19. Tourbillon d'émotion

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Noah se leva aussitôt pour venir me rejoindre dans le fauteuil et après m'avoir essuyé délicatement la joue, il prit mes mains dans les siennes.

- Bien sûr que je comprends ton désir de le revoir Emma ! À l'époque, ça a été très dur pour moi de ne pas revoir mes parents et mes deux frères.

Je le regardai, pleine d'espoir, en attendant qu'il me dise qu'il y avait une possibilité même infime pour que cela soit possible. Mais je finis par baisser les yeux devant son attitude sans équivoque.

- Mais, nous ne pouvons pas les rencontrer. C'est impossible ! Emma accepte-le! En plus de nous mettre en faute, tu ferais prendre des risques à ta famille ! Nous ne devons en aucun cas croiser notre double et nos proches ne doivent jamais nous voir ensemble ! Tu ne dois pas te rendre à Paris tant que quelqu'un peut te reconnaitre. D'ici plusieurs décennies, toutes les personnes qui t'auront connue auront disparu et là, si tu veux, tu pourras y retourner.

J'avais mal en entendant ça, terriblement mal. Cette idée me semblait même être intolérable, et au final tout ceci m'apparaissait très injuste. Je sentais l'irritation et la colère monter en moi. Oui, subitement, je me sentais très en rogne contre cette situation et ce qui m'était arrivé ! Même si tout ceci m'avait permis de le rencontrer lui, cet homme pour lequel je ressentais une attirance et des sentiments plus forts que ce que je n'aurais jamais imaginé, cela m'avait aussi fait perdre ma famille, mon père ! Et en cet instant, ma frustration face à cet état de fait prenait le dessus. Je retirai brusquement mes mains des siennes et me levai du canapé, rouge de colère, les yeux noyés de larmes.

- C'est toi qui ne comprends pas ! Je n'ai rien demandé moi ! Je n'ai jamais voulu être une dissociée avec tout ce que cela implique ! Je me contrefous de retourner sur Paris! Ce n'est pas ça l'important ! L'important c'est de revoir mon père et je n'attendrai pas sa mort ou celle de mon double pour y aller !

J'avais parlé d'une seule traite, d'une voix forte tout en gesticulant malgré les larmes qui coulaient à présent en abondance. Noah s'était levé lui aussi, surpris par ma colère soudaine, sans doute parce que j'étais resté plutôt calme jusqu'ici. Il se tenait devant moi, me dépassant largement et m'attrape fermement les bras.

- Calme-toi! Je comprends ton énervement et ta frustration, nous sommes tous passés par là ! Mais je ne te laisserai pas te mettre en danger, c'est hors de question !

Cette idée le mettait à l'évidence dans tous ses états. Il me lâcha brusquement et fit quelques pas dans la pièce se passant nerveusement la main dans ses cheveux. Je ne pus m'empêcher de le trouver beau et de m'en vouloir pour mon comportement et ma colère retomba quelque peu. Mon intention n'était pas de le blesser. Voyant que je m'étais calmée, il se stoppa et me regarda à nouveau. Quelque chose dans son regard changea et une fraction de seconde plus tard il était près de moi. Il posa ses mains de chaque côté de mon visage.

- Emma... Comment t'expliquer.... jamais je n'aurais cru possible ce que je ressens en cet instant pour toi. Tu ne comprends donc pas, tu es enfin là alors que cela fait des années... Comment peux-tu me demander de te laisser partir là-bas et accepter que tu te mettes en danger ?

Ne me laissant pas l'occasion de répondre il approcha son visage du mien et posa ses lèvres sur les miennes. Le reste de ma colère s'envola aussitôt à ce contact. Je n'essayai à aucun moment de le repousser comme si j'avais attendu cet instant depuis toujours. Ses lèvres étaient douces, mais sa bouche devint rapidement exigeante, sa langue prenant possession de la mienne, semblant vouloir me montrer par ce baiser le fait que je lui appartenais désormais. Avide de ce contact et des sensations vertigineuses qu'il provoquait chez moi, je me collai contre lui un peu plus. Jamais je n'avais été embrassée de la sorte et ressentis une telle connexion avec quelqu'un du sexe opposé. Je pouvais sentir les battements effrénés de mon cœur se mélanger aux siens ainsi que son désir pour moi. À bout de souffle, Noah finit par quitter mes lèvres à regret et enfouit son visage dans mon cou, humant l'odeur de mes cheveux au passage puis murmurant à mon oreille :

- J'ai rêvé de faire ça dès l'instant où je t'ai vue sur Paris, me dit-il la voix pleine d'émotion. Je sentais si fort ta présence... J'ai su que c'était toi dès que mon regard a croisé le tien au fond de cette ruelle... J'ai veillé sur toi jour et nuit tu sais, j'avais tellement peur qu'il t'arrive quelque chose...

Il me maintint contre lui comme si le simple fait de me lâcher pouvait me faire disparaître.

- Je voulais être près de toi, mais je ne pouvais pas, je devais attendre. Maintenant que tu es là, j'ai encore de la peine à y croire. Je refuse que tu prennes de genres de risques.

Même si je n'avais pas passé des années à l'attendre comme lui l'avait fait, je ressentais pour lui exactement la même chose et me sentais bouleversée au plus profond de moi-même par sa déclaration. Incapable de parler tellement ma gorge était nouée par l'émotion cette fois-ci, je me serrai plus encore contre lui en espérant qu'il comprenne ce que cela signifiait.

Cette nuit-là, nous étions restés dans le salon, enlacés l'un contre l'autre, ne désirant pas que ce lien entre nous s'arrête.

Plus tard dans la nuit, plus calmement cette fois-ci, j'avais confié à nouveau à Noah mon besoin de faire mes adieux à mon père ainsi qu'à ma vie d'avant. Je savais que sans cela je ne pourrais pas vivre pleinement heureuse ma nouvelle existence avec lui. Il n'avait rien répondu cette fois-ci, se contentant de continuer à me caresser les cheveux.


Tout a changé ce jour là!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant