant fermer les yeux. Tu n'as pas à mourir pour des gens qui n'en ont rien à faire de toi. Tu vaux bien plus qu'eux. Et tant pis pour les enfants ! Ils peuvent bien tous mourir, je m'en fous ! Ta vie est aussi importante que la leur ! Tu m'entends...? Aurél...? Aurél ! »

Le plus jeune semblait être tombé inconscient et il arracha le tuyau qui était relié à son bras de rage avant de le prendre dans ses bras pour le serrer fort contre lui. Il avait déjà tant perdu. Pas lui aussi. Il s'en foutait d'être égoïste, Aurélien ne méritait pas ça. Même s'il ne comprenait pas encore complètement ce qu'il se passait ici et pourquoi, il refusait le sort qui lui était promis. Il ne laisserait pas faire ça.

Fiction OrelxGringe - Le garçon venu d'ailleurs. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant