22- Loup

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Au loin, la faible sonnerie d'une alarme retentit

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Au loin, la faible sonnerie d'une alarme retentit. Tels les grésillements stridulants d'un grillon, elle m'est pénible sans vraiment réussir à me sortir de mes songes. Je sens de l'agitation autour de moi mais mon état léthargique prend le dessus et me replonge dans un sommeil profond. J'ai plus de l'animal que de l'homme ce matin et mon instinct ne se met pas en alerte malgré les bruits étouffés et les jurons que je perçois de l'autre côté du mur. Des pas précipités, une porte qui claque et le silence redevient maître de mon espace.

Un rayon de lumière vive vient se perdre sur mes paupières closes. Cette luminosité semi-aveuglante m'arrache à la nuit sans pour autant réussir à me réveiller totalement. Instinctivement, je tends mon bras sur le matelas à la recherche d'une éventuelle présence. Mais des draps froids m'accueillent. Seules des effluves de cerise me chatouillent les narines et égayent mes sens, laissant planer dans mon esprit le doux souvenir de plaisirs charnels. Aussi furtif qu'intense, il disparaît avant même que je ne puisse me délecter de ses sensations. Je finis par ouvrir les yeux. Ébloui par ce soleil agressif qui s'infiltre au travers d'épais rideaux noirs, une sensation de manque gonfle en moi. Je déteste cet astre prétentieux, tape à l'œil et omniprésent. Je préfère la discrétion et l'anonymat que me procurent la nuit froide et son astre pâle. La lune. Ma lune.

A cette pensée, je me redresse brusquement espérant apercevoir quelque-chose. Quelqu'un. Mais rien ne se révèle à moi. La tête en vrac — à l'instar de l'animal dont je porte le nom, je ne suis pas opérationnel avant onze heures, au plus tôt —, je n'arrive pas à émerger. Mon regard hagard se pose ça et là dans cette pièce mais je suis incapable de savoir où j'ai dormi.

— Putain... Fais chier...

Ça chlingue la lavande ici, j'ai l'impression de me trouver dans un putain de conte de fées de mes deux. Je me retourne et ce qui s'étend devant moi m'est vaguement familier. Mais ça ne ressemble pas au buffet de chez Coline.

— Mais où suis-je, bordel ?

Je me lève pour aller découvrir les environs. Je devrais bien finir par tomber sur un indice...

Quand j'ouvre la porte et que je me retrouve sur le seuil, mes sens se font attaquer de toute part. La vue de cet énorme sac poubelle, cette odeur mielleuse et épicée de sexe, le bruit des déchets qui jonchent le sol sur lesquels je marche, la moiteur de mes mains caressant sa peau exquise. Tout se rappelle à moi par vagues successives, toujours plus intenses les unes que les autres. Ce taudis dans lequel je vis, deux émeraudes étincelantes de rage, le vent fouettant mon visage à moto, les baisers enflammés, une putain de partie de baise, des rires, un corps chaud au creux du mien portant mon odeur et au milieu de tout ça, Sybille. Ma si belle, ma sauvage. Mais où es-tu ?

Je risque de me noyer dans ce tsunami de souvenirs. Mon cœur palpite, ma respiration se veut erratique et un nœud d'angoisse gonfle en moi m'empêchant de reprendre mon souffle.

Black MoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant