Chapitre 21 - L'Américain

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Italove - Emmanuelle

Je lui ai donné rendez-vous Piazza di Spagna, l'endroit où se trouvent le plus de touristes au centimètre carré. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance, c'est juste que le jeune homme en question semble être trop cliché pour être réel. Californien aux cheveux et au teint ensoleillés, fraîchement débarqué à Rome pour jouer dans l'équipe nationale de football américain (rien que ça), visiblement séduisant et en plus, cerise sur le gâteau, sympathique.

Lors de nos échanges, Monsieur me raconte qu'il a beaucoup voyagé après ses études de biologie, dans la prestigieuse université de Brown. Il semble avoir beaucoup d'amis autour du monde et d'après ses photos, il compterait plus de muscles que le commun des mortels. Conclusion : soit il est vraiment photogénique, soit c'est Dieu sur Terre, soit, dernière option, je m'apprête à être témoin d'une usurpation d'identité et cette personne n'existe pas.

C'est ce que je vais découvrir d'un instant à l'autre. Arrivée un peu en avance, je m'assois en bas des marches de la Trinità dei Monti. L'ambiance de la place est toujours agréable. Le mois de Mars à Rome apporte avec lui un charme particulier, où les rues exhalent une douceur printanière et où les fleurs multicolores se balancent avec grâce au gré de la brise. L'écho des pas des touristes résonne sur les pavés, tandis que les langues mélodieuses des visiteurs étrangers se mêlent à l'italien chantant. Ce sera bientôt à mon tour de prendre part à ce mélange exotique, avec mon anglais bancal.


De : l'Américain

Where are you ?


Mon cœur sursaute. Je me lève à la hâte, arrange mes cheveux et scrute parmi la foule l'arrivée d'un supposé Dieu grec. Il est bien là. Plus grand que n'importe qui, plus large d'épaule aussi. Est-ce que ce genre de mec existe dans la vraie vie ? Ou est-ce seulement dans ma vie romaine ? Non parce que là, on atteint et dépasse même le stade de la perfection.

Tel un acteur hollywoodien s'avançant sur le tapis rouge, il m'offre l'occasion de noter chaque détail de son anatomie : dents parfaitement alignées, barbe de trois jours qui va bien, cheveux mi-longs coiffés vers l'arrière et le pompon, des yeux bleus, transparents.

Arrête de sourire comme une idiote, Chiara !

Lorsqu'il est suffisamment proche de moi et qu'il me reconnaît, je tends la joue sans réfléchir. Il a un geste d'incompréhension et je percute trop tard :

Oh, sorry, je bredouille en reculant d'un pas, rouge jusqu'aux oreilles.

Ça commence bien. J'avais oublié que les Américains ne se font pas la bise... Je décide de poursuivre en anglais en haussant les épaules :

— Bienvenue en Europe !

Sortons les rames pour éviter le naufrage.

— Oui, désolé, je n'ai pas encore l'habitude, s'excuse-t-il en souriant. Je traîne souvent avec mes coéquipiers et on se check, c'est plus rapide quand on est nombreux.

Ok. Tout va bien. C'est une personne comme une autre, il suffit que je ne le regarde pas trop afin de ne pas me mettre à fondre, comme neige au soleil.

Il continue et change poliment de sujet :

— Tu connais bien Rome ?

— Oui plutôt !

— Alors, je te suis, tu es mon guide aujourd'hui !

Ne dis pas ça trop vite, la guide risque de t'embarquer dans des endroits obscurs !

Ça ira mieux à RomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant