La collectionneuse d'ombres

Quelque part dans le monde, se trouve une princesse enfermée dans son château. Elle ne le sait pas encore, mais, bientôt, un beau prince viendra la réveiller.

C'est lors d'une exploration poussée des bois qui bordent la ville, que Khryss, notre prince, découvrit le château Corvos. Il n'avait presque plus rien d'un château, très loin des contes de fées. Ce n'était plus qu'un tas de ruines presque entièrement recouvert de ronces et d'autres plantes sauvages. Mais rien n'effrayait Khryss qui était toujours en soif d'aventure, alors, il franchit l'entrée macabre de cette ancienne demeure et se laissa guider par ses pas. Chacun d'eux étaient marqué d'un bruit sourd sur la pierre. Il entendait le bruit des oiseaux qui avaient construit leur nid ici. L'atmosphère humide et froide de la forêt le faisait trembler et quelques fois, de la buée blanche sortait par son nez. L'intérieur du château était mieux conservé que l'extérieur. Les murs étaient presque tous présents mais le reste semblait calciné, tout était noir ou tas de cendre. Le cri d'un loup au loin le fit sursauter et il marqua une pause quelques instants. Plus aucun bruit ne se fit entendre, tout était calme. Trop calme pour une forêt à la faune particulièrement riche. Son rythme cardiaque s'accéléra, il se mit à transpirer et à respirer plus fort. A ce moment, à cet endroit, il se dit que le silence était son pire cauchemar. Il devait se mettre en sécurité. Alors il gravit les vieux escaliers de marbre jusqu'en haut de la plus haute tour. S'il y avait bien un animal sauvage en traque en bas, il ne pourrait pas monter jusqu'ici.

La salle était petite. On pouvait encore y voir les reste d'une cheminée. L'incendie a sûrement du être déclenché ici. C'est en avançant un peu qu'il fit sa découverte. Quelqu'un était là.

Assise sur le rebord de l'ancienne fenêtre, elle peignait ses interminables cheveux noirs de jais. Sa silhouette était presque fantomatique. Elle était si maigre qu'elle flottait dans sa robe et ses os marquaient sa peau quasiment translucide. Elle avait les lèvres colorées de rouge sombre: le seul élément de couleur présent chez elle et dans le reste du château. Elle était si belle, si fascinante. Khryss resta là quelques instants à la contempler, comme hypnotisé. Comme le reste du château, elle semblait figée hors du temps. Il toussota alors pour attirer son attention. Elle se tourna vers lui dans une extrême lenteur mais ne posa pas les yeux sur lui, ce qui rendit Khryss confus.

« Qui vous a permis d'entrer ? » demanda-t-elle dans un murmure.

Fallait-il une autorisation pour explorer des ruines ? Khryss était persuadé que non.

« Euh, personne. Enfin si, moi-même. Quelqu'un vous en a donné une, à vous ? »

« Moi-même, répondit-elle. C'est mon château, j'ai donc tous les droits ici. »

Elle plongea enfin le regard dans celui de Krhyss. Ses yeux étaient aussi pâles que sa peau et particulièrement envoutants, il ne pouvait s'en détacher. Il était certain de l'avoir entendu parler, mais ses lèvres n'avaient pas bougé. Il senti une forte pression à l'intérieur de son crâne et puis plus rien. Quand il reprit connaissance, il était chez lui, allongé sur son lit. Il n'y avait aucune explication rationnelle à cela, sauf si tout ne fût qu'un rêve. Mais  c'était bien trop réel pour que ça ne soit qu'un simple rêve. Alors, Krhyss décida de retourner au château, pour avoir la certitude de la réalité.

Les ruines étaient toujours là, au même endroit, rien n'avait changé. Khryss et son ami, qu'il avait pris avec lui pour avoir un témoin des faits, entrèrent dans le château. Cette fois-ci, il ne marqua aucun arrêt pour admirer les lieux, mais grimpa immédiatement au sommet de la plus haute tour. La jeune femme était toujours assise sur le rebord de la fenêtre à se peigner les cheveux.

« Tu vois, j'avais raison, c'était bien réel. » dis Krhyss à son ami, qui n'eut pas le temps de répondre puisque la femme pris la parole.

« Je croyais que le message avait été clair. J'ai tous les droits ici. Je ne voulais pas que tu restes ici et je t'ai renvoyé chez toi. Pourquoi reviens-tu, pauvre sot ? »